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Handicap : en Ile-de-France, plus on habite loin de Paris, moins les arrêts de bus sont accessibles

Le handicap au quotidiendossier
L’offre de bus en Ile-de-France c’est 45 086 arrêts, 76 opérateurs différents et plus de 1 900 lignes, mais seulement 28 % de celles-ci est accessible aux personnes à mobilité réduite. Avec une disparité territoriale marquée entre le centre et la périphérie.
par Valentin Stoquer
publié le 4 novembre 2022 à 12h58

Il est encore loin d’être aisé de prendre le bus en situation de handicap en Ile-de-France. Six ans après le lancement par Ile-de-France Mobilités de son SD’AP (pour «schéma directeur d’accessibilité, agenda d’accessibilité programmée»), un document qui trace les contours de l’action à mener pour améliorer les conditions de déplacement, l’heure est au bilan pour l’accessibilité des bus aux personnes à mobilité réduite et plus spécifiquement aux personnes qui se déplacent en fauteuil roulant.

Ile-de-France Mobilités revendique comme accessible 57 % des 908 lignes prioritaires, classées comme tel par l’organisme car desservant des pôles administratifs, des hôpitaux, ou des services publics. Une première avancée qui ne dessine pas encore l’horizon du tout-accessible : sur les 1 900 lignes franciliennes, seulement 28 % sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Plus loin et moins accessible

Les conditions posées par Ile-de-France Mobilités pour qu’une ligne soit accessible sont claires, au moins 70 % des arrêts de la ligne accessibles avec des aménagements comme un faible écart entre la chaussée et l’entrée du bus ou une place suffisante pour accéder à l’arrêt en fauteuil roulant, et l’ensemble des bus de la ligne dotés de rampes d’accessibilités et de places réservées. Côté personnel, les agents doivent être formés à l’accueil des personnes à mobilité réduite et à la manipulation des équipements des bus. Chaque opérateur – ils sont 76 à faire circuler des bus dans la région – est chargé de former ses employés.

Certaines conditions peinent encore à être remplies, notamment la mise en conformité des arrêts. C’est particulièrement le cas en grande couronne : les arrêts de bus accessibles aux personnes à mobilité réduite se font de plus en plus rares lorsqu’on s’éloigne du centre de Paris. En prenant comme point de référence l’hôtel de ville de Paris, il suffit de faire une cinquantaine de kilomètres pour s’éloigner des 50 % d’arrêts accessibles. L’aménagement des arrêts relève des services de voirie de chaque commune et les travaux engagés sont financés à hauteur de 70 % par Ile-de-France Mobilités, à condition que la ligne de bus soit classée comme prioritaire.

A Paris, les Noctiliens font exception

Si l’organisme de transport francilien assure avoir saisi à plusieurs reprises l’ensemble des collectivités desservies par ces lignes de bus, la carte de l’accessibilité se teinte de rouge au fil des kilomètres hors Paris. Au total, ce ne sont que 39 % des arrêts qui sont accessibles sur la région. Les disparités d’accessibilités sont fortes entre les huit départements de l’Ile-de-France : la Seine-et-Marne, le Val-d’Oise, les Yvelines et l’Essonne, qui concentrent près de 70 % des arrêts de la région, font pâle figure à côté des Hauts-de-Seine ou de Paris. Ile-de-France Mobilités et les opérateurs de transport privés ou publics qui assurent les trajets dans la région sont en déficit de quelque 8 000 arrêts conformes pour atteindre l’objectif de 23 625 arrêts fixé dans le SD’AP.

Dans sa globalité, le centre de Paris est bien fourni en ligne de bus accessibles. Dans la capitale, 91 % des lignes RATP déclarées accessibles aux personnes à mobilité réduite de jour. La situation se corse une fois la nuit tombée. Certaines lignes de Noctiliens ont échappé à la mise en conformité. En effet, le SD’AP fixait un cap de 100% des lignes accessibles pour les Noctiliens. Avec 14 lignes conformes sur 32, le résultat n’y est pas encore.

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