“Nous voulons dire au reste du monde que nous n’avons pas un gouvernement normal. Ce gouvernement tue sa propre population, tue des adolescents innocents, leur fait violence, les arrête, les torture et les bat à mort.” Sur le plateau de la BBC, l’ex-champion du monde de lutte Sardar Pashaei, iranien, prend la parole pour expliquer la démarche dont il est l’un des “fers de lance”, rapporte la chaîne de télévision britannique.

Un groupe de sportifs issus de disciplines diverses – notamment des footballeurs – ainsi que des militants iraniens pour les droits humains ont adressé à la Fifa une lettre pour demander l’exclusion de l’équipe de football iranienne du Mondial au Qatar. En cause, la brutalité dont le régime iranien fait preuve depuis le début de la mobilisation en Iran, à la suite de la mort de Mahsa Amini. La jeune Kurde de 22 ans est morte le 16 septembre, après avoir été arrêtée par la police des mœurs, qui lui reprochait de ne pas porter son voile correctement. Sa disparition est à l’origine d’un mouvement de contestation massif dans le pays.

Des sportifs réduits au silence

Le gouvernement iranien a “fait taire de nombreux athlètes dans le pays et porté atteinte à leur liberté d’expression”, souligne la lettre, partagée sur Twitter par Iran International. Le fondement juridique de cette demande, faite avec l’appui du cabinet d’avocats espagnol Ruiz-Huerta & Crespo, repose sur une clause du règlement de la FIFA indiquant que les équipes sélectionnées doivent être “indépendantes” et ne pas être sous l’influence de forces politiques.

Or, Radio Free Europe rappelle que, depuis le début du mouvement de contestation en Iran, “plusieurs champions et athlètes iraniens, parmi lesquels Ali Daei, footballeur éminent, ont été rappelés à l’ordre ou arrêtés et se sont vu confisquer leurs passeports après avoir soutenu les manifestations”. Les médias iraniens ont également relayé le 29 septembre que Hossein Mahini, ancien capitaine de l’équipe de l’équipe de football de Persépolis, “a été arrêté au motif qu’il avait ‘encouragé les émeutes et sympathisé avec l’ennemi’. Il avait au préalable publié sur les réseaux sociaux un message de soutien aux manifestants.

Ces dernières semaines, plusieurs appels similaires ont été adressés à la Fifa au sujet de la sélection iranienne. La dernière en date, relève Al-Arabiya, vient d’Ukraine, où les autorités dénoncent notamment l’intervention des drones iraniens dans la guerre qui se déroule sur son territoire, et l’annonce de nouvelles livraisons d’armes iraniennes en soutien à la Russie.

Interrogé par la BBC, l’ancien lutteur Sardar Pashaei dénonce également le fait que le régime iranien “interdise à 40 millions de femmes de regarder le football, au XXIe siècle” – la population iranienne compte environ 85 millions de personnes – et l’impossibilité pour les sportifs iraniens d’affronter des ressortissants israéliens lors des compétitions sportives, en raison du conflit diplomatique entre les deux pays.

Évoquant les coupures d’Internet imposées par le régime en parallèle à la répression du mouvement de contestation, le sportif iranien conclut : “C’est pourquoi nous avons besoin de l’attention médiatique partout dans le monde.”