Pier Paolo Pasolini aurait cent ans : un podcast à écouter en ligne | France Culture

Pier Paolo Pasolini aurait cent ans
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À propos de la série

Une sélection d'archives, proposée par Albane Penaranda, à l'occasion du centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini.

Une sélection d'archives, proposée par Albane Penaranda, à l'occasion du centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini.

Il y a tout juste cent ans naissait Pier Paolo Pasolini, le 5 mars 1922. Cette Nuit d'archives pour marquer le centenaire de sa naissance ne prétend être rien d'autre que l'écho de la protéiforme et importante contribution de Pasolini à la vie artistique et intellectuelle de l'Italie de la deuxième moitié du 20e siècle. Par Alberto Moravia nous entendrons dire qu'il en a été son plus grand poète et par Bernardo Bertolucci qu'il en a été son dernier prophète. Pasolini, poète d'une Italie des années 50/60 soumise aux grandes mutations sociologiques du "miracle économique", poète amoureux du petit peuple des périphéries romaines et prophète d'un temps qui allait effacer de l'Italie les corps, les visages et l'innocence qui la lui rendaient habitable.

Homosexuel… homme de gauche et néanmoins conservateur, chrétien et marxiste hérétique, adversaire du conformisme progressiste, ennemi radical de la société de consommation et de sa télévision… Au pays du compromis historique, du Vatican, des néo-fascistes, de la mafia, de la loge P2, des Brigades Rouges et de Berlusconi, Pasolini est-il mort d'avoir été tout cela ? Est-il mort d'avoir écrit Pétrole, son grand roman inachevé ? Nul ne peut le savoir.

En 1975, Pier Paolo Pasolini était assassiné avec la plus extrême sauvagerie sur la plage d'Ostie. Un meurtre nocturne, perpétré entre Toussaint et Fête des morts. Trente ans après, Guy Scarpetta écrivait dans Le Monde Diplomatique : "Les circonstances mêmes du crime, encore incomplètement élucidées, n’ont pu que contribuer à développer à son égard une véritable légende noire – dont émane une image proprement mythologique. Celle de l’ange du mal, de l’hérétique persécuté, du dernier grand artiste maudit. Mais sans doute le temps est-il venu, malgré tout, de dépasser cette image – et de voir, plutôt, en Pasolini, à travers l’exceptionnelle diversité des registres qu’il a traversés, un formidable exemple, vivant, paradoxal, singulier, d’intellectuel engagé".

Mais, comme Scarpetta ne manquait pas de le préciser, encore faut-il s'entendre sur le terme "intellectuel engagé". La manière singulière dont Pier Paolo Pasolini a été un "intellectuel engagé" et un artiste investi dans tous les modes d'expression qui s'offraient à lui, c'est ce que rappellera cette Nuit.

Une multitude de voix parleront de Pasolini dans cette Nuit, mais la plus émouvante est sans doute celle de Ninetto Davoli. Ninetto, l'être que Pasolini a le plus aimé au monde avec sa propre mère, l'ami définitif qui, de Uccellacci e uccellini jusqu'aux Mille et Une Nuits, a enchanté son cinéma et les souvenirs de bon nombre d'entre nous.  Il se pourrait d'ailleurs que l'essentiel de ce qu'il faut comprendre de Pasolini ce soit la voix de Ninetto, avec ce qu'elle a su conserver de la joie de vivre de son adolescence, qui sache le mieux le dire.

Longtemps avant tout cinéaste de ce côté-ci des Alpes, l'écrivain, le poète et l'intellectuel Pasolini suscite en France un intérêt grandissant depuis quelques années. Traducteur de sa poésie, de ses romans, dont Pétrole, l'écrivain René de Ceccatty, que nous entendrons durant cette Nuit, est de ceux qui ont contribué à ce regain d'intérêt. Pour ouvrir sa biographie de Pasolini il avait choisi ces mots : "Ce fut une vie brève et pleine".

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