Guerre en Ukraine : Les dépenses pour les antidépresseurs ont bondi de 70 % en Russie
nerfs à vif•Le célèbre antidépresseur Zoloft a déjà disparu des pharmaciesM.P. avec AFP
Ventes d’antidépresseurs et consultations de psychologues qui explosent… Après des mois d’offensive militaire en Ukraine, l’angoisse est au plus haut chez de nombreux Russes, rattrapés par un conflit qu’ils s’étaient efforcés d’ignorer. Outre le choc provoqué par la mobilisation, l’enlisement du conflit et des déclarations de plus en plus alarmistes de Moscou, agitant la menace nucléaire, stressent également les Russes.
Fin septembre, après l’annonce de la mobilisation, 70 % des Russes se disaient « angoissés », un taux record jamais enregistré par l’Institut de sondage FOM, favorable au Kremlin. Un mois plus tard, le Centre Levada, un institut indépendant, rapportait que près de neuf Russes sur dix se disaient « inquiets » de la situation autour de l’Ukraine.
Et les dernières déclarations du Kremlin ne risquent pas d’apaiser la population. Dans ce climat, les dépenses pour les antidépresseurs ont bondi de 70 %, et de 56 % pour les calmants, au cours des neuf premiers mois de l’année, par rapport à la même période en 2021, selon les autorités. Le service de consultations psychologiques en ligne YouTalk a vu « le nombre de demandes augmenter de 40 % depuis la mobilisation », indique sa cofondatrice, la psychologue Anna Krymskaïa, avec « une augmentation de 50 % du nombre de personnes se plaignant de dépression ».
57 % des Russes se disent « pour des pourparlers avec Kiev »
Ainsi, un célèbre antidépresseur, Zoloft, a déjà disparu des pharmacies, et les Russes « se sont rués pour faire des stocks avec d’autres médicaments encore disponibles, et ils ont bien fait », explique Oleg Levine, un neurologue moscovite réputé. « Pour ou contre l’opération (en Ukraine), tous s’inquiètent de l’avenir », résume le neurologue, qui a vu le nombre de patients prenant des antidépresseurs augmenter d’un quart depuis février.
Fin octobre, 57 % des Russes se disaient « pour des pourparlers avec Kiev », soit neuf points de plus que le mois précédent, selon le Centre Levada. Et alors que le conflit s’étire, les psychologues s’inquiètent déjà de ses retombées à long terme. Amina Nazaralieva, psychologue-sexologue à la clinique privée Mental Health à Moscou, redoute déjà le retour des réservistes dont une partie souffrira « immanquablement de troubles de stress post-traumatique et d’alcoolisme ». Et de conclure : « Le pays entier sera traumatisé pour longtemps. »
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