INNOVATIONIl invente un système de freinage pour les fauteuils roulants

Handicap : Il invente un système de freinage pour les fauteuils roulants

INNOVATIONA la tête de la toute jeune société Eppur, Colin Gallois a développé une paire de roues qui intègre un système de freinage par rétropédalage, comme sur les vélos hollandais
Colin Gallois a profité du salon Autonomic Grand Ouest, qui se tient jusqu'à jeudi à Rennes, pour présenter son innovation.
Colin Gallois a profité du salon Autonomic Grand Ouest, qui se tient jusqu'à jeudi à Rennes, pour présenter son innovation.  - J. Gicquel / 20 Minutes / 20 Minutes
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • Une jeune société lilloise a inventé une paire de roues intégrant un système de freinage pour les fauteuils roulants manuels.
  • Pour l’heure, les personnes handicapées n’ont pas d’autre choix que de se servir de leurs mains comme plaquettes de frein.
  • Pour son innovation, Colin Gallois s’est inspiré des vélos hollandais qui fonctionnent avec un système de freinage à rétropédalage.

Pour qui n’a jamais testé, se déplacer en fauteuil roulant relève bien souvent du parcours du combattant. Entre les trottoirs trop hauts ou encombrés, les marches à l’entrée des magasins ou les arrêts de bus pas adaptés, les obstacles sont nombreux à se dresser sur le chemin des personnes handicapées qui se déplacent en fauteuil roulant. Et que dire alors des descentes qui représentent un vrai danger en cas de pente trop abrupte. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’existe pas de système de freinage sur les fauteuils roulants manuels hormis le frein à main qui permet de le bloquer.

Pour ralentir leur course, stopper leur fauteuil et même tourner, les utilisateurs n’ont ainsi pas d’autre choix que de bloquer les roues avec leurs mains. « C’est une technique à apprendre mais c’est vrai que ça abîme les mains et qu’on se brûle parfois », raconte Claude, un habitant de Derval (Loire-Atlantique) croisé mercredi dans les travées du salon Autonomic Grand Ouest à Rennes. « Et puis c’est physique aussi, notamment au niveau des épaules », ajoute-t-il.

Un système de freinage à rétropédalage

Valide, Colin Gallois n’avait pas vraiment conscience de ces difficultés jusqu’à ce qu’il croise la route d’une personne en fauteuil un soir de 2016, tout près de l’université de technologie de Compiègne (Oise) où il est scolarisé. « C’était assez perturbant de voir cette personne qui peinait à freiner dans cette rue pentue », indique-t-il. Cette scène va marquer le début d’une réflexion chez le jeune homme, qui étudie alors la mécanique et le design. Le déclic intervient lors d’un séjour en Suède. « J’ai découvert le vélo hollandais et son système de freinage à rétropédalage où il suffit de pédaler en arrière pour ralentir le vélo », explique le trentenaire, originaire de Rennes.


nOTRE DOSSIER SUR LE HANDICAP

Devenu entre-temps ingénieur pour Décathlon, Colin Gallois va finalement profiter d’une période de chômage partiel pendant le confinement pour parfaire son invention et lancer la société Eppur avec Lancelot Durand, son associé. « On est parti d’une technologie existante pour développer la nôtre que l’on a brevetée », précise-t-il.

Les premières paires de roues livrées le mois prochain

Commercialisées sous la marque Dreeft, leurs roues se clipsent facilement sur n’importe quel fauteuil et le système de freinage est intégré dans le moyeu relié à la roue. Pour l’activer, l’utilisateur n’a qu’à tirer légèrement la main courante du fauteuil vers l’arrière. « C’est très simple d’utilisation car on peut freiner en ne s’aidant que du bout des doigts, sans aucun effort », souligne Oksana, une jeune femme tétraplégique qui a testé le dispositif pendant plusieurs mois.


Validée, l’innovation va désormais débarquer sur le marché avec les 100 premières paires de roues, vendues autour de 1.500 euros, qui seront livrées le mois prochain. Avec 370.000 personnes se déplaçant en fauteuil roulant en France et 65 millions dans le monde, les perspectives s’annoncent porteuses pour la jeune société basée à Lille. « Et ce n’est que le début car nous réfléchissons à plein d’autres produits pour faciliter la mobilité des personnes en situation de handicap », assure Colin Gallois.

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