Olympe de Gouges, la première féministe de l’histoire moderne

Olympe de Gouges est considérée comme une des pionnières du féminisme français. Elle est notamment la rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Olympe de Gouges est considérée comme une des pionnières du féminisme français. Rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civils et politiques des femmes. Elle est souvent prise pour emblème par les mouvements pour la libération des femmes.
Olympe de Gouges est considérée comme une des pionnières du féminisme français. Rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civils et politiques des femmes. Elle est souvent prise pour emblème par les mouvements pour la libération des femmes. (©Dr)
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La rédaction du Démocrate vernonnais propose à ses lecteurs une rubrique mensuelle, « Un jour, un événement », animée par l’historien Jean-Paul Lefebvre-Filleau, surnommé le « Détective de l’histoire ».

Il évoque, ce mois-ci, la première « féministe » reconnue comme telle, la Française Olympe de Gouges.

Cette femme de lettres, qui a impulsé tous les combats tendant à l’égalité parfaite entre hommes et femmes, a payé de sa vie son audace. En effet, deux ans après la proclamation des « Droits de l’homme et du citoyen », elle rédige, le 5 septembre 1791, une « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », un texte aux résonances modernes.

Après bien des luttes féministes, l’Organisation des Nations Unies (ONU) veille à ce que ce droit humain fondamental d’égalité des sexes soit rappelé à tous, chaque année, par l’instauration d’une « Journée de la femme ».

Qui est Olympe de Gouges ?

Cette femme de lettres, entrée en politique sous son patronyme de plume, se nomme Marie Gouze. Elle est née le 7 mai 1748 à Montauban (Tarn-et-Garonne). Outre la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civils et politiques des femmes et s’est lancée dans l’abolition de l’esclavage des hommes et femmes de couleur.

Elle fréquente les philosophes, notamment Nicolas de Condorcet (1743-1794) et Sébastien Mercier (1740-1814). Jeune veuve, refusant de se remarier pour être indépendante, elle colle des affiches dans tout Paris et harcèle la Comédie-Française pour que ses pièces sur l’esclavage soient présentées au public.

Elle met aussi en exergue les femmes de la Révolution qui ont participé aux émeutes en prenant souvent les armes, forcé le roi à signer la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et alimenté par des idées innovantes les clubs politiques.

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Si elle s’oppose à la monarchie absolue, elle refuse la mort du roi et de sa famille. Elle est membre d’un groupe politique modéré – les Girondins – qui s’oppose aux partisans de Maximilien Robespierre (1758-1794) – les Montagnards -, plus radicaux.

Les combats d’Olympe de Gouges

Ils sont nombreux. Citons en quelques-uns :
Elle réussit l’exploit de présenter à l’Assemblée législative, le 28 octobre 1791, sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne exigeant la pleine égalité des droits des femmes avec ceux des hommes, dans tous les domaines, notamment politique, social et juridique, insistant en plus pour que soient reconnus à la femme des droits naturels qui lui ont été retirés par les préjugés.

Ainsi, elle écrit que « la femme a le droit de monter sur l’échafaud et également celui de monter à la Tribune ».

Elle est l’une des premières femmes engagées en politique à réclamer l’instauration du divorce, par l’intermédiaire d’une pièce de théâtre dont elle est l’auteur : La Nécessité du divorce. Elle renouvelle sa demande dans les commentaires de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Elle est aussi à l’avant-garde pour la mise en place d’un système de protection maternelle et infantile, s’indignant de voir les femmes accoucher dans des hôpitaux inappropriés et réclamant, en conséquence, la création de maternités.

Dès lors, elle dérange ces « messieurs de la Révolution », issus essentiellement de la bourgeoisie intellectuelle. Elle est arrêtée, condamnée à mort et guillotinée le 3 novembre 1793, à Paris, place de la Révolution (place de la Concorde).

Avant de mourir, elle laisse un écrit dans lequel elle déclare que l’Histoire lui donnera raison : « On apprendra au peuple ce que j’ai fait pour lui. On lui dira : ’’Cette femme que de vils assassins ont immolée fut ton soutien dans le grand hiver ; elle fut nommée la mère du peuple par tous les cœurs.’’ »

Et ensuite ?

Depuis la Révolution, les « féministes », terme apparu au XIXe siècle, ne cessent de se battre pour que le principe d’égalité des droits soit reconnu.

