Dans le box des détenus, A. présente une longue barbe de type salafiste. Mais derrière ces apparences, ce sont ses sujets d’intérêt qui inquiètent la justice. Vendredi dernier, ce Tchétchène âgé de 31 ans comparaît devant le tribunal correctionnel de Nice, pour avoir partagé d’inquiétants contenus sur les réseaux sociaux. Des images, vidéos et commentaires pro-djihadistes.
L’antenne niçoise de la police judiciaire a interpellé A. le 19 octobre dernier, pour apologie du terrorisme via un service de communication public en ligne. Les enquêteurs ont recensé plusieurs publications diffusées sur Instagram, depuis près d’un an, à 18.000 abonnés.
A. s’en expliquera à l’audience du 24 novembre. Vendredi dernier, le tribunal correctionnel a renvoyé son procès, en raison d’une audience surchargée. Pour l’heure, il s’en tient à déclarer: "Tout ce que je fais, c’est par ignorance".
"Je veux rester en France"
A. est arrivé en France en mars 2020. Il envisage un recours, après le rejet de sa demande d’asile. Issu d’une fratrie de quatre enfants, il est venu en France sans ses parents, mais vit ici avec sa femme, âgée de 21 ans et enceinte de huit mois, et leurs deux enfants en bas âge. Il vit dans un squat du quartier de l’Ariane. Soudeur, il a travaillé dans le bâtiment et continue à "travailler de temps en temps au noir", les 400 euros qu’il perçoit de l’Office français de l’immigration ne suffisant pas à subvenir à leurs besoins.
"Pourquoi êtes-vous venu en France dans ces conditions? Sans famille, sans travail, sans papier, sans parler la langue?" s’étonne le président Edouard Levrault. "J’essaie d’apprendre la langue et d’avoir les papiers officiels", justifie le prévenu, préoccupé par cette incertitude administrative. Il le martèle: "Je n’ai pas l’intention de me sauver. Je veux rester ici, en France."
La procureure Sabine Neale préfère s’en assurer. Elle requiert son placement en détention provisoire pour "faire cesser l’infraction et garantir sa présence", au regard d’une "infraction particulièrement inquiétante, de faits particulièrement graves". Le tribunal suit ses réquisitions et envoie le prévenu en prison.
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