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Vingt mots rares pour enrichir vos conversations du quotidien

-/AFP

«Emparadiser», «entéléchie»... Ou comment briller lors de vos prochaines soirées.

Imaginez: vous pensiez profiter de votre week-end de la Toussaint dans le Perche pour vous emparadiser, «atteindre le septième ciel», loin des bouchons du périphérique. Vous mettez en œuvre toutes les conditions pour bien vous encagnarder, c’est-à-dire vous installer paresseusement. Mais voilà que sans crier gare, une lourde acédie, «un dégoût de l’âme», s’empare de vous. Le quotidien en charentaises n’est décidément pas fait pour vous. Mais quelles aventures pouvez-vous mener tout enchifrené comme vous l’êtes, c’est-à-dire tout enrhumé? La chasse aux champignons serait un bon moyen de mettre le nez dehors. Mais la forêt ne sent pas encore le pétrichor qui indique leur sortie, cette odeur de la terre mouillée que vous aimez tant.

Les châtaignes vous paraissent alors être une bonne alternative. Reste à trouver un aminche pour vous y accompagner, un «ami» comme vous dites parfois vulgairement. Vous demandez à votre sœur, qui vous répond avec sprezzatura, comprenez avec «une désinvolture pleine d’aisance». «Voyons, nous ne sommes pas des struthiophages», dit-elle en vous envoyant balader. Peut-être ne saviez-vous pas qu’elle vous traite par-là de «mangeur de sauterelles». Vous riez sous cape. La coquette craint sûrement que la marche la rende vultueuse, toute rouge et congestionnée, et que le ramassage lui fasse la silhouette tortue, entendez toute tordue. Pourquoi ne pas demander à votre oncle? Il est heureusement plus sylvain, c’est-à-dire qu’il aime la forêt. Il s’avère facile à convaincre, à coups d’histoire d’hamadryades, ces nymphes qui vivent dans les arbres, et de promeneurs tombés en nympholepsie, le délire qui s’ensuit de leur vision.

Les châtaignes grillées font atteindre au dîner une entéléchie, un «sommet de perfection». De plus, votre oncle est un conversationniste étourdissant, c’est-à-dire qu’il brille toujours dans les discussions. Pourquoi donc se met-il alors soudain à raconter une histoire capillotractée, «tirée par les cheveux»? Sûrement pour distraire votre mère de vos manières de plus en plus agrestes - vous mangez comme un cochon - qu’elle abhorre, c’est-à-dire qu’elle déteste. Rien n’y fait, vous voilà vertement tancé, c’est-à-dire durement sermonné. Votre sœur vous regarde avec haute contemption, avec beaucoup de mépris. Vous êtes tout quinaud, entendez par-là tout penaud, ce qui vous accoise - vous rend coi - complétement. Vous arrêtez là votre adéphagie, c’est-à-dire votre voracité. On ne peut pourtant pas vous blâmer d’être aussi gastrolâtre, comprenez de vouer un immense culte à la bonne chère!

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4 commentaires
  • Alain PRIVAT

    le

    La cuistrerie n'est pas vraiment drôle .....

  • jmontessuis

    le

    Belle liste

  • HERVE TRIBOT LA SPIERE 1

    le

    "Enrichir sa conversation au quotidien"...
    Pour ma part, je dirais plutôt : comment développer avec grand effort de la cuistrerie à deux balles...