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Face aux vols à répétition, des commerçants parisiens affichent leurs clients pris en flagrant délit

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Afficher les images de vidéo surveillance pour dissuader les clients de voler, c'est le pari de plusieurs commerçants parisiens. La méthode est illégale mais justifiée comme un ultime recours.

Photos de clients présumés "voleurs" affichées sur la vitrine d'un magasin au sud de Paris Photos de clients présumés "voleurs" affichées sur la vitrine d'un magasin au sud de Paris
Photos de clients présumés "voleurs" affichées sur la vitrine d'un magasin au sud de Paris © Radio France - Valentin BERTRAND

Aux États-Unis il y aurait marqué "WANTED", à Paris c'est "VOLEUR" écrit en grosses lettres rouges. Sur la vitrine d'une enseigne bien connue, dans le sud de la capitale, sept portraits de clients "voleurs" présumés sont affichés. Une initiative prise, il y a un mois, par le gérant pour faire face à des vols importants.

"On a de plus en plus de voleurs. Ils ciblent les produits laitiers (à commencer par le fromage et le beure), la viande et les produits de beauté", explique Olivier*. Un ressenti – appuyé par l'inflation – mais qui se heurte aux chiffres de la Préfecture de police de Paris. Selon l'instance, les vols à l'étalage sont en baisse : -9,98% entre août et octobre 2022 comparé à la même période de l'année passée. Une tendance impossible à vérifier auprès des grands noms de la distribution qui refusent de communiquer sur les vols.

Afficher... une pratique illégale

Selon Olivier, gérant de ce magasin où des clients "voleurs" sont affichés sur la vitrine, cette baisse s'explique par le fait que de moins en moins de commerçants portent plainte en cas de vol. Lui-même y a quasiment renoncé pour les délits mineurs : "Il y a 15 jours, je suis allé déposer plainte. J'ai attendu quatre heures alors que le voleur a mis 8 minutes pour sortir du magasin.".

Olivier a donc décidé de "faire la police lui-même", avec un objectif : dissuader. C'est pourtant une atteinte assumée au droit à l'image et à la présomption d'innocence. Qu'importe : "A partir du moment où la personne sort avec des produits sans passer en caisse, il n'y a plus de présomption d'innocence pour moi", appuie Olivier.

3% du chiffre d'affaires perdus

Cette technique est pour le gérant moins couteuse qu'un service de vigile dont il estime ne pas avoir les moyens de se doter. C'est surtout une tentative de limiter la part des vols qui représente actuellement 3% du chiffre d'affaires de son commerce. S'il était attaqué, il encourt (en théorie) jusqu'à 1 an de prison et 45.000 euros d'amende.

En pratique, le droit est plus complexe. "Pour attaquer le commerçant, il faudrait dire qu'on se reconnaît sur l'une des photos. Et dire cela, c'est se reconnaître coupable de vol. La personne est donc pris au piège de cette situation", explique l'avocate Delphine Meillet.

A notre connaissance, il y a au moins un autre commerçant avec les même clichés dans le nord de Paris.

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* Les prénoms ont été modifiés.

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