PROCEsPrison avec sursis requise pour avoir fauché une senior avec sa trottinette

Lyon : Quatre mois de prison avec sursis requis pour avoir fauché avec sa trottinette électrique une femme de 96 ans

PROCEsCe jeudi, quatre mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre d’un quinquagénaire poursuivi pour avoir grillé un feu rouge et violemment percuté, sur un passage piéton, une Lyonnaise de 96 ans devenue tétraplégique
Quatre mois de prison avec sursis ont été requis jeudi à Lyon contre le conducteur d'une trottinette ayant fauché sur un passage piéton une dame de 96 ans.
Quatre mois de prison avec sursis ont été requis jeudi à Lyon contre le conducteur d'une trottinette ayant fauché sur un passage piéton une dame de 96 ans.  - C.Girardon/20 Minutes / 20 Minutes
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Le 23 juin 2021, une dame de 96 ans a été violemment percutée par une trottinette électrique à Lyon, alors qu’elle traversait au vert sur un passage piéton.
  • Le conducteur était jugé jeudi devant le tribunal correctionnel de Lyon.
  • Quatre mois de prison avec sursis ont été requis à son encontre.

Une « faute légère, une faute d’inattention », celle de ne pas avoir vu le feu rouge réservé aux cyclistes et de l’avoir grillé. Mais à l’arrivée, une « victime pas banale », « particulièrement vulnérable » : la frêle Georgette, âgée de 96 ans. Un mètre 50 pour 35 kg. Jeudi, quatre mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de Cyril, 52 ans, poursuivi pour avoir violemment percuté la nonagénaire avec sa trottinette électrique, le 23 juin 2021, place Bellecour à Lyon. Aujourd’hui, la victime est tétraplégique, « prisonnière de son corps ».

Ce jour-là, l’homme est pressé. Il multiplie les allers-retours entre sa voiture stationnée sur les quais de Saône et la rue des Marronniers, où il rénove un appartement du sol au plafond. Pour aller plus vite et pour transporter le matériel nécessaire, il se déplace à trottinette électrique. Un engin récemment acheté qu’il n’a jamais assuré. Lyon, il ne connaît pas très bien, confesse-t-il. Il ne s’y rend que pour honorer son chantier. Les subtilités des feux dédiés aux modes doux lui échappent. « La seule chose que je voyais, c’était le feu vert au loin », explique-t-il à la barre.

25km/h, « la vitesse d'un cheval au galop »

Lancé sur son bolide, le quinquagénaire vient percuter de plein fouet la vieille dame qui traversait au passage piéton. Fauchée à 25 km/h, soit « la vitesse de course d’un cheval au galop », souligne Marlène Druilhe, avocate de la victime. Georgette a eu « l’impression d’être projetée en l’air ». Un témoin entend le choc de la collision et confirme : « J’ai vu une dame âgée voler littéralement. Elle a décollé du sol avant de retomber. » Lourdement. Le conducteur, lui, n’a « pas trébuché ». Le guidon de la trottinette « n’a même pas bougé ». Affolé, il se précipite vers la vieille dame, se met à pleurer, appelle les secours. Au sol, elle ne « peut plus bouger ».

La suite ? Georgette qui « souffre de multiples fractures » va passer trois mois à l’hôpital des Massues. « Sa survie est presque miraculeuse », souligne Cécile, l’une de ses filles. « Ma mère ne se voyait pas finir sa vie comme ça, elle était dynamique. » Le jour de l’accident, elle était descendue en centre-ville pour aller acheter des bâtons de randonnées. Elle devait partir, quelques jours plus tard, se mettre au vert dans les Hautes-Alpes. « Elle s’entretenait, était très soucieuse de sa santé. A 96 ans, elle était parfaitement autonome, indépendante. Ce qui était exceptionnel compte tenu de son âge. »

« Que cet accident serve à éveiller les consciences »

Placée en Ehpad depuis un an, la nonagénaire « souffre physiquement et psychologiquement », révèle sa fille. Mais elle « n’est pas en colère » contre le conducteur, elle « ne veut pas l’enfoncer davantage ». Lui, culpabilise toujours de ce qui est arrivé. Il dit que cela « le hante ».

« La seule chose que ma cliente aimerait, c’est que cet accident serve à éveiller les consciences », plaide Marlène Druihle. Car le cas de Georgette « n’est malheureusement pas un cas isolé », ni anecdotique. « La majorité des trottinettes bafouent les règles du Code de la route, poursuit l’avocate. Il est grand temps que les utilisateurs comprennent qu’ils doivent conduire avec autant de concentration que lorsqu’ils sont au volant de leurs voitures. »



De l’avis de tous, Cyril n’est « pas un chauffard ». Il n’a jamais eu de démêlés avec la justice. « Les réquisitions sont justes », estime alors Laurence Bornens son avocate, attentive au fait que le parquet n’a demandé aucune condamnation financière ni la suspension de son permis de conduire. Le jugement a été mis en délibéré au 28 novembre.

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