Brésil : pour transporter le fer mondial, ces 890 kilomètres de rails bouleversent d’innombrables vies

Pendant des années, un photographe a immortalisé la vie de communautés ébranlées par une ligne de fret ferroviaire qui traverse la jungle montagneuse pour rejoindre les ports de la façade atlantique.

De La Rédaction National Geographic
Photographies de Ian Cheibub
Publication 9 nov. 2022, 17:51 CET
À Piquiá de Baixo, les habitants jouent dans une rivière polluée par les usines sidérurgiques des ...

À Piquiá de Baixo, les habitants jouent dans une rivière polluée par les usines sidérurgiques des alentours qui traitent le minerai de fer extrait de la Mina de Carajás, la plus grande mine de fer du monde. Un train chargé de matière première traverse le pont environ toutes les vingt minutes.

À la lisière de la forêt amazonienne de l'État du Pará, dans le nord du Brésil, se trouve la plus grande mine de fer de la planète. Les métaux extraits des profondeurs de la Mina de Carajás entrent dans la fabrication d'appareils et d'objets du quotidien vendus aux quatre coins du globe.

Chaque année, des tonnes de matières premières sont extraites de la mine de Carajás (près de 100 millions de tonnes rien qu'en 2020). Une quantité telle qu’il est presque impossible dans le monde d'aujourd'hui de passer à côté de ce matériau gris et fuligineux, lustré et étincelé dans notre machine à laver, qui est souvent le produit du commerce mondial. Mais comment transporter une telle quantité de fer ? Surtout lorsque l'on sait qu'elle part d'une mine en plein cœur de la forêt sous la forme de minerais pour arriver sous forme d'acier à un port maritime à partir duquel elle peut ensuite être expédiée dans les endroits les plus reculés du monde ?

La réponse se trouve dans une ligne ferroviaire de 892 kilomètres de long qui s’étend de la mine, profondément enfouie dans la jungle montagneuse, jusqu’au port de Ponta de Madeira à São Luís, au bord de l’océan Atlantique. Le train, qui  transporte le métal dans des wagons de marchandise, traverse la région, franchit les rivières grâce des ponts à tréteaux et s'arrête aux raffineries installées sur son chemin.

Le « Grand projet Carajás », propriété de Vale S.A., la société minière brésilienne chargée de l’exploitation industrielle de la mine et de la voie ferrée, est étroitement surveillé par les organisations internationales de défense des droits humains et de l'environnement, qui l’accusent d’abus et de violations bouleversant la vie des nombreuses communautés résidant le long de la voie ferrée.

Certaines habitations ont été jugées insalubres à cause des grondements constants des trains ; d’autres ont été déplacées pour laisser passer les rails, contraignant des personnes à déménager. Des habitants ayant traversé les rails à des endroits non sécurisés ont été écrasés. 

Dans le village de Piquiá de Baixo, particulièrement touché par le chemin de fer et où des aciéries furent construites dans les années 1980, presque 65 % de la population locale souffre désormais de problèmes respiratoires, d’après une étude de 2012 de la Fédération internationale des droits humains, citée en 2020 dans un rapport de l’ONU, après une visite du Conseil des droits de l’homme dans la région.

D’autres personnes ont développé des maladies ophtalmologiques et dermatologiques ainsi que des brûlures à cause de résidus et de déchets toxiques mal éliminés provenant de « fonte brute », un produit intermédiaire issue de la transformation du fer en acier.

Ces trois dernières années, le photographe brésilien Ian Cheibub a passé plusieurs mois à suivre la voie ferrée et à passer du temps avec les communités vivant le long des rails. Les photographies, prises originellement en noir et blanc, dévoilent un monde transformé par la ligne de fret ferroviaire.

Ian Cheibub est un conteur visuel installé au Brésil. Il réalise actuellement des reportages au Brésil pour des médias internationaux. Ses photographies et ses vidéos ont été publiées entre autres dans le magazine GEO, Der Spiegel, The Guardian, De Volkskrant, STERN, VICE et NRC.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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