#MeToo : Depuis la libération de la parole, les lignes d’appel font face à un déluge de témoignages
VIOLENCES•La ligne 3919 a pris en charge 92.000 appels en 2022, deux fois plus qu’en 201720 Minutes avec AFP
Téléphones qui sonnent dans le vide, sélection des dossiers… Les associations qui aident les femmes victimes de violences sexuelles ou conjugales ont du mal à faire face à la hausse exponentielle des appels depuis le mouvement de libération de la parole des femmes. « Depuis le déclenchement de #MeToo et les scandales de pédophilie dans l’Eglise, la ligne téléphonique croule sous les appels. Mais on manque d’oreilles pour répondre à tout le monde », assure Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV) qui gère Violences Femmes Informations, une ligne d’aide aux victimes de viols.
Un quart des appels ne peuvent être traités par cette ligne, qui a reçu 20 à 25 % d’appels en plus entre 2017 et 2022. La ligne 3919 pour les victimes de violences conjugales a pris en charge 92.000 appels en 2022, deux fois plus qu’en 2017, selon Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui la gère.
Les appels multipliés par deux ou trois
Mais là encore un quart des appels ne peuvent être pris en charge, faute de personnel suffisant. « Nous recevons 250 appels par jour le week-end, contre 150 avant. Nous devons recruter pour le week-end, ajoute Françoise Brié. On ne comptabilise pas les minutes, face à des femmes parfois en pleurs. Un appel peut prendre un quart d’heure ou une heure », poursuit-elle.
A chaque campagne contre les violences, chaque affaire médiatisée, après une émission de télévision, le nombre d’appels est multiplié par deux ou trois, parfois décuplé. « Si on s’y attend, on dit : "Ne prenez pas de congés, tout le monde ouvre les oreilles". Mais on ne peut pas prendre trois intérimaires pour gérer la vague car c’est un métier spécialisé : il faut des psy, des juristes, conseillères conjugales, travailleuses sociales », souligne Emmanuelle Piet.
Face à l’afflux de dossiers, l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) a dû réduire les horaires de son accueil téléphonique à trois demi-journées par semaine, contre tous les jours avant 2017, pour limiter le nombre de dossiers traités et bien les suivre en justice.
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