La kétamine a déjà montré des effets sur des cas de dépression résistante. Dans le reste de l'actualité scientifique, une enquête nationale sur la dépression post-partum, la découverte d'une paire d'étoiles binaire à l'orbite très courte et des avis sur Amazon annonciateurs d'une reprise épidémique.
Environ un tiers des personnes souffrant de dépression ne répondent pas aux antidépresseurs les plus courants. La kétamine a déjà montré des effets positifs sur ces dépressions résistantes. Seulement, ses mécanismes d’action sont encore méconnus. Les chercheurs se sont alors intéressés à un symptôme particulier de la maladie, à savoir l’estimation de survenue d'événements négatifs dans leur vie.
C’est un symptôme courant de la dépression. Et lorsqu’un sujet en souffre, même si on lui expose le risque réel d’une situation, il ne met pas à jour son estimation. Prenons un exemple concret : admettons qu’un patient dépressif pense que le risque d’avoir un accident d’avion est de 20 %. On lui dit que ce risque est de 2 %. Malgré cela, il ne revoit pas ce pourcentage à la baisse. Il reste pessimiste. En revanche un sujet non dépressif baissera ce pourcentage et mettra à jour ses informations.
Résultat de cette étude, entre avant et après le traitement, en quatre heures, les 26 patients sous kétamine ont significativement moins tendance à avoir cette vision négative. En clair, ils deviennent plus optimistes.
Il s'agit d'un très petit groupe de patients donc les résultats doivent être répliqués. Quelle est la portée et la suite de cette étude ? Philippe Fossati est professeur à Sorbonne Université, chef du service de psychiatrie adulte à l'Hôpital de la Pitié-Salpetrière et coauteur de l’étude.
LES MATINS DE CULTURE - 852 JDS /02 ITW Philippe FOSSATI okok
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Dépression : une maladie encore taboue ?
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Une enquête : plus de 16 % des femmes sont touchées par la dépression post-partum
Il s'agit d'une enquête menée par l’Inserm et Santé publique France. Menée tous les 5 ans, la particularité de cette sixième publication est d’une part d’avoir été menée en pleine pandémie de COVID-19 et, d'autre part, d’avoir ajouté un volet dédié au suivi des femmes après leur accouchement. Résultat, une femme sur six présente une dépression avérée dans cette période, et près de 30 % des femmes présentent au moins quelques-uns des symptômes liés au post-partum.
C’est la première fois que l’on dispose de ces données. Et la France est un peu en retard par rapport à nos voisins. Le Royaume Uni par exemple utilise cet indicateur depuis près de vingt ans. Pour tenter de pallier ce retard, la France a d’ailleurs instauré depuis le 1er juillet dernier un entretien postnatal obligatoire deux mois après l’accouchement, pour détecter les signes de la maladie.
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Post-partum, psychose transitoire et mélancolie
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La découverte d’une paire d’étoiles à orbite très courte
Il s’agit de l’orbite la plus courte jamais découverte. En observant la manière dont ces deux étoiles s’éclipsaient, les chercheurs ont déterminé qu’elles tournaient l’une autour de l’autre toutes les 51 minutes environ. Il faut savoir que ces paires d’étoiles - les étoiles binaires - sont très courantes dans l’univers. En effet, plus de la moitié de nos étoiles sont en couple.
Mais la particularité de celles-ci est qu'elles font partie d’une classe rare d’étoile, une « variable cataclysmique » : une paire formée d’une étoile comme la nôtre et d’une naine blanche c'est-à-dire un soleil qui a brûlé tout son hydrogène. Et comme elles sont très proches l’une de l’autre, la seconde aspire la matière de la première. Les chercheurs estiment alors que dans 70 millions d’années, les deux objets seront également encore plus près l’un de l’autre, avec une orbite ultracourte estimée à seulement dix-huit minutes, avant de commencer à se dilater et à s’éloigner l’une de l’autre.
Amazon : des avis annoncent une recrudescence de COVID-19 aux Etats-Unis
À chaque nouvelle vague de COVID-19, ce phénomène se répète aux Etats-Unis. Des dizaines et des dizaines de consommateurs se plaignent que les bougies Yankee Candle qu’ils achètent n’ont pas d’odeur ce qui s’explique par leur perte d’odorat, symptôme annonciateur d’un début d’infection. Des chercheurs se sont alors réellement posé la question : est-ce que les commentaires négatifs sur les bougies parfumées sur le site d’Amazon sont corrélés avec les pics épidémiques ?
Dans cette étude, qui a démarré comme une blague, les scientifiques ont analysé près de 10 000 avis à propos des quatre bougies parfumées les plus vendues entre septembre 2018 et décembre 2021. Résultats, oui, il y a bien une association entre les deux phénomènes.
Selon l’auteur principal, le suivi des avis sur les bougies parfumées pourrait permettre de repérer les cas de covid-19 et anticiper les nouvelles vagues. Un indicateur intéressant car les tests réguliers ont tendance à diminuer dans le monde. Néanmoins, ce moyen de détection ne fonctionnerait pas en France car il n'y a pas assez d’acheteurs et pas assez de commentaires liés à ces bougies pour en tirer des conclusions épidémiologiques.
Merci à Philippe Fossati pour ses précieuses explications
Pour aller plus loin
L’étude du sujet principal sur la dépression et la kétamine (JAMA, en anglais)
Kétamine et dépression : un mécanisme de l’effet antidépresseur dévoilé (Inserm)
Rapport de l'enquête nationale périnatale (Santé Publique France, Inserm)
La dépression post-partum touche plus de 16 % des femmes (Le Figaro)
L'étude sur le couple d'étoiles (Nature, en anglais)
Découverte d’une paire d’étoiles avec l’orbite la plus courte à ce jour (Science Post)
"Cette bougie n'a pas d'odeur" l'étude sur la corrélation entre commentaires sur Amazon et recrudescence de cas de COVID-19 (Proceedings of the Sixteenth International AAAI Conference on Web and Social Media, en anglais)
Les critiques d'Amazon disant que les bougies sont inodores peuvent signaler des cas de covid-19 (New Scientist, en anglais)
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