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11°C dans les gares, éco-conduite... comment la SNCF veut réduire sa consommation d'énergie

L'opérateur ferroviaire a présenté son plan de sobriété qui doit lui permettre de baisser sa consommation d'énergie de 10% d'ici 2024.

Face à l'emballement des prix de l'énergie et notamment de l'électricité, le gouvernement a appelé à la mobilisation générale. Il invite notamment les industriels à réduire leur consommation de 10% afin d'éviter dans les prochains mois toute rupture.

La SNCF est en première ligne. Le groupe est en effet le premier consommateur industriel d'électricité en France avec plus de 9000 GWh par an dont 81% pour la traction des 15.000 trains exploités quotidiennement, 16% pour faire fonctionner les bâtiments (gares, bureaux, ateliers, etc.) et 3% pour la route (véhicules de service principalement).

L'opérateur vient ainsi de présenter son plan de sobriété. Il doit lui permettre de baisser sa consommation d'énergie de 10% d'ici 2024 dont 7% dès l'année prochaine.

9000 GWh par an dont 81% pour les trains

Dès à présent, la SNCF entend renforcer l’éco-conduite des trains.

Cette pratique permet déjà selon elle de réduire la consommation électrique de ses trains de 10%. L'éco-conduite, c'est quoi? "À l’aide d’un algorithme intégré à Sirius, la tablette des conducteurs, Opti-conduite tient compte de nombreux paramètres (vitesse, position du train, profil de la voie, etc.) pour calculer et indiquer en temps réel au conducteur la vitesse optimale à respecter à chaque instant, pour que le train arrive parfaitement à l'heure tout en consommant le moins d'énergie possible", explique la SNCF.  

Par ailleurs, la traction électrique peut être coupée quand le train peut continuer sur sa lancée (dans les pentes notamment). Par exemple, sur la ligne Paris-Lyon, un conducteur peut rouler 100 kilomètres sans consommer d’énergie en utilisant donc les pentes, explique la SNCF.

Même chose pour l'éco-stationnement qui consiste à arrêter les moteurs à quai. La consommation du moteur d'un train immobilisé représente un tiers de celle d'un train en mouvement.

"D’ici 2025, ces mesures permettront d’économiser 750 GWh, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 340.000 Français, ce qui correspond à la population de la ville de Nice", assure la SNCF.

Une partie seulement des étages de bureau ouverte le vendredi

Pour les véhicules de service électriques, la SNCF va recommander de les recharger en dehors des pointes de consommation électrique (de 8h à 13h et de 18h à 20h).

Au niveau des bâtiments, le groupe préconise des "éco-gestes qui permettront de diminuer la consommation d’énergie quotidienne. A titre d’exemple, la température dans les bâtiments sera fixée en hiver au maximum à 19°C (cette température sera abaissée à 16°C en période d’inoccupation de 48h et à 8°C au-delà de 48h) et en été au minimum à 26°C, chaque degré, chauffé ou refroidi, représentant une économie de 7% sur la part du chauffage et de la climatisation de la facture du bâtiment".

Par ailleurs, "le vendredi, dans les bâtiments de bureaux qui le permettent, une partie des étages sera uniquement ouverte aux salariés. Ainsi, ceux qui ne souhaitent pas télétravailler ce jour-là disposeront d’un bureau. Le chauffage dans les zones inoccupées pourra être ainsi diminué. Les ballons d’eau chaude des sanitaires, hormis les douches, ne seront plus chauffés. Par ailleurs, chacun devra veiller également à éteindre ou mettre en veille tout appareil électrique ou électronique dès que cela sera possible. Leur extinction sera programmée en fin de journée".

Gares: 11 à 16° pour le chauffage en hiver

Dans les gares, "le chauffage n’excèdera pas 11°C dans les halls en hiver, et 16°C dans les salles d’attente. D’autres actions seront également mises en place: les braseros et assises chauffantes seront éteints, l’éclairage sera plus régulé, les luminaires seront éteints dans les commerces lorsque la gare ne sera pas ouverte. Enfin, en journée, les exploitants de gare réaliseront des tournées afin de vérifier que les éclairages sont bien éteints lorsque la lumière naturelle est suffisante, dans les halls, les salles d’attente et les bureaux", peut-on lire.

En 2024, l'objectif sera donc de réduire encore de 3% la consommation de l'entreprise avec des "mesures de plus long-terme, engagées par la SNCF et ses entités depuis plusieurs années, qui nécessitent souvent des investissements supplémentaires."

"Les opérations de rénovation de bâtiments dans leur ensemble s’inscrivent dans cette dynamique: modernisation des systèmes de chauffage, isolation thermique, remplacement des éclairages énergivores par des Led entre autres" annonce la SNCF.

Une hausse des prix des billets à venir?

Reste à savoir si ces actions permettront d'éviter de nouvelles hausses de prix des billets de trains. Sur ce point, la SNCF ménage le suspense. Cet été, Jean-Pierre Farandou, PDG indiquait: "On n'a pas encore décidé, mais on sera peut-être obligé de répercuter sur le prix des billets. [...] On sera peut-être obligé d'augmenter les prix en 2023".

Il y a quelques jours, l'opérateur ajoutait: "Il n’y a pas de scénarios (de hausses, NDLR) sur la table puisqu’aucune décision n’est prise sur ce sujet et qu’il n’est pas prévu de prendre une décision prochainement.

Et de poursuivre: "Nous pourrons nous pencher sur ce sujet lorsque nous y verrons plus clair sur nos perspectives économiques pour 2023 notamment les prix de l’énergie et l’inflation. Mais ce n’est pas d’actualité, il est trop tôt pour qu’on travaille à des scénarios."

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business