En Île-de-France, un travailleur sur cinq est immigré, selon une étude de l’Insee publiée jeudi 27 octobre. L’Institut national de la statistique définit un immigré comme une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. « C’est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l’origine géographique d’un immigré, précise l’Insee. En Île-de-France, 38 % des immigrés ont la nationalité française. »

L’étude, qui repose sur l’exploitation du recensement de la population 2018, indique que 1,25 million d’immigrés travaillent en Île-de-France, soit 22 % de la population active de la région. Cette part est deux fois plus élevée qu’en France métropolitaine. En région, la proportion varie de 4 % (en Bretagne ou en Normandie) à 12 % pour la Corse.

Douze métiers

Dans le détail, un peu plus de la moitié du 1,25 million d’immigrés faisant partie de la population active sont nés en Afrique. Ceux qui sont nés au Maghreb sont les plus représentés (27 % de la main-d’œuvre immigrée francilienne) et sont issus d’une immigration plus ancienne, note l’Insee.

L’Europe est le continent de naissance d’un immigré sur quatre, les natifs du Portugal étant les plus nombreux à travailler en région francilienne (10 %). Le dernier quart est constitué des immigrés originaires d’Asie (18 %).

Où exercent-ils ? Douze métiers en Île-de-France se distinguent par une proportion d’immigrés supérieure à 39 %. Ce sont majoritairement des emplois qui sont peu qualifiés et dont les conditions de travail sont plutôt difficiles (efforts physiques nombreux, tâches répétitives et surtout horaires particuliers). En bref, des secteurs où les employeurs sont confrontés à des difficultés de recrutement.

Un cuisinier francilien sur deux est immigré

Ainsi, plus de six aides à domicile ou employés de maison sur dix sont immigrés. La proportion est la même chez les ouvriers du gros œuvre, du bâtiment et des travaux publics. Un cuisinier francilien sur deux est immigré. Et plus de quatre immigrés sur dix exercent le métier d’agent de sécurité ou d’entretien.

À l’inverse, dans les métiers de l’armée, de la police et des pompiers où la nationalité française est exigée, les travailleurs immigrés sont peu présents : ils occupent seulement 5 % de ces emplois en Île-de-France. Ils sont également peu représentés chez les cadres ou professions intermédiaires administratives de la fonction publique (9 %), ou des professionnels du droit (9 %) par exemple.

Cette concentration dans certaines filières ne s’explique pas seulement par le manque de diplôme. Au sein des jeunes générations d’actifs franciliens, les écarts sont moindres entre immigrés et non-immigrés. En revanche, malgré un niveau de diplôme élevé, certains immigrés n’accèdent pas à un emploi qualifié. Seuls 56 % des immigrés qui détiennent une licence exercent une profession qualifiée d’intermédiaire ou supérieure, alors que c’est le cas de 80 % chez les non-immigrés.