Travailleurs migrants sans domicile avant la Coupe du monde

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QatarTravailleurs migrants sans domicile à l’appel de la Coupe du monde

Les autorités qataries ont expulsé des centaines de travailleurs migrants de bâtiments «inhabitables» du centre de Doha, à trois semaines de la Coupe du monde de football.

Les centaines de travailleurs migrants expulsés de leurs logements cette semaine devraient se retrouver très loin du centre de Doha, désormais…

Les centaines de travailleurs migrants expulsés de leurs logements cette semaine devraient se retrouver très loin du centre de Doha, désormais…

REUTERS

Dans la capitale du Qatar, Doha, des centaines de travailleurs migrants ont été expulsés de leurs logements cette semaine. Des employés municipaux et des agents sont arrivés, mercredi soir, pour nettoyer et fermer une douzaine de bâtiments dans le centre, un peu plus de trois semaines avant le début de la Coupe du monde de football, prévu du 20 novembre au 18 décembre. Certains supporters doivent séjourner dans cette zone, en grande partie située dans le quartier Al-Mansoura et réaménagée ces dernières années.

Selon un porte-parole du gouvernement, les bâtiments étaient «inhabitables» et les autorités ont agi en vertu d’une loi de 2010 contre «les logements informels». Un préavis a été donné aux occupants et «les autorités s’assurent toujours que les personnes soient relogées dans un endroit sûr et approprié», selon la même source.

Younes, un chauffeur bangladais rencontré dans le quartier, samedi matin, trois nuits après avoir été expulsé de son logement, a expliqué avoir dormi à l’arrière de son pick-up dans une rue des environs. «Ce camion est ma vie, et je ne le quitterai pas tant que je n’aurai pas un endroit où je pourrai le garer à proximité», explique-t-il. C’est la troisième fois en trois ans qu’il est contraint de déménager.

Les migrants représentent plus de 80% des 2,8 millions d’habitants du Qatar. Ils sont majoritairement originaires d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal, mais aussi des Philippines et de pays africains comme le Kenya et l’Ouganda.

Conditions de travail régulièrement critiquées

Le riche État du Golfe a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour accueillir le tournoi, mais s’est retrouvé sous le feu des critiques d’organisations de défense des droits de l’homme et de syndicats internationaux, notamment pour son traitement des travailleurs étrangers, qui ont construit la plupart des nouveaux stades et des infrastructures de transport pour l’événement.

Ces organisations ont dénoncé les conditions de travail des ouvriers, des salaires impayés et même des décès sur les chantiers, dont le nombre est à ce jour incertain. La Confédération syndicale internationale, regroupant des organisations syndicales du monde entier, a toutefois pris acte d’améliorations nettes ces dernières années.

Originaire d’Asie du Sud, le patron d’un magasin ouvert 24 heures sur 24 à Al Mansoura, témoin de certaines expulsions, affirme pour sa part que la plupart des personnes forcées au départ ne payaient pas de loyer et n’avaient aucun bail. «Ce sont essentiellement des squatters», a-t-il dit sous couvert de l’anonymat. «Ils restent quelques mois dans un bâtiment, puis sont obligés d’en trouver un autre.» Tous les immeubles vides vus par des membres de l’AFP étaient sombres et rien ne laissait penser qu’ils pourraient être bientôt utilisés.

Dirigés vers la zone industrielle?

Des habitants du quartier ont estimé que la plupart des hommes expulsés déménageraient dans l’immense zone industrielle de Doha ou dans des villes plus éloignées de la capitale. Faute d’être employés par de grandes entreprises, qui fournissent logement et nourriture, beaucoup travaillent pour un salaire journalier ou pour de petites entreprises. «Ils vivent dans ces blocs pour éviter de payer un loyer. Les salaires sont bas, donc chaque centime compte», a déclaré un migrant vivant à côté d’un immeuble qui a été vidé.

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(AFP)

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