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Reportage

L’hiver, la nouvelle arme des Russes contre les Ukrainiens

Cela fait neuf mois que la Russie a envahi l’Ukraine. Les soldats ukrainiens ont reconquis la région de Kherson après la retraite de Moscou le 11 novembre, marquant ainsi la plus grande victoire de l'Ukraine dans la guerre jusqu'à présent et le troisième coup dur pour la Russie, après le retrait de ses troupes du nord en avril, puis de Kharkiv en septembre. Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a tiré 70 missiles sur le pays, dont 51 ont été abattus. L’attaque a tué plusieurs personnes, notamment à Kiev, la capitale. Elle a également provoqué des pannes de courant d’urgence et interrompu l’approvisionnement en eau dans plusieurs villes, comme à Lviv, dans l’ouest du pays.

Un soldat ukrainien de retour de la ligne de front près de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, mercredi 23 novembre 2022.
Un soldat ukrainien de retour de la ligne de front près de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, mercredi 23 novembre 2022. AP - Bernat Armangue
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De notre envoyée spéciale à côté de Kramatorsk, dans le Donbass

Mercredi 23 novembre, la Russie a lancé une nouvelle salve de missiles sur l’Ukraine. Résultat, une grande partie du pays a subi des coupures d’électricité et d’eau. Dans un petit hôtel au sud de Kramatorsk, il n’y a ni l’un ni l’autre depuis mercredi après-midi. Et tout le monde n’a pas la chance d’avoir un générateur à portée de main. C’est devenu un objet précieux, impossible à acheter maintenant dans le pays.

C’est en ayant quelques minutes accès à internet que cela donne une lucarne – rapide car les téléphones se déchargent à toute vitesse - sur l’ampleur de l’attaque d’hier, suite à laquelle le président Zelensky a déploré un résultat tragique, tout en promettant que les Ukrainiens allaient tout surmonter.

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Et cette résilience, on la voit sur le terrain. Mercredi, l’hôpital de Kramatorsk était plongé dans le noir, alors que c’est là que sont reçus les militaires blessés sur le front de Bakhmut, notamment, où ces soldats se battent depuis des mois, avec très peu de repos. Ils sont épuisés sur la ligne de front la plus active d’Ukraine.

Pas d’exception dans cet hôpital, il n’y a ni électricité, ni eau. Le personnel s’éclaire à la lampe frontale. Pas de doute, la guerre est toujours bien visible dans le Donbass.

Les infrastructures électriques de plus en plus visées

Les Russes font en sorte que l’hiver devienne en fait une arme contre les Ukrainiens. Cela se constate en banlieue de Kiev, à Butcha, véritable théâtre des bombardements au tout début de la guerre, ville éventrée aujourd’hui. Les gens ont tout perdu, la détresse se lit sur les visages, et surtout l’incertitude des mois à venir au moment où sous la neige, les températures sont déjà négatives.

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Certains ont la « chance » de pouvoir vivre dans un coin de leur salon, à se chauffer tant bien que mal avec un poêle ; mais pour d’autres, c’est une vie en communauté, dans des préfabriqués où les coupures d’électricité et d’eau interviennent souvent. Des conditions impossibles à vivre.

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Les gens envisagent de quitter temporairement le pays, à la fois pour faire des économies d’énergie pour ceux qui sont obligés de rester ici, mais également pour ne pas faire face à des journées entières plongées dans le noir et le froid, pour une durée indéterminée.

Les attaques systématiques et répétées de la Russie contre les infrastructures énergétiques et de chauffage entraînent des coupures de courant régulières dans certaines des plus grandes villes du pays depuis plusieurs semaines. Pour les Ukrainiens, la Russie essaie de compenser ses pertes sur le champ de bataille.

Ils disent ici que Moscou cherche à « désertifier » l’Ukraine, mais ça ne marchera pas affirment-ils, ils ne quitteront pas leur pays.

Moscou d’accroche à ses positions

Sur le terrain militaire, depuis des semaines, il semblerait que la stratégie russe n'est plus de gagner davantage de territoire mais simplement s'accrocher à ce qu’elle a. Elle a du mal à réaliser de nouvelles avancées territoriales. Les troupes russes se sont retirées de zones clés à l'Est et au Sud, et plus récemment de la ville de Kherson. Une ville libérée, mais pas encore tout à fait à l’abri.

Les appels à quitter Kherson, par exemple, ce n’est pas seulement parce que l’hiver est là, mais aussi parce que les Ukrainiens rendent leurs feux aux Russes depuis les abords de la ville.

Des vidéos circulent montrant les médecins essayant de venir en aide aux habitants de Kherson, apeurés, sous les bombes. C’est aujourd’hui devenu un véritable champ de bataille, une nouvelle ligne de front ; ce que les habitants de Kherson n’avaient jamais vécu auparavant.

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Reportage : Pourquoi et comment les habitants de Kherson sont-ils partis juste avant la libération de la ville ?

Les autorités ukrainiennes ont dénoncé des « déportations ». Selon les témoignages, il ne s’agit pas de déportations au sens strict. Selon les habitants, ceux qui sont partis n’ont pas été directement forcés de monter dans des bus en direction de la Russie. Mais un travail de sape – la propagande russe – les a convaincus qu’il fallait fuir côté Russie. Reportage de notre correspondante en Ukraine, Maurine Mercier.

On a lavé le cerveau des gens au point qu’ils intègrent l’idée que les « nazis ukrainiens » allaient venir tuer tout le monde...

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Reportage: pourquoi et comment les habitants de Kherson sont-ils partis juste avant la libération de la ville?

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