Cherbourg. « Nous étions à deux doigts d’un féminicide » : 4 ans de prison pour le compagnon violent

Un homme, âgé de 52 ans, a été condamné ce jeudi 3 novembre 2022 par le tribunal de Cherbourg (Manche) à quatre ans de prison ferme. Il avait commis des violences sur sa concubine.

Le Venansaltais de 42 ans frappait sa femme devant leur enfant de quatre ans.
L’homme de 52 ans a été condamné, par le tribunal de Cherbourg (Manche), à quatre ans de prison ferme. (©DR)
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Un homme de 52 ans a été condamné, dans la matinée de ce jeudi 3 novembre 2022, à quatre ans de prison ferme pour des violences commises sur sa concubine les 26 août et 5 septembre à Querqueville (commune déléguée de Cherbourg-en-Cotentin, Manche).

L’homme est retourné en prison à l’issue de l’audience correctionnelle. Il était en détention provisoire depuis le 7 septembre à l’issue de sa garde à vue, dans l’attente de son procès et d’expertises psychologiques.

Des coups répétés

Le 26 août, sa compagne est venue déposer plainte au commissariat de Cherbourg pour des faits de violences. Elle explique que son conjoint fortement alcoolisé lui a donné un coup de poing au visage, lui a tiré les cheveux et l’a menacée avec un couteau. L’homme est interpellé en état d’ivresse (1,66 g d’alcool dans le sang) et placé en garde à vue.

Lors de son audition, il reconnaît le coup de poing et le tirage de cheveux mais nie les menaces. Il est remis en liberté avec une convocation sur reconnaissance préalable de culpabilité. Lui est également notifiée une mesure d’éloignement qu’il s’engage à respecter.

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Insultes et menaces contre les policiers 

Dans la nuit du 4 au 5 septembre, les policiers cherbourgeois sont appelés à Querqueville au domicile du couple. Une voisine vient de leur signaler des cris de femme, des pleurs. Les fonctionnaires ont frappé à la porte. Une femme a ouvert. 

Elle portait tous les stigmates de coups portés au visage. Elle tenait à peine debout. Elle a expliqué que son conjoint l’avait frappée et que ce n’était pas la première fois. 

Les policiers

Les policiers interpellent l’individu non sans mal. L’homme alcoolisé (1,74 g d’alcool dans le sang) s’est recroquevillé sur lui-même, refusant son menottage et son interpellation. Il a également tenu des propos insultants et des menaces à l’encontre d’un des fonctionnaires. Il a été placé en garde à vue après son dégrisement.

La victime a été entendue. Elle évoque ce soir-là les « gifles, les coups de poing au visage, les coups de pied dans le ventre et dans le sexe ». Des coups entraînant des lésions intercérébrales, une double fracture du nez, une perforation du tympan de l’oreille droite et une cinquantaine d’ecchymoses sur le corps. Ce qui lui vaudra 21 jours d’ITT et une semaine d’hospitalisation.

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Relation toxique

Dans sa chambre, leur fils de 12 ans, qui s’est également porté partie civile, a tout entendu mais n’a pas osé sortir. « Il a commencé à être vulgaire. Il a commencé à frapper maman. J’ai vu du sang sur les murs. J’avais plus peur pour ma mère que pour moi. Quand j’entends que ça crie, je m’isole », a-t-il expliqué aux enquêteurs avant d’être placé dans une famille d’accueil.

À la barre, l’homme de 52 ans est bras croisé. À la lecture du dossier, le président de la cour déplore une emprise physique, verbale et surtout psychologique

On a l’impression que votre compagne depuis quinze ans est votre chose, que c’est vous qui décidez. Vous lui reprochez sans cesse une vieille infidélité avec un collègue.

Le président de la cour

Des propos que réfute le prévenu évoquant une relation toxique. « Elle m’a trompé, m’a rabaissé. Elle m’a toujours poussé à bout, me traitant de grosse merde. J’ai toujours su me retenir mais pas cette fois. » « Mais ce n’est pas la première fois que vous la frappez. Il y a déjà eu trop de précédents, ajoute le président. À chaque fois, vous rendez Mme responsable de tous vos maux. N’oubliez pas qu’elle est la victime. »

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Un véritable calvaire 

La substitut du Procureur de la République évoque le « calvaire » subi par la victime. « Vous dites que vous aimez votre fils, mais quelle image du respect des femmes vous lui transmettez ? Nous étions à deux doigts d’un nouveau féminicide… Le prévenu n’assume pas ses actes. Il a passé sa compagne à tabac et n’assume rien. Ni son alcoolisation, ni les coups portés, ni la situation dans laquelle il a mis sa compagne et son fils. »

L’avocat de l’accusation a tenté de nuancer les attaques contre son client, sans pour autant nier la gravité de certains actes. Cela n’aura pas suffi. Outre sa peine de détention, l’homme s’est également vu notifier un suivi sociojudiciaire pour une durée de cinq ans, un retrait de l’exercice de l’autorité parentale, une injonction de soins (pour son addiction à l’alcool), une obligation de trouver un emploi, mais aussi une interdiction de détenir une arme durant cinq ans, une interdiction d’entrer en contact ou de paraître au domicile et sur le lieu de travail de sa concubine.

Le tribunal a fixé à 36 mois la peine encourue en cas de non-respect des obligations. Il devra également s’acquitter de 750 € au titre d’une provision de l’expertise de son ex-compagne et 500 € en provision de l’expertise psychologique de son fils. Il devra enfin indemniser le fonctionnaire de police insulté et menacé de mort à hauteur de 200 €.

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