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Politique

8 milliards d'humains sur Terre le 15 novembre 2022... Quelle est la suite ?

Les Nations Unies considèrent qu'à cette date le cap des 8 milliards d'habitants sur Terre aura été franchi. Une étude de l'Ined permet de mieux comprendre comment la population de notre planète a été multipliée par 8 en seulement 200 ans.

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Le 15 novembre 2022, la planète terre accueillera huit milliards d'humain. Elle avait passé le cap des 7 milliards en octobre 2011.

Le 15 novembre 2022, la planète terre accueillera huit milliards d'humain. Elle avait passé le cap des 7 milliards en octobre 2011.

Valentino BELLONI / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Le 15 novembre 2022, la planète terre accueillera huit milliards d'humain. Elle avait passé le cap des 7 milliards en octobre 2011.
8 milliards d'humains sur Terre le 15 novembre 2022... Quelle est la suite ?
Fiona Elmaleh
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Ne comptant qu’un milliard d’habitants à l’orée du 19e siècle, la population mondiale a été multipliée par huit au cours des deux derniers siècles. Une croissance stupéfiante, et qui n’est pas terminée. D’après les estimations des Nations Unies, la population mondiale devrait continuer à croître pour atteindre les 10,4 milliards d'habitants à la fin du 21e siècle. L'Institut national d'études démographiques (l'Ined) explique comment la population mondiale en est arrivée à ce chiffre qui peut sembler faramineux grâce à une étude publiée ce 19 octobre 2022 dans Population et Sociétés, n° 604. 

Un essor démographique dès les années 1800, signe de "transition démographique"

Jusque dans les années 1800, de violentes crises de mortalités récurrentes dues à des épidémies (peste noire, tuberculose...) et des famines ont permis de stabiliser la population mondiale en raison d’un quasi-équilibre entre les naissances et les décès. A la fin du 18siècle, l’essor économique de la révolution industrielle a permis une accélération des progrès d’hygiène, de médecine, et la mise en place d’États modernes, faisant ainsi disparaître les épidémies et famines d’Europe et d’Amérique du Nord. L’effet boule de neige commence : la mortalité infantile diminue mais les naissances sont toujours aussi élevées. Les générations se succèdent mais les grandes fratries deviennent une charge trop coûteuse pour les familles nombreuses. Un nouveau comportement se répand à travers l’Europe et l’Amérique du Nord avec une "limitation volontaire des naissances". La population mondiale connait sa première transition démographique.

Cette histoire que les pays développés ont connu ces deux derniers siècles, ceux du Sud et en voie de développement la connaisse à leur tour. Ce phénomène explique une expansion et croissance démographique mondiale dont les conséquences apparaissent seulement aujourd'hui.

La transition démographique est définie par l'Ined comme "le passage d'un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s'équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s'équilibrent également". Elle peut être divisée en quatre périodes :
1ère phase : taux de mortalité et natalité élevé.
2e phase : effondrement du taux de mortalité, mais la fécondité reste élevée.
3e phase : diminution du taux de fécondité, les naissances et les décès commencent à s'équilibrer.
4e phase : post-transitionnelle, les taux de natalité et mortalité sont bas par rapport à la première phase.

Un pic de croissance atteint il y a presque 60 ans

La croissance démographique mondiale a atteint un maximum de croissance de plus de 2% par an (soit 143 millions d’habitants en plus par an) il y a 60 ans en 1965. Depuis, cette croissance a diminué de moitié et est aujourd’hui de 1,12% (soit 80 millions d’habitants en plus par an). Ce pic démographique correspond à la période où la fécondité était encore élevée dans les pays du Sud, malgré des améliorations des services d’hygiènes, de la médecine et des services socioéconomiques. L’excédent de naissances sur les décès a alimenté une croissance démographique soutenue, signe que les pays du Sud en voie de développement rentraient à leur tour dans la transition démographique.

Les années 1960, le début de l'émancipation féminine : Le milieu des années 1960 marque également un tournant pour la cause féminine. En France, le 13 juillet 1965 réforme la loi des régimes matrimoniaux établie par Napoléon III qui inscrivait l'infériorité juridique des femmes en les soumettant à la domination masculine. Dès lors, les femmes ont pu avoir un compte en banque et une activité professionnelle sans dépendre de l'autorité du père ou du mari. Parallèlement, en 1970, un mouvement transnational voit le jour, porté par une nouvelle génération de militantes nées dans les années 1920 ou durant le baby-boom : le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) destiné à lutter contre toutes les différentes formes d'oppressions et de misogynie à l'encontre de la femme. L'émancipation féminine prend de l'ampleur et s'illustre par une liberté du corps de plus en plus importante et une fécondité à la baisse dans les pays de l'hémisphère Nord.

