Un député RN accusé d’avoir tenu des propos racistes, la séance interrompue à l’Assemblée

Le député RN Grégoire de Fournas est accusé d’avoir tenu des propos racistes à l’encontre du député insoumis Carlos Martens Bilongo. La séance a été interrompue. L’élu RN dément formellement.

    La séance a été interrompue à l’Assemblée nationale après un incident rarissime, inédit depuis les dernières élections législatives. Le député insoumis Carlos Martens Bilongo prend la parole et évoque la situation de migrants bloqué sur un bateau en Méditerranée. Le député Rassemblement national se met alors à crier, et ses mots risquent d’être épluchés ces prochaines heures tant ils pourraient être lourds de conséquence dans la vie de l’Assemblée nationale.

    Pour les insoumis, il ne fait aucun doute que le député RN a sombré dans le racisme et en visant son collègue en criant « Qu’il retourne en Afrique ! ». Les insoumis s’émeuvent d’une telle saillie, et se mettent à appeler au départ de son auteur, le député de la 5e circonscription de Gironde Grégoire de Fournas, en hurlant à leur tour « Dehors ! Dehors ! ».

    La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, tente alors d’identifier l’auteur de ces propos jugés racistes. Elle se résout finalement à interrompre la séance. Le bureau politique de l’Assemblée nationale se réunira vendredi à 14h30 pour « se prononcer sur une éventuelle sanction ».

    « J’ai pas d’excuses à prononcer vis-à-vis de ce député »

    La Première ministre Elisabeth Borne a rapidement réagi face aux caméras dans la salle des quatre colonnes de l’Assemblée. « Le racisme n’a pas sa place dans notre démocratie », a-t-elle lancé, ajoutant que le bureau de l’Assemblée nationale se réunira. Elisabeth Borne a appelé à des sanctions à l’encontre de ce député. Le groupe de la majorité a de son côté annoncé son refus de siéger tant que l’auteur des propos dénoncés soit sévèrement sanctionné. Plus tard ce jeudi soir, c’est le président de la République qui a fini par réagir, par l’intermédiaire de son entourage. Emmanuel Macron se dit « heurté » par des « propos intolérables ».

    Interrogé sur BFMTV, le député RN Grégoire de Fournas a nié avoir proféré une attaque personnelle contre Carlos Martens Bilongo. Lui affirme avoir dit « Qu’il retourne en Afrique » en parlant du bateau. « J’ai pas d’excuses à prononcer vis-à-vis de ce député. J’ai exprimé vis-à-vis du bateau qui voulait arriver en France une phrase qui est parfaitement légitime et qui n’est pas diabolique, c’est le fait que le bateau retourne en Afrique, il n’y a pas de polémique, seulement dans l’esprit de La France insoumise. » Lui dénonce une « manipulation » de La France insoumise qui chercherait à « dénaturer » ses propos.

    Le député a reçu le soutien de l’ensemble du groupe RN, qui nie que son député visait son collègue insoumis. Marie Le Pen a fini par faire de même dans la soirée, sur Twitter. « Grégoire de Fournas a évidemment parlé des migrants transportés en bateaux par les ONG qu’évoquaient notre collègue dans sa question au gouvernement, écrit-elle. La polémique créée par nos adversaires politiques est grossière et ne trompera pas les Français. »

    Carlos Martens Bilongo dit avoir été ciblé par l’élu RN. Un avis partagé par l’ensemble des groupes composant l’alliance de la Nupes, qui, dans un communiqué commun, affirment que Grégoire de Fournas a dit « Retourne en Afrique ». Devant la presse, Carlos Martens Bilongo est revenu sur l’incident. « Je ne pensais pas qu’aujourd’hui à l’Assemblée nationale, j’allais me faire insulter, explique-t-il. On m’a insulté moi et toutes les personnes qui sont en France et qui ont cette couleur de peau. C’est tellement triste d’être en novembre, ça fait quatre mois que nous siégeons ici, et de voir le vrai visage du Rassemblement national ». Quelques minutes plus tard, c’est la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée Mathilde Panot qui s’est fendu d’un tweet, demandant « solennellement la plus haute sanction prévue par notre règlement à l’encontre de Grégoire de Fournas, soit la censure et l’exclusion. ».