En 1909, le Parti socialiste d’Amérique lance la National Woman’s Day, dont la première édition se déroule le 28 février. Deux ans plus tard, la première Journée internationale et célébrée en Europe (Allemagne, Autriche, Danemark, Suisse), afin de réclamer le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations dans le milieu du travail.

En France, il faut attendre 1946 pour que celui-ci soit inscrit dans le préambule de la Constitution de la IVe République. Cette étape importante est suivie d’un long débat sur la condition féminine dans la société, auquel prennent part de nombreuses personnalités du monde politique, mais également de celui des lettres.

Lorsque Simone de Beauvoir (1908-1986) publie en 1949 Le Deuxième Sexe, elle devient une théoricienne majeure du féminisme et bon nombre d’intellectuelles se mettent dans ses pas. Dans les années 1970, les mouvements féministes se développent et prennent une ampleur inédite qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.

L’Organisation des Nations Unies (ONU) font de 1975 l’Année internationale de la femme. Le but est de promouvoir le droit des femmes dans le monde.

Deux ans plus tard, le 8 mars 1977, l’ONU adopte une résolution demandant à ses pays membres de célébrer une « Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale », plus communément appelée « Journée internationale des droits de la femme » ou « Journée de la femme », le 8 mars de chaque année.

Aujourd’hui, les femmes se battent encore pour acquérir leurs droits. Si les inégalités entre les sexes se sont réduites jusqu’aux années 2000, il apparaît que dans certains milieux sociétaux bien identifiés, les droits de la femme sont a minima, tant en France qu’à l’étranger.

De nombreuses batailles restent encore à gagner pour atteindre une égalité parfaite entre les deux sexes.

Journée de la femme du 8 mars 2022

Le bureau ONU-Femmes indique que la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2022 (JIF 2022), s’inscrit sous le thème de « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable » – en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur atténuation, en faveur de la construction d’un avenir plus durable pour toutes les personnes.

Il s’agit de faire progresser l’égalité des sexes dans le contexte de la crise climatique et de la réduction des risques de catastrophe est l’un des plus grands défis mondiaux du XXIe siècle.

Les problèmes liés aux changements climatiques et à la durabilité ont eu et continueront d’avoir des répercussions graves et durables sur notre environnement et sur le développement économique et social.

Celles qui sont parmi les plus vulnérables et marginalisées en subissent les retombées les plus graves.

Les femmes sont de plus en plus reconnues comme étant plus vulnérables aux impacts du changement climatique que les hommes, car elles constituent la majorité des personnes pauvres de la planète et sont davantage dépendantes des ressources naturelles qui sont les plus menacées par le changement climatique.

En même temps, les femmes et les filles sont des leaders et responsables du changement œuvrant efficacement et puissamment en faveur de l’adaptation aux changements climatiques et de leur atténuation.

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Elles participent à des initiatives de développement durable dans le monde entier, et leur participation et leur leadership se traduisent par une action climatique plus efficace.

Il est essentiel de continuer à explorer les opportunités à exploiter, ainsi que les contraintes à surmonter, dans les moyens d’action mis à la disposition des femmes et des filles pour qu’elles fassent entendre leur voix et jouent un rôle égal dans la prise de décisions liées au changement climatique et à la durabilité, en vue d’atteindre un développement durable et une plus grande égalité des sexes.

« Sans l’égalité des sexes aujourd’hui, un avenir durable et un avenir égal restent hors de notre portée. »

Toujours d’actualité

La célébration par les Nations Unies de la Journée internationale de la femme sera marquée par une rencontre virtuelle de haut niveau le mardi 8 mars 2022. Le Secrétaire général des Nations Unies, le président de l’Assemblée générale, la présidente de la Commission de la condition de la femme, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes ainsi que des activistes et des célébrités défendant l’égalité des sexes et de la lutte contre le changement climatique y participeront. L’événement sera suivi d’une table ronde de haut niveau et de représentations musicales.

Le thème de la Journée internationale de la femme s’inscrit dans le droit fil du thème prioritaire de la prochaine 66e Commission de la condition de la femme (CSW66).

« Réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles dans le contexte du changement climatique et des politiques et programmes de réduction des risques environnementaux et des catastrophes. »

Un programme sorti tout droit de la Déclaration d’Olympe de Gouges.

Jean-Paul Lefebvre-Filleau

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