Près de Rouen, il asperge sa compagne d'ammoniaque et menace de l'immoler : un homme condamné

Un homme a été condamné par le tribunal correctionnel de Rouen, le 18 novembre 2022, pour avoir aspergé sa compagne d'ammoniaque et menacé de l’immoler, à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Trois hommes ont été jugés par le tribunal correctionnel de Rouen.
Un homme a été condamné par le tribunal correctionnel de Rouen, le 18 novembre 2022, pour avoir aspergé sa compagne d’ammoniaque et menacé de l’immoler, à Saint-Étienne-du-Rouvray. (©Manon Leterq/76actu/Illustration)
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Vendredi 18 novembre 2022, le tribunal correctionnel de Rouen a jugé une affaire qui aurait pu tourner au drame. Les faits remontent au 25 septembre 2022. En fin de journée, la police est appelée à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), près de Rouen, au domicile d’un couple où s’est réfugiée une voisine. Cette dernière, en état de choc, explique aux forces de l’ordre que son compagnon, ivre, lui a aspergé le visage avec une bouteille d’ammoniaque, avant de l’attraper par le visage pour l’approcher d’un four électrique.

Une forte odeur d’ammoniaque

La femme a réussi à prendre la fuite avec ses enfants. Le mis en cause, toujours sur place, reconnaît avoir eu un différend avec sa compagne. À son domicile, les policiers sentent une forte odeur d’ammoniaque et retrouvent une bouteille vide au sol.

Interpellé et placé en garde à vue, l’homme dit ne pas se souvenir des faits. Examiné par un psychiatre, il est immédiatement conduit à l’hôpital psychiatrique où il y restera 17 jours. Dans son rapport, l’expert indique que l’individu présente une immaturité et une impulsivité avec un dysfonctionnement pathologique aggravé par son alcoolisation massive. Il conclut à une altération de son discernement au moment des faits et recommande une injonction de soins.

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« Il avait la rage »

Entendue plus précisément, la victime explique qu’une première dispute a éclaté dans la matinée. Elle a décidé de quitter les lieux pour se rendre chez une amie. Son compagnon lui a alors envoyé des messages menaçant de « tout brûler », raconte-t-elle. A son retour, elle dit l’avoir découvert « ivre mort », allongé sur l’herbe.

Lorsque je lui ai demandé les papiers du PACS pour des démarches, il me les a jetés au visage, m’a attrapé le cou, avant de me vider le liquide inflammable sur le visage et d’ouvrir la porte du four sous les yeux de ses enfants.

La femme du prévenu

La victime indique avoir repoussé son agresseur, le faisant chuter au sol, avant de s’enfuir. En partant, son compagnon l’aurait menacé « de tuer et pendre ses enfants ». « Il avait la rage, il bavait, je ne l’ai jamais vu comme ça, j’ai eu la peur de ma vie », lâche cette mère de famille. Examinée par un médecin, elle écope d’une incapacité totale de travail de quatre jours.

Ses enfants ont « peur de lui »

Entendus, les enfants confirment les déclarations de leur maman. « J’ai peur de lui, je ne veux plus jamais le voir », déclarent-ils à propos de leur père.

Également interrogée, la voisine raconte que quand elle a ouvert la porte à son amie, cette dernière « hurlait, tremblait de partout ; elle était blanche et trempée. Elle puait un produit. Je lui ai dit d’aller se laver, elle sentait l’alcool à brûler ».

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Elle se dit prête à revivre sous le même toit

A l’audience, le prévenu ne conteste pas les faits mais assure ne pas en avoir gardé le moindre souvenir. Il explique être alcoolique « depuis son adolescence » et affirme « vouloir se soigner » afin « que ça ne nuise pas à [son] évolution ».

Présente à l’audience, elle aussi, sa compagne confirme ses déclarations. Pour autant, elle se fait un devoir « de le sauver ». À une question du ministère public, elle se dit prête à le reprendre au domicile conjugal, « sous réserve qu’il se soigne ». Assistée de son conseil, la victime se constitue partie civile en son nom personnel et pour ses enfants. Et sollicite la somme de 2650 euros de dommages et intérêts.

« L’amour n’excuse pas tout »

De son côté, le ministère public fait part de son inquiétude : « L’amour n’excuse pas tout. Quand en septembre, on risque de finir la tête dans un four et que deux mois après, on vient nous dire que le prévenu peut revenir au domicile, je me questionne. » Il rappelle à la juridiction qu’à l’origine, ce dossier était ouvert du chef de tentative de meurtre et que ces faits ont été commis dans un contexte d’alcoolisation massive par un prévenu à la personnalité inquiétante.

Le parquet estime que ces faits d’une particulière gravité on eut un retentissement important sur les victimes. Il requiert deux ans d’emprisonnement dont un an assorti d’un sursis probatoire pendant deux ans avec obligation de soins en lien avec l’alcool et l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs ainsi que de paraître au domicile des victimes. Le ministère public demande le maintien en détention du prévenu.

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« Une personne malade »

La défense rappelle, quant à elle, la complexité de ce dossier, « en raison de l’état psychiatrique » de son client. À ce titre, l’avocat souligne l’altération du discernement du prévenu (retenu par l’expert), qui n’est pas lié à son alcoolisme « mais à une enfance chaotique où des violences sexuelles ont pu avoir lieu », argue le conseil. Ce dernier estime que l’incarcération « d’une personne malade » serait contre-productive et sollicite un suivi extrêmement renforcé.

Le tribunal déclare finalement le prévenu coupable des faits reprochés et le condamne à un an d’emprisonnement dont neuf mois qu’il exécutera en semi-liberté. L’homme devra également se plier à un suivi socio judiciaire pendant trois ans avec injonction de soins, interdiction de paraître au domicile de la victime, d’entrer en contact avec elle et ses enfants et de détenir ou de porter une arme. Il devra verser en outre la somme de 2 600 euros de dommages et intérêts à sa compagne.*

* Cette peine est susceptible d’appel. Toute personne est présumée innocente tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.

De notre correspondant Frédéric Bernard

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