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"C'est la première fois qu'on vit ça" : l'entreprise Duralex met sa production en veille pour l'hiver
« La production est arrêtée mais la lave continue à circuler sans tomber dans les moules. Avec ça, on aura une économie d'énergie de l'ordre de 50% », explique la direction de Duralex.
GUILLAUME SOUVANT / AFP

"C'est la première fois qu'on vit ça" : l'entreprise Duralex met sa production en veille pour l'hiver

Hibernation

Par , avec AFP

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Il s'agit d'un coup dur pour la société de verrerie française, rachetée en 2021 après un redressement judiciaire et dont les ventes étaient enfin au beau fixe. Ses salariés sont, eux, placés en chômage partiel jusqu'au 1er avril 2023.

L'annonce avait été faite le 1er septembre. Contrainte par la hausse des prix de l'énergie, l'entreprise de verrerie Duralex, dont les verres à la forme octogonale inondent les cantines scolaires, met en veille de son four à partir de ce 1er novembre, pour une durée de cinq mois contre quatre initialement prévus. Ses 250 salariés sont, quant à eux, placés en chômage partiel jusqu'au 1er avril 2023 et toucheront 95 % de leur salaire. Sa trentaine d'intérimaires devra, elle, se tourner momentanément vers un autre employeur.

Décuplement de la facture

Dans un communiqué, la direction disait affronter « depuis quelques mois des conditions financières de production conjoncturelles très défavorables, uniquement liées au prix de l'énergie » qui a explosé après l'invasion russe de l'Ukraine. « Le prix de l'énergie représente habituellement 5 % à 7 % de notre chiffre d'affaires. Aujourd'hui, c'est de l'ordre de 40 %. Ce n'est pas tenable », répondait début septembre à franceinfo le président de Duralex, José Luis Llacuna.

De fait, la facture énergétique de l'entreprise, qui était de « deux millions d'euros l'année dernière », a plus de décuplé pour atteindre les « treize millions d'euros cette année », indiquait à l'AFP le ministère de l'Industrie. L'usine de l'entreprise, située à La-Chapelle-Saint-Mesmin, près d’Orléans, qui fonctionne à 70 % au gaz et 30 % à l’électricité, devrait reprendre sa production au deuxième trimestre 2023 afin d'éviter l'embouteillage énergétique de l'hiver et la société disposant d'une « couverture tarifaire déjà contractée sur l'électricité », précise le communiqué.

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Impossible, néanmoins, de suspendre l'activité dès l'annonce en septembre. « Dans un four verrier, on chauffe du sable à 1 500 degrés et ça devient une lave, un magma, expliquait encore le président de l'entreprise, au micro de France bleu cette fois. Si on arrête tout, la lave se fige et il est impossible de réutiliser le four, c'est un investissement colossal. La seule solution, c'est de le mettre en veille. La production est arrêtée mais la lave continue à circuler sans tomber dans les moules. Avec ça, on aura une économie d'énergie de l'ordre de 50 %. »

Cassée dans sa dynamique

La situation est frustrante, pour la direction comme pour les employés. Verres des restaurants scolaires, objets design de la boutique du MoMA de New York ou encore contenants à whisky pour 007 dans Skyfall, les créations Duralex sont connues dans le monde entier et l'entreprise observe « des ventes en croissance », détaillait le communiqué. Belle performance pour cette firme dont la marque a été déposée en 1945 par l'entreprise Saint-Gobain, détentrice de l'usine de verrerie elle-même créée en 1927.

Car Duralex revient de loin. Placée en redressement judiciaire, la société avait été rachetée in extremis en janvier 2021, par International Cookware (Pyrex), devenu la Maison française du verre en début d'année. L'opération avait permis de sauver 246 des 248 emplois du site, comme le rapporte La Croix. Sur franceinfo, José Luis Llacuna indiquait une hausse du chiffre d'affaires « de 30 à 40 % pour cette année par rapport à l'année passée ». En 2021, celui-ci avait avoisiné les 24 millions d'euros.

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« Il fallait mieux éteindre le four que produire à perte, c'est la première fois qu'on vit ça, se résout un salarié de l'usine interrogé aujourd'hui mardi par BFMTV. Mais on est confiant grâce à un carnet de commandes plein et au soutien de l'État. » Car pas question de fermer purement et simplement Duralex. Le spécialiste du verre trempé affirme disposer d'un stock suffisant pour poursuivre « normalement » son activité commerciale pendant la mise en veille de son four.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne