Paris : immersion dans la jungle urbaine de Jef Aérosol, pionnier du Street Art

Paris : immersion dans la jungle urbaine de Jef Aérosol, pionnier du Street Art
Jef Aérosol, Robert Zimmerman, 2022 © Galerie Mathboth

Pour fêter les 40 ans du premier pochoir de l'artiste, l'exposition « Jef Aérosol – 40 ans de pochoirs » imaginée avec la Galerie Mathgoth, promet une double déambulation dans un univers poético-rock. Elle célèbre l’une des figures internationales du Street Art, un pochoiriste aux talents multiples.

Jusqu’au 5 novembre 2022, au 147, avenue de France à Paris, le premier pochoir de Jef Aérosol, réalisé à Tours, fête ses 40 ans à travers une exposition double. Une première partie est conçue comme une galerie, et la seconde, brute, moins aménagée mais plus immersive, se présente comme « chantier urbain ». Les deux sont éphémères et pour passer de l’un à l’autre, il faut traverser la rue. Ces deux éléments importent à l’artiste, car son univers artistique urbain fait la part belle à l’éphémère, et cela lui permet de créer deux ambiances bien distinctes.

Une jungle urbaine

La partie immersive est pensée comme un espace alternatif des années quatre-vingt, explique l’artiste. Le spectateur est entouré de plus de 200 pochoirs représentant des personnages grandeur nature. On y rencontre des personnalités emblématiques de la musique à côté d’anonymes entourés d’éléments de décor qui renvoient à la rue. Un banc, des pneus, une boîte aux lettres, un fauteuil, et un matelas sont entourés de fumée. Composée de chants d’oiseaux, de poésie parlée, de sirènes, ou encore de morceaux de la chanteuse américaine Patti Smith, la bande-son participe à cette ambiance que l’artiste qualifie de « jungle urbaine ».

Installation de Jef Aérosol à l'occasion des 40 ans de son premier pochoir © Galerie Mathgoth

Installation de Jef Aérosol à l’occasion des 40 ans de son premier pochoir © Galerie Mathgoth

À la croisée d’un squat, d’un terrain vague, d’une nuit à New York, ou d’un décor de West Side Story, ce « chantier urbain » présente des personnages en noir et blanc. Des célébrités, mais aussi des petits garçons recroquevillés, des jeunes filles guitaristes, ou des enfants qui pleurent ou s’amusent. Tous sont d’une même hauteur, et comme dirait Baudelaire, « avec des dents d’une égale blancheur ». Et c’est en effet ce qui anime à l’artiste : utiliser le noir et le blanc « pour que les personnages soient comme l’ombre du flux urbain, et que la grandeur nature les réduise à leur humanité, donc à leur égalité ».

Jef Aérosol, Black is beautiful, 2022 © Galerie Mathboth

Jef Aérosol, Black is beautiful, 2022 © Galerie Mathboth

Quatre thèmes dans la galerie

La seconde partie est plus classique dans un lieu qu’il a fallu aménagé, et Jef Aerosol rappelle qu’il ne s’agit pas d’une rétrospective. Cloisons, compteurs et autres éléments ont permis au lieu vacant de se faire galerie. Dans l’entrée, une scène de musique sur un plateau surélevé, ainsi que l’emblématique « Chuuuuttt !!! » dont les dimensions sont réduites par rapport à l’original situé sur le mur de la Place Igor Stravinsky à Paris, accueillent le visiteur. Après un passage par une palissade recouverte de flyers, d’images, de coupures de journaux (et même d’une photographie de l’artiste bébé !), quatre thèmes se font jour dans les œuvres créées précisément pour l’occasion. Un premier thème est dédié aux autoportraits de Jef Aérosol, récents et plus anciens. Puis, une salle propose une vidéo où l’artiste explique notamment la naissance de son premier pochoir à Tours.

Jef Aérosol dans son atelier © Galerie Mathgoth

Jef Aérosol dans son atelier © Galerie Mathgoth

La deuxième partie est consacrée aux enfants : on y retrouve notamment le Sitting Kid, tendre petit garçon égaré ou en colère, vu de profil, infiniment touchant dans sa position fœtale. Le troisième thème rend un sublime hommage à la musique, l’inépuisable source d’inspiration de l’artiste depuis sa première guitare à 12 ans. Enfin, apparaissent des paysages urbains, où se cachent des petits personnages, et comme toujours, cette emblématique flèche rouge, signature de Jef Aérosol.

Jef Aérosol, Towers, 2022 © Galerie Mathgoth

Jef Aérosol, Towers, 2022 © Galerie Mathgoth

Un art contextuel

Pour qualifier son travail, l’artiste reconnaît moins le terme « street art » que art in situ, ou « art contextuel ». Les arts de la rue ne sont pas si souvent des arts plastiques, explique-t-il. Le travail des danseurs, musiciens, briseurs de chaînes, comédiens de rues, ou simplement des architectes en témoignent. Le public de l’artiste pourra découvrir à nouveau ses créations en 2023 lors d’une rétrospective au musée de l’Hospice Comtesse à Lille, ainsi que dans deux futures expositions collectives à Paris et à Bordeaux. Une monographie lui sera également consacrée aux Éditions Alternatives Gallimard.

Portrait du pochoiriste Jef Aérosol © Galerie Mathgoth

Portrait du pochoiriste Jef Aérosol © Galerie Mathgoth


« Jef Aérosol – 40 ans de pochoirs »
147 avenue de France, Paris
du 24 septembre au 5 novembre 2022
@ newsletters

La sélection expo
Chaque semaine découvrez nos expositions coup de cœur, nos décryptages exclusifs et toutes les infos pratiques.

S'inscrire à la newsletter
newsletters

Retrouvez toute la Connaissance des arts dans vos mails

Découvrir nos newsletters