Joe Biden a promis, mardi 18 octobre, que la première loi à l’agenda du Congrès des Etats-Unis, en cas de victoire démocrate aux élections de mi-mandat, garantirait le droit à l’avortement. « Et si le Congrès l’adopte, je la signerai en janvier », a poursuivi le président américain, en s’engageant sinon à poser son « veto » dans le cas où les républicains remporteraient le scrutin du 8 novembre et banniraient le droit à l’IVG au niveau fédéral.
A trois semaines des élections de mi-mandat, Joe Biden tente de remobiliser les Américains autour du droit à l’avortement. Malgré le mécontentement croissant face à l’inflation et au risque de récession qui mine les chances d’un tel succès pour son parti, le président démocrate mise sur l’indignation déclenchée par la volte-face de la Cour suprême en matière d’IVG pour faire le plein des voix à gauche et au centre.
Le 24 juin, la haute juridiction est revenue sur l’arrêt dit « Roe vs Wade » qui, depuis 1973, accordait aux Américaines le droit d’avorter dans tout le pays.
« Rappelez-vous ce que vous avez ressenti ce jour-là (…), la colère, l’inquiétude, l’incrédulité », a lancé Joe Biden lors d’un discours devant le Parti démocrate à Washington, en dénonçant « le chaos » ayant suivi cette décision. « En quatre mois, des lois interdisant d’avorter sont entrées en vigueur dans seize Etats », a-t-il poursuivi, et « les élus républicains du Congrès ont renchéri » en promettant d’adopter un tel interdit au niveau fédéral s’ils prenaient le contrôle du Congrès à l’issue des élections du 8 novembre.
« Si une telle loi devait être adoptée dans les années à venir, j’y mettrai mon veto », a tonné le locataire de la Maison Blanche. Selon lui, le meilleur moyen « d’arrêter ces lois extrémistes » serait néanmoins d’adopter une loi au niveau fédéral « pour graver dans le marbre Roe vs Wade une bonne fois pour toutes ». « Pour l’instant, il nous manque quelques voix », a-t-il reconnu en appelant les électeurs à envoyer plus d’élus démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants. « Si vous le faites, je vous promets que la première loi que j’enverrai au Congrès visera à codifier Roe », a-t-il dit. « Et dès que le Congrès l’aura adoptée, je la signerai, en janvier. »
L’économie, priorité des Américains
Une proposition de loi en ce sens a déjà été adoptée par la majorité démocrate de la Chambre des représentants. Le texte patine au Sénat, où il faudrait une majorité qualifiée de 60 % pour l’adopter en raison du filibuster, mécanisme procédural.
Joe Biden a longtemps répugné à changer cette règle censée encourager le compromis entre les deux grands partis. A la fin de juin, il s’était dit prêt à faire une « exception » et à la lever pour garantir le droit des Américaines à avorter, mais deux des cinquante sénateurs démocrates ne veulent pas toucher au filibuster. Puisque la chambre haute compte cent élus, il faudrait que les démocrates remportent deux nouveaux sièges pour changer la donne, tout en conservant leur majorité à la chambre basse.
L’objectif semble très ambitieux, d’autant plus que les élections de mi-mandat sont généralement l’occasion de sanctionner le parti du président. Les démocrates ont pourtant été galvanisés par un référendum organisé au début d’août dans le très conservateur Etat du Kansas, où les électeurs se sont mobilisés massivement pour rejeter un amendement constitutionnel hostile à l’IVG.
Les sondages montrent toutefois que l’avortement n’est plus la priorité des Américains. Environ 26 % des personnes interrogées citent l’économie comme étant leur principale préoccupation ; 18 %, l’inflation ; l’avortement ne l’est que pour 5 % d’entre eux, selon une enquête publiée cette semaine par l’institut de recherche de l’université Siena avec le New York Times.
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