A la grande surprise des démographes, la fécondité connaît une diminution plus rapide que prévue en Asie et Amérique Latine dès les années 1960 et 1970, mais n’entraîne pas de diminution immédiate de la population. On appelle cela une "inertie démographique". En d’autres termes, l’inertie démographique désigne le décalage entre la baisse de la natalité et la diminution de la population. Lorsque la natalité était forte avant de diminuer, on retrouve beaucoup de jeunes adultes en âge d’être parents par rapport au nombre de personnes âgées. La mortalité étant faible, la population continue d’augmenter un certain temps avant de diminuer.

La fécondité dans le monde : Selon "l’équilibre théorique moderne", la fécondité devrait être proche de deux enfants par femme, cela pour que le nombre de naissances s'équilibre avec celui des décès. En 2022, on se rapproche de cet équilibre avec 2,3 enfants en moyenne, ce qui est inférieur à la moitié de ce qu’elle était en 1950 (5 enfants). Avec des écarts très variés selon les régions du monde, la fécondité la plus faible est en Corée du Sud (0,9 enfant par femme) et la plus élevée au Niger (6,7 enfants par femme).

L’Afrique subsaharienne, dernière de la course d'un déclin démographique

L’Afrique demeure à ce jour le continent où la fécondité reste la plus élevée avec la prévision d'un triplement de la population africaine d’ici la fin du siècle, passant de 1,4 milliard d’habitants en 2022 à 3,9 milliards d’habitants. L’Afrique va connaître à son tour la transition démographique, cependant elle reste plus "difficile à anticiper" que les autres régions du monde, selon les démographes. L’Afrique subsaharienne connait un faible niveau de développement. De plus, une majorité de sa population habite dans les campagnes où l'accès restreint à la contraception et aux services qui en découlent sont un frein à la diminution de la fécondité de cette région.

"La plupart des familles rurales ne se sont certes pas encore converties au modèle à deux enfants, mais elles souhaitent avoir moins d’enfants, et notamment plus espacés. Elles sont prêtes pour cela à utiliser la contraception mais ne bénéficient pas toujours de services adaptés pour y arriver", écrit dans Population et Sociétés Gilles Pison, le conseiller de la direction de l'Ined.

Selon les projection mondiales, à la fin du siècle les trois villes les plus peuplées au monde seront africaines : Lagos au Nigeria, Kinshasa en République Démocratique du Congo et Dar Es Salaam en Tanzanie. Or, rappelle l'ONU, "si la croissance démographique amplifie l'impact environnemental du développement économique", "les pays où la consommation de ressources matérielles et les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont les plus élevées, sont généralement ceux où le revenu par habitant est le plus élevé et non ceux où la population augmente rapidement". Des propos qui soulignent que la santé planétaire dépend plus de notre comportement plutôt que de notre nombre.

"La croissance démographique va se poursuivre tout en décélérant"

Selon les projections démographiques, l'avenir de la population est tracé sur le court terme, soit les vingt ou trente prochaines années. Il serait vain de penser pouvoir agir sur le nombre d'humains à cette échéance. De toutes façons, il décélère de façon naturelle, dicté par les choix des hommes et des femmes d'avoir peu d'enfants. Néanmoins, "l’humanité n’échappera cependant pas à un surcroît de 2 milliards d’habitants d’ici trente ans, en raison de l’inertie démographique" : ces propos de Gilles Pison font échos aux différentes transitions démographiques que la population mondiale connaît depuis 1800.

Cependant, la tendance démographique sur le long terme est plus incertaine. Le modèle de la "transition démographique" qui a permis de prédire l'évolution sur les deux derniers siècles ne sera plus d'actualité une fois celle-ci terminée. L'urgence à court terme, en revanche, est d'agir sur nos modes de vies actuels afin de les rendre plus respectueux de l'environnement, de la biodiversité et des ressources qui nous entourent. Aujourd'hui, la question du devenir de l'espèce humaine et de la planète Terre ne dépend plus du nombre d'habitants, mais de leurs comportements. 

 

 

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