Après le meurtre de la jeune femme kurde Jîna Amînî en Iran, un soulèvement mené par des femmes a commencé. Ce soulèvement dure depuis des semaines maintenant. Selon plusieurs sources, plus de 200 personnes ont été tuées. En tant que coprésident du Conseil exécutif du KCK, vous avez fait une déclaration critiquant l'État iranien. Que voulez-vous dire à propos du soulèvement et de la réponse de l'État iranien ?
Cemil Bayik, coprésident du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK).

Nous publions un extrait d’un long entretien sur la situation en Iran du coprésident du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), Cemil Bayik, accordé à la chaine de télévision kurde Stêrk TV. 

Après le meurtre de la jeune femme kurde Jîna Amînî en Iran, un soulèvement mené par des femmes a commencé. Ce soulèvement dure depuis des semaines maintenant. Selon plusieurs sources, plus de 200 personnes ont été tuées. En tant que coprésident du Conseil exécutif du KCK, vous avez fait une déclaration critiquant l’État iranien. Que voulez-vous dire à propos du soulèvement et de la réponse de l’État iranien ?

Une femme kurde a été torturée à mort, ce qui a maintenant conduit à un soulèvement. Qui a tué  cette femme kurde ? L’État iranien. Le peuple n’était pas disposé à accepter ce que l’État iranien a fait. Il y avait déjà eu trop de pression et trop de problèmes dans le pays. Ainsi, lorsqu’une femme kurde a été tuée suite a des tortures subies, le peuple a commencé à se soulever. D’abord, les femmes se sont soulevées, mais au fur et à mesure que les jours passaient, dans de nombreuses provinces, les gens ont commencé à se soulever avec les femmes. Maintenant, cette révolte est devenue encore plus grande. Les exigences du peuple sont justes et démocratiques. L’État iranien devrait écouter les femmes et la société en général. Il doit établir un dialogue avec eux, discuter de leurs problèmes et de leurs demandes et trouver des solutions. Mais que fait réellement l’État iranien ? Au lieu d’écouter les demandes légitimes et démocratiques, de les aborder sérieusement afin de résoudre les problèmes, l’Etat iranien a recours à la violence. En d’autres termes, il veut anéantir ces demandes par la violence. Cela ne fait que conduire à plus de décès et à un approfondissement des problèmes existants. L’État iranien doit se rendre compte que les méthodes qu’il utilise n’aggravent que les problèmes existants au lieu de les résoudre. Cela représente même un danger pour l’État lui-même.

Son attitude actuelle ne résout pas les problèmes existants. Ils doivent être résolus par le dialogue. Au lieu d’agir en conséquence, ils disent : « les Etats-Unis et l’Israël mènent ces actions pour détruire l’Iran ». À quel point est-ce réaliste ? Certaines personnes en sont peut être convaincu, mais la société ne l’est pas. Ce ne sont pas eux qui ont assassinés Jina, c’est une institution de l’État iranien qui l’a fait. Cette femme kurde a été assassinée sous leur garde. S’ils disent que les puissances étrangères sont impliquées dans ces soulèvements, ce n’est pas vrai. C’est l’Iran lui-même qui préparé les bases de ce soulèvement. Les puissances étrangères ont-elles des plans en ce qui concerne l’Iran ? Bien sûr qu’ils en ont. Ils peuvent également vouloir bénéficier de ces développements. Mais l’État iranien fournit cette base et les autres forces l’utilisent, tout simplement.

Si vous ne voulez pas que les pays étrangers interfèrent dans vos affaires internes et créent des problèmes, alors vous devez résoudre vos problèmes internes. Alors les puissances étrangères ne seront pas en mesure de créer le chaos. Le problème ne réside donc pas en dehors de l’Iran, mais à l’intérieur du pays. C’est pourquoi cela doit être résolu en interne. Par conséquent, ces discours [des représentants de l’État iranien] n’ont pas beaucoup d’effet sur le peuple. Les femmes kurdes et iraniennes se battent pour la démocratie et la liberté. Ces femmes ont également été celles qui ont renversé le Shah [en 1979]. En d’autres termes, ceux qui se sont tenus contre le Shah avec les femmes se tiennent maintenant contre eux. Ils doivent reconnaître cette réalité. Une grande révolution démocratique a eu lieu [en 1979]. Si cela s’était poursuivi, l’Iran serait devenu un pays démocratique où tout le monde aurait pu s’exprimer. Cela serait devenu un exemple pour le Moyen-Orient. L’histoire iranienne fournit également le terrain pour cela. Mais ils n’ont pas considéré l’histoire et la révolution comme base. Au contraire, ils ont eu une pratique similaire du Shah. C’est pourquoi ils sont maintenant en conflit avec les femmes avec lesquelles ils ont renversé le Shah. Ce ne sont pas les pays étrangers qui en sont responsable, mais eux-même. La situation actuelle est la conséquence des politique de l’Etat iranien.

Les femmes revendiquent leur liberté. Cela signifie revendiquer la liberté du peuple. Notre leader Öcalan a également déclaré que le XXIe siècle sera le siècle de la révolution des femmes. Les événements récents le montrent clairement. Depuis le début du soulèvement des femmes en Iran, les femmes du monde entier sont également devenues actives. Tout le monde a reconnu le rôle important des femmes. L’État iranien tient les Kurdes responsables de ce soulèvement. C’est pourquoi ils attaquent les Kurdes et les organisations kurdes. Il y a eu des martyrs récemment. À cette occasion, je voudrais commémorer respectueusement les martyrs. Je voudrais également présenter mes condoléances au peuple kurde, aux partis et aux organisations kurdes. L’État turc et l’État iranien ne devraient pas commettre ces erreurs. Ils ne devraient pas recourir à la violence contre le peuple kurde. Au lieu de cela, ils devraient résoudre la question kurde par le dialogue. La violence ne résoudra pas la question kurde, mais ne fera que l’approfondir. Plus la question kurde s’enfonce en Iran, plus les problèmes en Iran seront importants. Ils doivent se concentrer sur la résolution des problèmes par le dialogue avant qu’ils ne deviennent encore plus profonds.

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