L’eurodéputé du Rassemblement national Hervé Juvin condamné pour violences conjugales

Herve Juvin, le 7 mai 2021.

Herve Juvin, le 7 mai 2021. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

INFO « OBS ». La cour d’appel de Paris a condamné, le 14 octobre, l’eurodéputé RN Hervé Juvin pour des violences commises sur son épouse en juin 2018. Sur demande du nouveau président, Jordan Bardella, il devrait être amené à quitter le groupe RN au Parlement européen.

Selon les informations de « l’Obs », la cour d’appel de Paris a condamné, le 14 octobre dernier, l’eurodéputé du Rassemblement national, Hervé Juvin, à 10 000 euros d’amende pour violences sur son épouse. En première instance, le 10 novembre 2021, l’élu avait été condamné à six mois prison avec sursis pour trois épisodes de violences mais avait fait appel. Les faits à nouveau sanctionnés en appel – cette condamnation est donc définitive – concernent des violences survenues en juin 2018. En l’espèce, « des coups de pied » et « des coups de poing ». Selon la condamnation, que « l’Obs » a pu consulter, il aurait également « poussé dans les escaliers » son épouse et lui aurait « tordu la main ».

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Contacté ce lundi par « l’Obs », Hervé Juvin n’a pas donné suite. De son côté, le RN fait savoir que « ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella n’avaient connaissance de cette condamnation en appel et de la condamnation en première instance ». Par conséquent, indique-t-on, « Hervé Juvin n’étant pas adhérent du parti mais un soutien, Jordan Bardella va lui demander de quitter le groupe RN au Parlement européen, ainsi qu’au conseil régional des Pays-de-la-Loire. »

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Juvin, une « influence générale » sur le projet frontiste

Hervé Juvin, 66 ans, élu en 2019 sous la bannière RN au Parlement européen, s’est rapproché de Marine Le Pen au milieu des années 2010. Conseiller de l’écolo Corinne Lepage, au début des années 2000, notamment lors de sa précandidature à la présidentielle de 2007, il était depuis régulièrement présenté comme le spécialiste de la cheffe de file du RN sur les questions relatives à l’écologie, et comme l’un des rares intellectuels et essayistes du parti d’extrême droite. Son ascension au sein de l’appareil frontiste avait fait de lui un des favoris pour prendre la tête de liste aux européennes de 2019 – finalement attribuée à Jordan Bardella. Partisan de l’abandon de la ligne antieuropéenne du mouvement, Hervé Juvin est perçu en interne comme une des meilleures illustrations de la dédiabolisation si recherchée par Marine Le Pen depuis une dizaine d’années. Signe de cette confiance, elle l’avait propulsé tête de liste RN lors des élections régionales de 2021 dans les Pays de la Loire. En sein des instances européennes, Marine Le Pen avait réussi à l’imposer à la tête de la Fondation ID, la fondation accolée au parti Identité et démocratie (ID), du nom du groupe politique au Parlement européen auquel est rattaché le RN. Cette présidence, selon nos informations, devrait également lui être retirée par la nouvelle direction du RN.

Affiche de Marine Le Pen et Hervé Juvin, lors des régionales de 2021.

Affiche de Marine Le Pen et Hervé Juvin, lors des régionales de 2021. MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS VIA AFP

Absent officiellement des instances du parti, Hervé Juvin ne figure pas au sein du bureau national et du bureau exécutif composés par Bardella. Mais il reste pourtant très écouté par Marine Le Pen, confirmait son conseiller spécial, Philippe Olivier, au printemps dernier, dans « les Echos » : « Juvin a une influence générale sur le projet européen, l’écologie et l’économie. » Hervé Juvin s’était aussi illustré, à l’été 2021, en se rendant en Syrie, au côté des frontistes Thierry Mariani et Andréa Kotarac, pour discuter avec le dictateur Bachar el-Assad. Fin octobre dernier, « l’Express » avait en outre évoqué le rôle joué par l’eurodéputé dans le cadre d’échanges entre l’appareil frontiste et des représentants du régime chinois en France.

Lors de la présidentielle, la candidate n’avait pas hésité à présenter Hervé Juvin comme son futur ministre de l’Ecologie en cas de victoire – et ce, alors que la plainte de son épouse avait déjà fait l’objet, en novembre 2019, d’un article du « Point » et d’une condamnation en première instance. Là encore, le RN explique avoir ignoré cette première décision de justice, « sinon, une demande de mise en retrait lui serait immédiatement parvenue ». « Pour ce qui est du dépôt de plainte en 2019, la ligne est toujours la même : nous sommes attachés à la présomption d’innocence et seule une condamnation devant la justice peut motiver une sanction », détaille-t-on dans l’entourage de Marine Le Pen.

La condamnation en appel d’Hervé Juvin intervient à un moment particulièrement délicat. Alors que Jordan Bardella a été élu triomphalement à la tête du RN ce week-end, son sacre a été en partie gâché par le début de fronde de plusieurs proches de Marine Le Pen, déçus de ne pas siéger dans les nouvelles instances du parti et qui suspectent son nouveau président de vouloir imposer une ligne politique plus identitaire. En fin de semaine dernière, le RN était également sorti abîmé d’une séquence agitée à l’Assemblée nationale, qui a abouti à l’exclusion pour deux semaines du député de la Gironde, Grégoire de Fournas, en raison de propos à teneur raciste tenus au sein de l’Hémicycle.

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