Le camp de Pournara est le seul centre d'enregistrement pour les demandeurs d'asile à Chypre. Crédit : Charif Bibi/InfoMigrants
Le camp de Pournara est le seul centre d'enregistrement pour les demandeurs d'asile à Chypre. Crédit : Charif Bibi/InfoMigrants

Malgré la pose de barbelés sur la zone tampon qui la sépare de la partie turque de l'île, les arrivées de migrants ont doublé à Chypre depuis 2021. Près de 17 000 personnes exilées ont traversé la frontière européenne depuis le début de l'année, dont trois fois plus de mineurs non accompagnés.

Les arrivées de migrants à Chypre continuent d'augmenter. Depuis le début de l'année, quelque 17 000 personnes ont franchi la frontière, soit le double de l'année 2021, a indiqué le ministère de l'Intérieur de ce petit état de l'Union européenne.

Les autorités chypriotes ont récemment posé une clôture de barbelés de onze kilomètres le long de la zone tampon. Contrôlée par les Nations unies, cette zone sépare le pays, membre de l'Union européenne (UE), de la partie turque de l'île. Mais l'effet dissuasif des barbelés n'a pas fonctionné.

D'après des médias chypriotes, des responsables politiques ont affirmé, jeudi 20 octobre, qu'ils étaient "à court d'idées" sur la manière d'endiguer le flux de migrants.

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L'île de Chypre est divisée en deux depuis 1974. Le nord est sous occupation turque, le sud, grec, fait partie de l'Union européenne. Crédit : InfoMigrants
L'île de Chypre est divisée en deux depuis 1974. Le nord est sous occupation turque, le sud, grec, fait partie de l'Union européenne. Crédit : InfoMigrants

Cité par le quotidien Cyprus Mail, Costas Constantinou, représentant du ministère de l'Intérieur, a déclaré que la clôture en barbelées avait réduit les traversées par la zone tampon, mais que, dans le même temps, les "trafiquants" s'étaient déplacés vers d'autres points d'entrée.

La grande majorité des demandeurs d'asile arrivent à Chypre par la Turquie. Après avoir obtenu un visa étudiant, ils prennent un vol pour Ercan, une ville située dans la partie nord de l’île, sous occupation turque. Puis ils traversent ensuite la zone tampon ou Ligne verte..

Une fois dans le sud, les migrants - majoritairement originaires de la République démocratique du Congo, de Syrie et du Nigeria - se retrouvent bloqués dans des centres d'hébergement aux allures de camps de détention surpeuplés.

Trois fois plus de mineurs non accompagnés

L'île de Chypre étant accessible par avion pour les ressortissants de certaines nationalités, c'est une destination européenne prisée par les mineurs isolés, car l'accès y est moins dangereux que la voie maritime vers l'Italie ou l'Espagne.

D'après Costas Constantinou, dans le flux de migrants arrivés en 2022, le nombre de mineurs non accompagnés arrivés à Chypre a triplé depuis l'an dernier.

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Dans le collimateur du ministère de l'Intérieur : les compagnies aériennes turques à bas prix, Turkish Airlines et Pegasus Airlines, accusées par Costas de s'enrichir en transportant des migrants mineurs non accompagnés en masse.

Pas de logement, pas d'emploi

D'après le ministère de l'Intérieur chypriote, le pays compte près de 70 000 demandeurs d'asile vivant dans les villes et les villages. En parallèle, la pression s'accroît au centre d'accueil de Pournara.

Les demandeurs d'asile y passent des semaines, voire plusieurs mois, à attendre l'enregistrement de leur demande. Une fois cette étape achevée, ils doivent alors quitter le camp. C'est là que commence pour les demandeurs d'asile ce que tous décrivent comme "un véritable enfer".

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Le gouvernement ne prévoit pas d’hébergement pour eux. Seules quelques familles et les femmes seules peuvent être logées dans le centre d’accueil de Kofinou, dans le sud de Chypre.

L'accès à l'emploi est également très compliqué à Chypre. S'il est autorisé de travailler en attendant le traitement du dossier d'asile, il faut d’abord pouvoir justifier d'une adresse. "C'est le serpent qui se mord la queue : vous voulez un travail pour vous payer un logement mais on vous demande d'avoir un logement pour travailler", expliquait en avril à InfoMigrants Elizabeth Kassinis, responsable du centre pour migrants de Caritas à Nicosie.

 

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