Info « 20 Minutes »Deux tiers des habitants de Seine-Saint-Denis victimes de discriminations

Seine-Saint-Denis : Deux tiers des habitants déclarent avoir été victimes de discriminations

Info « 20 Minutes »Le département de la Seine-Saint-Denis lance également une série de testings, en association avec SOS Racisme
Un atelier durant la semaine de lutte contre les discriminations (illustration).
Un atelier durant la semaine de lutte contre les discriminations (illustration). - G. Varela  / 20 Minutes
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • L’Observatoire départemental des discriminations et de l’égalité en Seine-Saint-Denis fait le bilan de sa première année d’existence.
  • Une étude commandée par le département et révélée par 20 Minutes montre que deux tiers des habitants déclarent avoir été victimes de discriminations, au premier rang desquelles la couleur de peau ou l’origine.
  • La Seine-Saint-Denis veut renforcer sa caravane des discriminations, qui permet aux habitants et habitantes d’avoir un point d’accès au droit de proximité, et son dispositif « Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme », qui comprend des interventions d’artistes au collège.

Le sentiment d’avoir vécu des discriminations ne baisse pas en Seine-Saint-Denis, et a même augmenté par rapport à 2019. Près des deux tiers (63 %) des habitants du département déclarent avoir été victimes de discrimination au cours des cinq dernières années, contre 63 % en 2021 et 56 % en 2019, selon une enquête menée par Harris Interactive pour la collectivité. Des résultats rendus publics alors que l’Observatoire départemental des discriminations et de l’égalité fête sa première année.

Au premier rang des discriminations ressenties figure « l’origine ou la couleur de peau ». 37 % des personnes interrogées déclarent ainsi avoir été « souvent », « parfois » ou « rarement » victimes de discriminations pour ce motif, un chiffre en hausse par rapport à 2019 (32 %). Les domaines où les discriminations sont ensuite les plus ressenties concernent le quartier d’habitation (35 %), la religion (25 %), les opinions politiques (22 %) et le sexe (21 %).

Une hausse des discriminations territoriales ?

Pourquoi cette hausse ? D’une part, le ressenti n’est pas forcément toujours représentatif de la réalité des faits, mais peut signifier qu’une partie de l’opinion est devenue plus sensible à ce sujet. « Il y a une prise de conscience un peu partout et notamment dans le débat public, qui fait qu’on va plus poser le mot discrimination sur une situation », affirme Juliette Griffond, responsable de la Mission égalité diversité au conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.



Pour autant, cette plus grande sensibilité n’est pas exclusive d’une hausse réelle des discriminations, mais pas forcément sur tous les sujets. « Je pense qu’il y a potentiellement une augmentation de la discrimination territoriale », affirme Juliette Griffond, qui a eu ces derniers temps beaucoup de remontées en ce sens. Elle cite le cas d’une sortie scolaire organisée au Centre Pompidou pour des collégiens de Seine-Saint-Denis ainsi qu’une saisine de la Défenseure des droits, qui avait mis en exergue des difficultés pour des jeunes en Seine-Saint-Denis à trouver une place en lycée. De fait, selon l’étude Harris Interactive, 38 % des sondés et sondées ont déjà eu le sentiment d’être victimes de discrimination spécifiquement parce qu’ils habitent en Seine-Saint-Denis, contre 33 % en 2019.

Ce traitement inégalitaire, quel qu’en soit le motif, est en tout premier lieu ressenti au travail, par près de la moitié des habitants déclarant avoir été victimes de discriminations (49 %). Suivent, comme situations génératrices de discriminations, la recherche d’emploi (41 %), les relations avec les administrations ou les services publics (33 %), la recherche de logement (34 %) ou encore les relations avec la police ou la justice (33 %), des chiffres relativement stables depuis 2019.

Des artistes auprès des collégiens et collégiennes

Pour lutter contre ces inégalités de traitement, le département compte renforcer sa Caravane contre les discriminations, qui a offert cet été un point d’accès au droit avec une possibilité de débuter une saisine de la Défenseure des droits, ainsi que des informations. L’expérience sera reconduite en juin 2023 avec 25 étapes au lieu de 17 cette année.

Seront aussi poursuivies et étendues les séances de sensibilisation au collège, dans le cadre du dispositif « Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme ». « Cela permet de leur donner du contenu historique et juridique. Ils ont produit des textes qui ont été mis en affiche avec des visuels. Cette année ils vont refaire des textes, une artiste va travailler sur du théâtre forum, une autre sur des mèmes », détaille Juliette Griffond.

La jeunesse plus sensible aux discriminations

L’Observatoire des discriminations va enfin poursuivre les testings menés avec SOS racisme, en accentuant ceux qui concernent la jeunesse, qui est très impliquée sur ces sujets et qui ressent particulièrement les discriminations. 47 % des moins de 40 ans disent par exemple avoir été discriminés en raison de leur origine ou couleur de peau, soit 10 points de plus que pour l’ensemble des Séquano-dyonisiens et Séquano-dyonisiennes sondées.

« On a beaucoup de témoignages qui nous reviennent concernant les jeunes ou les enfants, il y a une volonté d’agir plus forte, explique Juliette Griffond. Cela pourrait être des testings sur les écoles, les masters, les centres de loisirs, les clubs de sport, les services culturels… »

Méthodologie

L’enquête a été réalisée par téléphone du 28 juin au 11 juillet 2022 sur un échantillon de 1.002 personnes représentatif des habitants et habitantes de Seine-Saint-Denis âgés de 18 ans et plus, et selon la méthode des quotas.

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