Seulement pour les jeunes TikTok ? Non. Les avocats d’affaires aussi plébiscitent le réseau social. Séduits par le public hétéroclite de la plateforme et par sa facilité d’utilisation, ils se sont laissé tenter. Certains ont même rapidement trouvé le succès et alimentent des communautés de plusieurs centaines de milliers d’abonnés.

Sur TikTok, du divertissement rien que du divertissement ? Pas si sûr. Le réseau social, fondé il y a six ans, héberge les contenus de créateurs un peu spéciaux et de plus en plus nombreux. Ils sont avocats, notaires, professeurs de droit… Il faut dire que TikTok, longtemps assimilé aux plus jeunes générations, comptabilise près de 1,2 milliard de visiteurs chaque mois. Parmi eux, les Français âgés de plus de 18 ans seraient pas loin de 20 millions. Une audience précieuse, à qui les experts du droit offrent désormais conseils juridiques, explication des grands principes du droit et retour sur leurs parcours. Et si le droit pénal semble emporter la préférence des utilisateurs, le droit des affaires n’est pas en reste.

Une touche d’humour

Alors que l’hashtag “droit“ dépasse les 670 millions de vues sur l’application, l’hashtag “droit des affaires“ atteint, lui, les 2 millions. Un outil de communication “qui permet d’accroître sa proximité et sa visibilité auprès de ses clients“, explique Caroline Laverdet, avocate en droit commercial inscrite au barreau de Paris depuis 2011. Déjà présente sur Instagram, celle qui compte 132 000 abonnés sur TikTok raconte avoir eu envie “de faire son métier de manière originale“. Tout comme Anthony Bem, qui exerce depuis dix-huit ans et a rejoint la plateforme en août dernier : “En tant qu’avocat, je me sentais une mission d’informer les gens sur le droit et sur leurs droits.“ Assisté d’un community manager, il publie une vidéo tous les deux jours. Une stratégie fructueuse, car il compte désormais plus de 300 000 abonnés et reconnaît volontiers que “la force de TikTok, il ne l’a retrouvée dans aucun autre réseau social“. Caroline Laverdet, qui travaille seule, confirme : “Dès que j’ai fait mes premières vidéos de conseils, j’ai eu beaucoup de commentaires. Des personnes qui me remerciaient d’apporter des vidéos sérieuses mais avec une touche d’humour sur TikTok.

"Ne plus pouvoir faire sans"

Conscients que l’application s’adresse surtout aux jeunes de moins de 25 ans, les deux avocats affirment cependant que leur démarche vise en partie à “montrer que la profession n’est pas poussiéreuse“ auprès des moins de 18 ans qui représentent près de 30 % de leurs audiences. Ce que Marina Chauvel, élue au CNB (Conseil national des barreaux), assimile à un enseignement : “C’est un public jeune certes, mais la sensibilisation au droit démarre dès le plus jeune âge.“ Prodiguer des conseils, expliquer des principes juridiques, rassurer sur l’accessibilité de l’avocat, autant de moyens de dynamiser la profession sans nécessairement la vulgariser ou la décrédibiliser.Caroline Laverdet s’amuse d’être désormais qualifiée “d’influenceuse du droit“. Elle veut démontrer que “les avocats aussi peuvent être connectés“. “Cela valorise la profession et permet de communiquer sur le métier d’avocat“, considère pour sa part Marina Chauvel. Mais cette présence sur la plateforme ne fait pas l’unanimité. Manon Francispillai, avocate en droit des affaires et fondatrice du cabinet Primo Avocats, dit s’interroger sur le “côté sérieux de TikTok“. Caroline Laverdet assure, de son côté, grâce à sa visibilité sur le réseau social avoir “beaucoup de contacts de clients potentiels et de demandes de rendez-vous“. Anthony Bem, quant à lui, reconnaît ne “plus pouvoir faire sans“.

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Cuisiner en robe d’avocat

Selon leur règlement intérieur national, les avocats ont l’autorisation d’apparaître dans les médias. Pour ne pas porter atteinte à la profession, ils doivent néanmoins en respecter les principes essentiels : dignité, indépendance ou encore de probité... En outre, ils ne peuvent pas faire fi des principes de délicatesse et de modération. Que ceux qui souhaitent se lancer sur TikTok se lancent, donc. À une condition : “L’avocat doit en informer son ordre en amont, rappelle Marina Chauvel. Cette obligation d’information préalable est d’ailleurs imposée par le règlement intérieur national et peut, en cas de non-respect, conduire à un rappel des règles par l’ordre“. Des prérogatives dont Caroline Laverdet avait conscience. “Quand on tourne des vidéos, on a quand même des règles déontologiques à respecter. Je me demande toujours si mes vidéos ne vont pas nuire à la profession et si la réponse est négative alors il n’y a pas de sujet“. Pour elle, pas question de se lancer dans des vidéos de recettes de cuisine en robe d’avocat.

Estève Duault

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