Chez les jeunes Français, éco-anxiété et colère vont de pair

  • La colère constituerait l’émotion "la plus partagée" par les éco-anxieux, selon une étude.
    La colère constituerait l’émotion "la plus partagée" par les éco-anxieux, selon une étude. Alex_Maryna / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Une enquête réalisée par la Fondation Jean-Jaurès et le Forum français de la Jeunesse révèle que les jeunes Français qui se définissent comme éco-anxieux ressentent de la colère face à l'inaction des gouvernements et des entreprises concernant la lutte contre la crise climatique.

Les jeunes Français appartenant aux générations Y et Z ont grandi avec la sensibilisation à la crise climatique "en bruit de fond". Bien moins présent qu'aujourd'hui dans les médias et dans le discours public, le sujet n'était toutefois pas totalement absent il y a vingt ans. On pense notamment à la célèbre phrase prononcée par le président de l'époque Jacques Chirac en 2002, au sommet de la Terre de Johannesburg : "Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs".

Est-ce pour cette raison que ces mêmes jeunes Français sont plus exposés à l'éco-anxiété ? Une enquête réalisée par la Fondation Jean-Jaurès et le Forum français de la Jeunesse basée sur des entretiens approfondis avec 34 individus âgés entre 18 et 30 ans se disant "particulièrement préoccupés par le changement climatique" apporte des éléments de réponse.

D'après l'étude, leur prise de conscience écologique s'est faite en grande majorité de manière progressive, que ce soit à la maison, à l'école, dans les médias ou encore sur les réseaux sociaux. "A l’occasion de la sortie du dernier rapport du GIEC, j’ai vu un tweet qui disait : 'Ah, je lisais déjà ça dans Astrapi en 2005. Et effectivement, j'ai l’impression d’être née dedans', confirme par exemple Mélissa, 25 ans. Pour 50% des répondants, ce sont avant tout les parents qui ont joué un rôle prépondérant dans leur sensibilisation aux enjeux environnementaux.

Entre colère et anxiété

Le sentiment dominant qui ressort dans cette enquête est celui de la colère, qui constitue l’émotion "la plus partagée" par les éco-anxieux du panel. "Cette éco-colère naît de la dichotomie entre, d’une part, le sentiment d’urgence des répondants ainsi que leur engagement personnel et, d’autre part, le constat qu’ils font d’une relative inaction à l’échelle collective, dans leur cercle proche, sur leur lieu de travail et dans la vie publique. Leur irritation se dirige principalement contre ceux qui ont le pouvoir, décideurs publics et privés", expliquent les auteurs du rapport.

"Je ressens de la colère quand je vois des images de l’Amazonie qui brûle. Je suis en colère contre tout le monde, y compris contre moi quand je me dis que je pourrais aller plus loin, contre mes potes quand je me dis qu’ils pourraient faire plus. Je me dis que ce n’est pas possible, que tout le monde s’en fout", confie notamment Edouard, 30 ans, qui fait partie du panel des répondants.

"Peur de mettre des êtres au monde dans des conditions de vie incertaines"

L'étude souligne également un questionnement important sur le désir de fonder une famille : 37% des 16-25 ans hésitent à avoir des enfants face à la perspective du changement climatique. Un phénomène grandissant que les anglophones désignent par l'acronyme "Ginks" : "Green inclinations, no kids".

Trois raisons majeures sont mentionnées par les sondés : une volonté de "préserver les générations futures", la peur de mettre des êtres au monde "dans des conditions de vie incertaines" et enfin l'importance de limiter sa propre empreinte sur le climat (la naissance d’un enfant étant perçue comme une contribution potentielle à la surpopulation).

Face aux conséquences du dérèglement climatique, près d'un tiers des sondés va même jusqu'à juger le désir de fonder une famille "égoïste", car "relevant de la satisfaction d’un besoin personnel". Mais il y a aussi des "pour" : notamment "l’espoir d’un changement de situation sur le plan climatique" ou encore celui que leurs futurs enfants deviendront "des militants en plus pour la cause environnementale". Au final, seuls trois répondants du panel ont déclaré avoir renoncé à fonder une famille à cause de la crise climatique.

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