Nous sommes en 2022 : peut-on imaginer vivre sans toilettes ?” s’interroge depuis New Delhi le magazine Down to Earth à la veille de la Journée mondiale des toilettes, célébrée chaque 19 novembre depuis 2001. Or, de fait, près de 1 foyer indien sur 5 (19 %) n’a toujours pas accès à des toilettes. La perspective de généraliser cet accès pour tous à l’horizon 2030, un des objectifs de développement durable des Nations unies, paraît donc improbable, note le journal, à moins de “travailler quatre fois plus vite”.

Au Nigeria, pays hôte du sommet mondial lié à cette journée, Engr Suleiman Adamu, ministre des Ressources en eau, s’est fixé un objectif encore plus ambitieux : “mettre fin à la défécation à l’air libre dans le pays d’ici à 2025”, alors que cela concernerait toujours 48 millions de Nigérians, rapporte le journal Vanguard.

Le Tchad et Madagascar en bas de classement

En 2020, comme le montre ce graphique établi avec des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une grosse majorité des pays dépourvus d’accès à des installations sanitaires dignes de ce nom se trouvait en Afrique. Le Tchad et Madagascar étaient au bas du classement, 12 % environ des habitants y ayant accès. Sur les autres continents, les seuls pays où plus de la moitié de la population ne dispose pas de toilettes étaient la Papouasie-Nouvelle-Guinée (81 % privés d’accès), Haïti (63 %) et quelques nations insulaires du Pacifique sud.

À l’échelle planétaire, rappelle ONU-Eau, l’organisateur de la journée, “3,6 milliards de personnes vivent encore dans de mauvaises conditions d’assainissement, qui dégradent leur santé et polluent leur environnement. Chaque jour, plus de 800 enfants meurent de diarrhées dues à de l’eau insalubre, à des services sanitaires insuffisants et à une mauvaise hygiène”. C’est pourquoi, insiste-t-il, il est nécessaire de “rendre visible l’invisible”, thème de la campagne de cette année.

L’accent sera en particulier mis sur les eaux souterraines. “La défécation en plein air n’est pas seulement une pratique dangereuse”, explique Down To Earth, qui raconte plusieurs histoires de personnes attaquées par des bêtes sauvages. “C’est aussi malsain, car les excréments humains peuvent se répandre dans les rivières, les lacs et le sol, contaminant ainsi les eaux souterraines.”