Au Venezuela les bingos clandestins sont un véritable phénomène de société. Dans ce pays enfoncé dans une profonde crise économique, ce jeu de hasard est devenu une façon d’arrondir les fins de mois pour ceux qui n’ont pas choisi l’exil.

À la tombée de la nuit, lorsque la chaleur descend, les voisins de certains quartiers de La Guaira, capitale de l’État de Vargas (Nord), se réunissent pour jouer à ce jeu où les participants cochent sur des cartons les images tirées au sort par les organisateurs.

Faciles à organiser, ils sont aussi devenus des centres de vie nocturne autour desquels s’organisent des locaux de nourriture à 1 dollar, plus personne ne voulant des bolivars, la monnaie locale, fortement dévalorisée.

Selon le média Tal Cual Digital, les gagnants peuvent y obtenir des prix allant de matériel électroménager jusqu’à 200 dollars en liquide, soit “pratiquement huit fois le revenu mensuel d’un travailleur au Venezuela, qui gagne 175 bolivars entre salaire et bon d’alimentation”.

Le tout avec une probabilité beaucoup plus élevée de gagner qu’au Loto. Tandis que les organisateurs peuvent s’en sortir avec 600 dollars par nuit.

Et encore, ceci est le cas dans des petits bingos. Car, preuve du succès de l’affaire, les prix sont passés dans certains endroits à des objets de la vie de tous les jours, “quand on entendait à peine parler des bingos communautaires”, à des sommes atteignant 1 000 dollars, voire une moto pour les plus chanceux.

Mais ce succès à un prix. Récemment, la préfecture de La Guaira, chargée de contrôler les jeux de hasard, a interdit les bingos communautaires… Avant de les rétablir sous la pression populaire. En exigeant cependant le paiement de 0,5 petro aux organisateurs – environ 30 dollars, au cours actuel de cette cryptomonnaie –, mais sans nommer la très officielle “loi sur la loterie”, ce qui rend impossible de tracer cet argent supposément destiné aux impôts.