Découverte d’un tableau inédit de Fernand Léger caché depuis plus d’un siècle au dos d’une peinture

Découverte d’un tableau inédit de Fernand Léger caché depuis plus d’un siècle au dos d’une peinture
Fumées sur les toits de Fernand Léger sera présenté pour la première fois au public pendant l'exposition « Fernand Léger et les toits de Paris » au musée Kröller-Müller d'Otterlo. ©Triton Collection Foundation

La Triton Collection Foundation a annoncé la découverte d'une peinture majeure de Fernand Léger. L'œuvre, réalisée au dos d'une autre toile et cachée pendant plus d'un siècle, sera au cœur de la prochaine exposition du musée Kröller-Müller (Pays-Bas).

Un chef-d’œuvre peut en cacher un autre. Le 6 octobre dernier, la Triton Collection Foundation, collection privée néerlandaise spécialisée dans les œuvres avant-gardistes des XIXe et XXe siècles, a partagé une superbe découverte suite à une longue restauration du tableau Le 14 juillet (1912-1913) de Fernand Léger (1881-1955), lancée en 2016. Au dos de la toile, les restaurateurs ont mis au jour une peinture inédite de l’artiste : Fumées sur les toits (1911-1912). Créé par Fernand Léger à un tournant majeur dans sa carrière, le tableau caché pendant plus d’un siècle illustre parfaitement la recherche picturale du peintre moderne qui a donné naissance à ses œuvres cubistes.

Une œuvre que les spécialistes pensaient irrémédiablement endommagée

La fabuleuse histoire du tableau commence en 1912 ou 1913. Fernand Léger offre en guise de cadeau de mariage Le 14 juillet à son ami Marc Duchêne. Celui-ci décède quelques années plus tard, lors de la Grande Guerre. La toile reste alors pendant des années entre les mains des héritiers. En 1999, la Triton Collection Foundation achète aux descendants de Marc Duchêne la peinture, qui est prêtée et exposée dans des galeries d’art à plusieurs reprises.

La restauration par le Studio Redivivus du double tableau a commencé en 2016. ©Triton Collection Foundation

La restauration par le Studio Redivivus du double tableau a commencé en 2016. ©Triton Collection Foundation

Si les spécialistes connaissaient l’existence d’une seconde œuvre au dos de la toile, ceux-ci pensaient néanmoins qu’elle était perdue à jamais sous une couche de résine, qui l’avait endommagée et empêchait les experts de l’identifier. Les restaurateurs et spécialistes du Studio Redivivus (basé en périphérie de La Haye), dirigés par la conservatrice et collaboratrice du Rijksmuseum Gwendolyn Boevé-Jones, ont réussi à retirer minutieusement l’épaisse couche de résine dure appliquée sur l’œuvre pour révéler Fumées sur les toits.

La série des « Fumées sur les toits »

En s’appuyant sur des recherches, la directrice du studio de conservation et de restauration a pu attribuer l’œuvre à la série des « Fumées sur les toits » qui regroupe des vues de l’atelier du peintre sur les toits de Paris avec les panaches de fumées sortant des cheminées et au loin la cathédrale Notre-Dame de Paris. Selon l’historien de l’art néerlandais Sjraar van Heugten, il ne restait aujourd’hui plus que sept tableaux de cet ensemble. Ces toiles sont considérées comme un tournant dans la carrière du peintre qui rompt ces années-là avec l’approche de ses œuvres antérieures. Dans les « Fumées sur les toits », Fernand Léger se détourne du réalisme et de sa palette monochrome pour s’ouvrir à un style abstrait et plus coloré. Ce processus de recherche picturale, véritable quête artistique, est à l’origine des œuvres cubistes du peintre. Plus que d’autres de la série, cette peinture inédite souligne les avancées de Fernand Léger dans son utilisation de la couleur et de l’abstraction.

Fumées sur les toits témoigne des avancées de Fernand Léger dans son utilisation de la couleur et de l'abstraction. ©Triton Collection Foundation

Fumées sur les toits témoigne des avancées de Fernand Léger dans son utilisation de la couleur et de l’abstraction. ©Triton Collection Foundation

Bientôt exposé pour la première fois

Fumées sur les toits sera présenté pour la première fois au public pendant l’exposition « Fernand Léger et les toits de Paris », organisée du 19 novembre 2022 au 2 avril 2023 au musée Kröller-Müller d’Otterlo, qui conserve la plus grande collection d’art cubiste des Pays-Bas. L’événement mettra en lumière le tableau caché pendant plus d’un siècle et le restituera dans un contexte plus large des œuvres des deux groupes cubistes à Paris : celui autour de Pablo Picasso et Georges Braque et celui autour de Léger, avec Robert Delaunay, Jean Metzinger et Henri Le Fauconnier. La Triton Collection Foundation proposera également un dialogue entre Fumées sur les toits et une œuvre numérique réalisée par les artistes Harm van den Dorpel et Jan Robert Leegte.

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