Un tiers des locaux universitaires sont en mauvais état, et un sur dix dangereux pour ceux qui y travaillent

Publicité

Un tiers des locaux universitaires sont en mauvais état, et un sur dix dangereux pour ceux qui y travaillent

Par
Un amphithéâtre d'une faculté de médecine parisienne en mars 2018
Un amphithéâtre d'une faculté de médecine parisienne en mars 2018
© Maxppp - Luc Nobout/IP3 PRESS

La Cour des comptes alerte sur l'état peu ou pas satisfaisant d'un tiers des locaux des universités, qui "ne répondent que rarement aux besoins de sobriété énergétique". Pire, 9 % des bâtiments ont un avis défavorable des commissions de sécurité.

Beaucoup d'étudiants le vivent au quotidien : les locaux universitaires sont souvent dans un état dégradé, voire invivables pour certains. Ils seront donc les derniers surpris de voir leur impression confirmée officiellement par un rapport de la Cour des comptes publié le 11 octobre, qui s'alarme de l'état de certains sites en particulier, et du fait que l'État, propriétaire de 82 % de ces biens immobiliers, n'a pas augmenté le montant qui lui est consacré depuis plus de dix ans.

Le rapport évoque des situations très disparates selon les universités. Par exemple, celle de Nouvelle-Calédonie, flambant neuve, ne présente aucun bâtiment vétuste. Les universités de Bourgogne-Franche-Comté ou de Lorraine (l'un des plus grands parcs immobiliers) n'en comptent respectivement que 4 et 9 %.

Publicité

Huit bâtiments sur dix sont vétustes à Paris XIII

Mais à l'inverse, 80 % des bâtiments de Paris XIII (Université Sorbonne Paris Nord) ont été déclarés vétustes, 70 % pour Paris-Saclay, 66 % pour Lyon II Lumière. La majeure partie des universités françaises comptent entre 20 et 30 % de patrimoine immobilier en mauvais état. Et 9 % des établissements recevant du public "sont concernés par un avis défavorable de la commission de sécurité locale" : un avis qui peut conduire à des travaux de mise en conformité d'urgence, voire des fermetures, et même, s'inquiète le rapport, "des suites pénales à l'occasion de sinistres affectant usagers ou agents".

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Le rapport de la Cour des comptes pointe le fait que "de nombreux bâtiments datent des années 60 et arrivent en fin de cycle de vie". En toute logique, "la performance énergétique d'ensemble est médiocre" elle aussi, dans une période où l'on met en avant la sobriété en la matière : près de 40 % des bâtiments ont une consommation énergétique excessive (niveau D sur une échelle de A à G).

Le parc immobilier des universités compte un grand nombre de bâtiments anciens, "en général dans un état satisfaisant, mais qui nécessitent des adaptations fonctionnelles souvent onéreuses". Or les moyens manquent : le rapport dénonce le fait que "le montant consacré à l'immobilier dans la SCSP [subvention pour charges de service public, qui couvre notamment les dépenses d'entretien des locaux, NDLR], déjà insuffisant, n'a globalement pas évolué depuis plus de dix ans". Il stagne à 140 millions d'euros par an.

Un montant dérisoire, puisque le ministère chargé de l'enseignement supérieur estime que les réhabilitations du patrimoine universitaire pourraient coûter jusqu'à 7 milliards d'euros (dont 75 % de travaux en lien avec la transition énergétique et environnementale), voire 15 milliards, selon France Université (l'association qui rassemble les dirigeants exécutifs de l'enseignement supérieur).

En parallèle, les besoins en place sont de plus en plus grands pour les universités françaises : on comptait en 2020-2021 plus de 1,65 million d'étudiants dans les universités, un chiffre en constante augmentation (ils étaient 1,421 million en 2010, 1,397 million en 2000, 1,16 million en 1990).

Une grande autonomie recommandée par la Cour des comptes

Dans ses recommandations, le rapport souligne "la contradiction entre l'autonomie des universités et le fait que la propriété des biens ne leur est pas dévolue". Il demande une généralisation de la "dévolution" de ce patrimoine (autrement dit, que les universités en soient pleinement propriétaires et responsables), mais considère que le principal frein est "l'absence de mise à niveau du parc avant transfert de propriété" : "l'État propriétaire limite son effort avant transfert aux seuls travaux de sécurité, dont la réalisation n’est d’ailleurs pas immédiate", sans réaliser d'autres travaux pourtant légalement obligatoires (notamment sur l'accessibilité aux personnes handicapées ou l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments).

La Cour des comptes propose également le développement de filiales immobilières des universités, chargées de gérer son parc immobilier en le louant ou en le cédant pour assurer de nouvelles sources de revenus,  "assurant une transparence des financements et une responsabilisation des acteurs".

pixel