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La famille d'Alaa Abdel Fattah veut une preuve de vie


La famille d'Alaa Abdel Fattah veut une preuve de vie

Sanaa Seif (d.), la soeur du détenu politique égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, et la directrice exécutive d'Human Rights Watch Tirana Hassan, lors d'une conférence de presse à Charm el-Cheikh, en Egypte, le 8 novembre 2022. Photo Fayez Nureldine / AFP

La famille du détenu politique égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, en danger de mort après sept mois de grève de la faim, a réclamé mercredi une preuve de vie, alors que des responsables égyptiens organisent la riposte aux pressions internationales.

Les proches du blogueur prodémocratie, qui aura 41 ans le 18 novembre, s'inquiètent de ne pas avoir de nouvelles de l'autorité pénitentiaire alors que, selon eux, circulent "des rumeurs selon lesquelles il serait nourri de force et sous sédatif".

Depuis qu'il a cessé de boire à l'ouverture de la COP27 en Egypte dimanche, sa mère Laila Soueif se rend chaque jour à la prison mais n'a pas pu jusqu'à présent obtenir de preuve de vie ni faire passer livres et vêtements à son fils.

"Aujourd'hui, ils n'ont pas pris la lettre de maman pour Alaa", a indiqué sa soeur Mona Seif sur Twitter. "Est-ce que cela veut dire qu'il est dans un état qui l'empêche de recevoir une lettre? Ou qu'il n'est plus dans cette prison?". Sa tante, la célèbre écrivaine Ahdaf Soueif, appelle désormais à ce qu'il soit "transféré en urgence à l'hôpital universitaire de Qasr al-Aini", le plus grand établissement public de santé du Caire, pour "que d'autres représentants que ceux de l'Etat aient accès à lui, comme ses avocats ou un représentant de l'ambassade britannique". La Grande-Bretagne, elle, ne commente pas.

"Alaa libre et avec sa famille"

Au lendemain d'une intense journée de pressions diplomatiques, de retour à Londres, le Premier ministre britannique Rishi Sunak n'a pas répondu au Parlement qui l'interrogeait sur d'éventuels progrès quant à la libération de celui qui est devenu le symbole des plus de 60.000 détenus d'opinion, selon des ONG, dans le pays régulièrement accusé de violer les droits humains. "Nous voulons voir Alaa libre et avec sa famille dès que possible (...) et nous continuerons à exhorter les autorités égyptiennes à résoudre la situation", a seulement dit M. Sunak.

Icône de la "révolution" de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak -un mouvement populaire que le président actuel Abdel Fattah al-Sissi dénonce régulièrement- Alaa Abdel Fattah a été arrêté fin 2019 puis condamné à cinq ans de prison pour "fausses informations" après avoir reposté sur Facebook un texte accusant un officier de torture.

Le 2 avril, il a décidé de ne plus avaler qu'un verre de thé et une cuillère de miel par jour. Il y a une semaine, il a totalement cessé de se nourrir avant de cesser de boire il y a quatre jours, selon ses proches. Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, président de la COP27, a répété ces derniers jours qu'il "bénéficie de tous les soins nécessaires". Mais pour Ahdaf Soueif, "l'hôpital de la prison n'a probablement pas l'équipement nécessaire pour le cas rare d'un patient qui a vécu pendant six mois avec seulement 100 calories par jour".

"Insulte" à l'Egypte

Mardi, alors que ses défenseurs ne lui donnent que quelques jours à vivre, plusieurs dirigeants ont évoqué son cas avec M. Sissi à la COP27.

Paris, Londres et Berlin ont réclamé sa libération, le jour même où sa soeur était prise à partie dans l'enceinte de la COP27 par un député pro-Sissi, Amr Darwich, finalement évacué par la sécurité de l'ONU.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a dit "regretter profondément que les autorités égyptiennes n'aient toujours pas libéré le blogueur et militant" dont "la vie est en grand danger". Il a également dénoncé détentions "arbitraires" et "procès inéquitables" en Egypte, où M. Sissi lançait en avril une série de grâces présidentielles.

De la poudre aux yeux, répond Amnesty International: en sept mois, 766 prisonniers politiques ont été libérés mais 1.540 autres arrêtés. En solidarité avec tous ceux-là, trois journalistes égyptiennes mènent depuis trois jours une grève de la faim au Caire. Les accusations de M. Türk ont déclenché une levée de boucliers chez les partisans du régime.

La mission égyptienne à Genève a dénoncé "des insultes inacceptables" et des accusations "basées sur des on-dit". L'ONU sort de son rôle en "questionnant l'indépendance des juges égyptiens", affirme-t-elle dans une lettre officielle, alors que le pays est 136è sur 139 pays au classement mondial de l'Etat de droit du World Justice Project.

De son côté, le médiatique député Moustafa Bakri a envoyé "une communication urgente" au Parlement pour qu'il condamne l'évacuation du député Darwich par l'ONU.

La famille du détenu politique égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, en danger de mort après sept mois de grève de la faim, a réclamé mercredi une preuve de vie, alors que des responsables égyptiens organisent la riposte aux pressions internationales.Les proches du blogueur prodémocratie, qui aura 41 ans le 18 novembre, s'inquiètent de ne pas avoir de nouvelles de l'autorité...