INTERVIEWMarseille « veut réguler les rats, qui ont une utilité »

Marseille : « Les rats ont une utilité, on ne veut pas les éradiquer mais les réguler »

INTERVIEWAlors que la mairie de Marseille s’apprête à tester l’usage de furets pour lutter contre les rats, Aïcha Guedjali, conseillère municipale en charge des nuisibles, revient sur la politique de la deuxième ville de France en la matière
Illustration de rats
Illustration de rats - Philippe LOPEZ / AFP / AFP
Mathilde Ceilles

Propos recueillis par Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • La ville de Marseille a décidé d’avoir recours à un furet pour lutter contre les rats.
  • Selon la conseillère municipale en charge de ces questions, Aïcha Guedjali, il y a en effet au moins autant de rats que de Marseillais dans la deuxième ville de France.
  • L’élue de gauche entend toutefois ne pas éradiquer toute la population, au nom de l’utilité des rats, notamment dans l’entretien des égouts.

Des pièges, des produits chimiques… et maintenant un furet. Sur ses réseaux sociaux, Aïcha Guedjali a fait une annonce qui détonne. Empruntant la voie déjà prise par ses homologues de Toulouse et Vitry-sur-Seine, la conseillère municipale de gauche déléguée à l’insalubrité et les nuisibles de Marseille a décidé de faire appel à Prune, qui, comme son nom ne l’indique pas, est un furet élevé dans le Gers à chasser les rats. A cette occasion, Aïcha Guedjali revient pour 20 Minutes Marseille sur ce véritable fléau qui touche la deuxième ville de France, et la stratégie mise en place par la municipalité pour y faire face.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton« J’accepte pour aujourd’hui » dans le bandeau ci-dessous.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies


Quelle est la situation concernant la prolifération des rats à Marseille ?

C’est toujours aussi compliqué et c’est toujours pareil. On estime qu’il y a entre un et un rat et demi par habitant. Les services font ce qu’ils peuvent et ça leur donne énormément de travail. Mais la ville est en pleine mutation. Il y a plein de travaux, et ça fait sortir les nuisibles. Dans cette ville, on a aussi une problématique dans la gestion des déchets. Et vous connaissez la problématique à Marseille d’incivilité. Et il est évident que les rats préfèrent se nourrir des déchets qui traînent à côté des poubelles que de manger nos appâts. On a d’ailleurs remarqué que les containers enterrés étaient plus efficients dans la lutte contre les rats, car ces derniers n’avaient pas accès aux déchets. Quand des agents interviennent, ils se rendent compte aussi parfois que les gens nourrissent les rats…

Que faites-vous pour lutter contre ce phénomène ?

Nous avons un protocole que nous appliquons dans tous les bâtiments publics où on nous signale une intrusion, comme les crèches et les écoles. On procède à ce moment-là à une surveillance hebdomadaire de nos pièges. Et à l’issue de 35 jours, on sait si le foyer est éradiqué ou pas. Mais nous avons une problématique pour les parcs et jardins. On ne veut pas mettre de produits chimiques dans l’espace public. Et c’est compliqué pour nous de mettre partout nos boîtes contenant les pièges. On a peur qu’elles soient enlevées, puisqu’elles sont mises au vu et au su des gens qui utilisent les parcs publics. Le furet peut constituer une méthode complémentaire et un traitement plus vertueux. Les villes de Toulouse et Vitry-sur-Seine utilisent déjà ce procédé avec un éleveur et ont un super retour d’expérience. On a donc fait un appel à projet pour une phase de test. Cet éleveur a répondu. Par cette méthode, selon lui, on peut avoir de 50 à 60 rats par intervention. A la mi-novembre, on va lancer une phase de diagnostic. On va lui lister une quinzaine de sites où on rencontre des problèmes récurrents. Et c’est partout dans Marseille ! J’ai même des signalements dans le 7e arrondissement, le long de la Corniche. Viendra en décembre une phase de test avec quelques endroits à cibler, avant une montée en puissance.

Comment ça marche ?

Le furet rentre par un orifice A. On place des filets. Le rat sort par un orifice B à l’autre extrémité. Et ensuite, on vient les euthanasier. Mais de façon douce ! Avec du CO2. Le but n’est pas de les massacrer. Et le but n’est pas d’éradiquer les rats, mais de réguler la population à Marseille. Les rats ont eu une utilité, notamment dans l’entretien des structures en sous-sol. Il faut juste qu’ils restent dans les égouts. Le problème, c’est qu’ils trouvent leur nourriture à l’extérieur.

Sujets liés