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Précarité alimentaire : "Je n'ai pas fait mes courses depuis deux semaines", confie une étudiante à Bordeaux

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Alors que les Restos du Cœur lancent ce mardi leur campagne annuelle, les jeunes rencontrent de plus en plus de difficultés à s'alimenter correctement avec l'inflation.

Le Comptoir d'Aliénor, l'épicerie solidaire de l'association ATENA sur le campus de Bordeaux Le Comptoir d'Aliénor, l'épicerie solidaire de l'association ATENA sur le campus de Bordeaux
Le Comptoir d'Aliénor, l'épicerie solidaire de l'association ATENA sur le campus de Bordeaux © Radio France - Clément Carpentier

C'est un jour toujours important. Ce mardi, les Restos du Cœur lancent leur 38e campagne annuelle. Tout ça dans un contexte toujours aussi difficile. Après le Covid, c'est l'inflation qui frappe durement le portefeuille des Français. Depuis avril, le nombre de bénéficiaires a bondi de 12 % selon l'association fondée par Coluche. La précarité, elle, est toujours plus forte puisque 60% vivent dans l’extrême pauvreté (30% n’ont même aucune ressource selon les Restos du Cœur). 

"On va dire que je mange très souvent des pâtes au beurre"

Depuis quelque temps, les étudiants souffrent particulièrement. Ils sont des milliers à solliciter l'aide alimentaire et les queues ne cessent de s'allonger lors des distributions. À Bordeaux, les étudiants du campus n'échappent pas ses difficultés. L'association territoriale des étudiants aquitains (ATENA) a ouvert une épicerie solidaire il y a quelques années et le constat est limpide pour son président, Hugo Lopes : "On est de plus en plus sollicité. A la fin de l'année dernière, on était à 240 inscrits, un record pour nous. Là, on est au mois de novembre et on approche déjà les 150 colis distribués chaque semaine, c'est vous dire". 

Laurine, qui a dû abandonner son CDI récemment pour se concentrer sur ses études, n'a par exemple pas fait ses courses depuis deux semaines. Même chose pour sa camarade en licence, Anna : "Moi, j'étais déjà boursière l'année dernière et j'ai eu une baisse de 70 euros cette année. Avant, ça passait tout juste, autant vous dire que là c'est compliqué et moi-aussi je n'ai pas fait de courses depuis deux semaines." Les deux jeunes femmes n'en sont pas à sauter des repas mais ce n'est pas évident tous les jours : "On va dire que je mange très souvent des pâtes au beurre et ce n'est pas top du tout de manger toujours la même chose. Ce n'est pas très varié." Malgré cette situation, elles préfèrent garder le sourire car comme elles disent, "il y a encore bien pire que nous". 

"Les fins de mois deviennent vraiment compliquées"

Il faut dire que selon une étude de l'association Linkee faite auprès de 4.000 étudiants, 97% se restreignent sur la qualité et la quantité de leur alimentation. Hugo Lopes rappelle d'ailleurs que la précarité étudiante, "ce n'est pas que des personnes qui se nourrissent pas mais aussi mal. C'est même la face cachée du problème. C'est aussi pour ça qu'on ouvre des épiceries, c'est pour permettre aux étudiants de trouver des produits de base mois chers et libérer un petit budget pour des produits plus variés comme les légumes, les fruits la viande, le poison... Tout ça pour avoir des repas plus équilibrés."

Autre chiffre impressionnant : près de 2 étudiants sur 3 disposent d'un reste à vivre de moins de 50 euros par mois, après avoir payé leurs factures (logement, charges, abonnement de transport, internet et téléphonie). Soit moins de 12€ par semaine. Laurine : "Je confirme qu'on est le 22 du mois et il me reste pas grand-chose sur mon compte, j'ai une grosse semaine à tenir. Les fins de mois deviennent vraiment compliquées et surtout depuis la rentrée." 

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