Ils se retrouvent au fond d'une forêt du Morvan, dans une cabane en bois, avec leurs meutes de chiens, pour traquer les chevreuils et les sangliers. Le goût de la chasse les a pris très jeunes, ils se souviennent de leurs premières mises à mort.
Lycéen originaire de Bourgogne, François, 15 ans, revient sur la première fois qu’il a tué un animal. “Mon père était à côté, il m’a félicité, il m’a pris dans ses bras. J’étais content de le tuer devant lui.”
François nous raconte ensuite son baptême de chasse.
“Comme c'est mon père qui s'occupe des baptêmes dans notre chasse, il a découpé l'oreille du sanglier, il a mis de la poudre dedans et l’a allumée. Ça s'est enflammé et on y a mis de l'herbe de sapin pour rendre hommage à la bête et pour que le baptême soit joli à voir. Et après, ils ont mis du sang sur notre front ou sur notre visage pour nous baptiser.” François
Marceau, 26 ans, a grandi en Normandie et vit aujourd’hui dans le Cher où il est ingénieur forestier.
Chasseur depuis ses 16 ans, Marceau se souvient précisément de la première fois qu’il a tué un sanglier. Il faisait 70 kg et son tir a atteint la cuisse de l’animal. Il n’a pas tiré de nouveau car des chiens d’autres chasseurs étaient arrivés sur le lieu, et pour que le sanglier ne blesse pas les chiens, il a tué l’animal d’un coup de dague dans le cœur.
Nouvellement salariée dans un cabinet d'expert-comptable, Chloé, 25 ans, raconte la fois où elle a tué un cerf. Elle avait 20 ans et était partie au Portugal avec son copain Alex pour y chasser des cerfs. Le dernier soir de leur séjour, Chloé et Alex voient un cerf à 150 mètres d’eux.
“Je mets mon œil dans la lunette et là, je zoome pour voir le cerf en entier. Je vise l'épaule qui est la zone vitale, c'est là où il y a le cœur et les poumons pour faire une balle propre. Et donc je me prépare, je me concentre, je prends la dernière respiration et je tire.” Chloé
“Le dernier soir, j'ai pu faire mon premier cerf, après une semaine assez compliquée. Je me souviens que j'ai eu les larmes aux yeux. Des larmes de joie, on peut dire ça, il ne faut pas se cacher.” Chloé
“On me donne une petite brisée, une petite branche, et je la mets dans la bouche de mon animal pour lui rendre les honneurs et pour le remercier en quelque sorte.” Chloé
Pour Chloé, la chasse est une manière d’aider des forestiers, des agriculteurs et de nourrir ses proches.
“Je ne peux pas dire qu'on ne ressent rien quand on dague un sanglier. On n'est pas des robots, on est des humains, on a un cœur, on a une âme, on a tout ça. Le sanglier aussi, mais c'est comme ça.”
Merci à Jean-Philippe Patillault, François Fricant, Alexandre Mercier, Chloé Donzé, Sébastien, Philippe et Lucas.
- Reportage : Pauline Maucort
- Réalisation : Emmanuel Geoffroy
Musique de fin : Sunday Bloody Sunday par IGNITE
Pour aller plus loin
Sascha Garcia, "Chasse : en un mois, deux morts et des dizaines de blessés", Libération, 25/10/2022
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