CLIMAT - Alors que la Cop 27 ouvre officiellement ses portes aux dirigeants politiques du monde entier ce lundi 7 novembre, la voix de François Gemenne, rapporteur pour le Giec, n’est pas porteuse de nouvelles encourageantes pour le climat. Même s’il reste convaincu que cet événement à Charm el-Cheikh peut se donner « des objectifs atteignables ».
Pour ce spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement interrogé par franceinfo dimanche, la Cop 27, « c’est comme si vous cherchiez à perdre du poids. En réalité, il n’est jamais trop tard. Tout ce que vous allez réussir à faire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre va aussi limiter l’augmentation de la température ».
Sur la question du climat, faut-il toujours dire la vérité, quitte à doucher certains espoirs ? Je n’ai pas la répo… https://t.co/PPekHiHliK
— François Gemenne (@Gemenne)
Le chercheur plaide d’ailleurs pour une révision des objectifs sur l’augmentation de la température, devenus « hors d’atteinte » selon son expertise. « Je pense qu’il faut pouvoir se donner des objectifs atteignables qui ne soient pas des chimères. Moi, je plaide pour qu’on fixe un objectif à 2 degrés qui était l’objectif initialement retenu par l’accord de Paris. L’objectif de 1,5 degré avait essentiellement été choisi pour faire plaisir aux petits États insulaires », explique François Gemenne.
D’après lui, l’objectif d’une augmentation de la température de 1,5 degré d’ici à la fin du siècle est désormais illusoire : « Il faut dire la vérité aux gens, cet objectif ne me semble plus atteignable. Nous serons à 1,5 degré d’élévation de la température d’ici 2035 environ ».
« Plus nous attendons, plus l’addition augmentent »
« Tout ce que vous allez réussir à faire pour limiter les émissions de gaz à effet de serre va aussi limiter l’augmentation de la température. C’est donc cela qu’on va chercher à faire à la Cop 27 », explique également le spécialiste.
Parmi les sujets principaux de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de cette année, l’épineuse question du financement des dégâts climatiques devrait être posée, pour éviter une fracture toujours plus grande entre États du Sud et du Nord.
Si « les pays du Sud ont besoin (de financements) pour engager eux aussi leur transition énergétique, choisir une trajectoire de développement décarbonée et pour s’adapter aux conséquences du changement climatique », « il faut aussi de l’argent pour compenser les pertes liées aux dégâts du changement climatique là où l’adaptation n’est plus possible », ajoute François Gemenne auprès de franceinfo.
Et il souligne aussi la création d’un ressentiment dans les pays du Sud, en raison des promesses non tenues sur l’aide financière du Nord : « Dès la COP15, en 2009, on avait promis un fonds annuel de 100 milliards de dollars mais on n’en est toujours qu’à 86 milliards [...] Mais si nous arrivons enfin cette année à 100 milliards, ce serait déjà un pas symbolique important pour rétablir une forme de confiance ».
De quoi lui inspirer la formule suivante pour conclure : « Plus nous attendons, plus les températures augmentent et plus l’addition augmente », d’où l’urgence que « le financement suive » de la part des pays du Nord lors de cette Cop 27 en Égypte.
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