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Crise à l'hôpital: 29% des infirmiers "envisagent de quitter le métier" dans les 12 prochains mois

Une infirmière dans le couloir d'une maternité parisienne

Une infirmière dans le couloir d'une maternité parisienne - Martin BUREAU © 2019 AFP

Ces résultats proviennent d'un sondage interne de l'Ordre national des infirmiers, qui alerte également sur l'inquiétude des patients quant à la diminution de l'offre de soins.

"Des résultats qui confirment l’urgence à agir." L'Ordre national des infirmiers (ONI) dévoile ce mercredi un sondage qui met en lumière les difficultés dans lesquelles se trouvent aujourd'hui les professionnels et pointe le grand risque de démissions dans les mois à venir.

L'Ordre a interrogé ses membres sur différents points, et d'après ses résultats, 29% des répondants "envisagent de quitter le métier dans les 12 mois à venir". D'autre part, "seulement 27% conseilleraient le métier à leurs proches ou à leurs enfants". Des données qui pourraient poser problème à long comme à court terme, souligne l'ONI.

La dégradation des conditions de travail

Parmi les problèmes évoqués par les infirmiers interrogés, 94% d'entre eux "jugent que leurs compétences ne sont pas assez reconnues dans la société" et "83% trouvent que leurs conditions de travail se sont dégradées ces derniers mois".

"C'est un métier que j'ai adoré, mais je ne vois pas pourquoi je continuerais à accepter de me laisser maltraiter", explique par exemple Manon Lefort, une infirmière qui a raccroché la blouse en juillet. "C'est malheureux, parce qu'à la base je faisais vraiment ce métier avec passion".

À cela s'ajoutent les niveaux de rémunération, jugés trop faibles au sein de la profession. "J'ai décidé de poser ma démission car je suis à bout", déclarait une infirmière de Nice sur RMC en juin. "La rémunération, c’est un problème mais pas que. Tout a augmenté. Je suis payée 1900 euros, un salaire correct, mais je suis à découvert tous les mois."

L'inquiétude "que l’offre de soins se dégrade à l’avenir"

En parallèle de cette consultation interne, l'ONI a commandé à l'institut OpinionWay un sondage auprès des Français. Et les personnes interrogées disent également regretter "à 89% que les compétences des infirmiers ne soient pas assez reconnues par la société et à 91% que les conditions de travail des infirmiers soient de plus en plus difficiles".

89% des infirmiers interrogés (contre 77% en mai 2022) soulignent aussi dans l'étude interne "que leurs patients sont préoccupés par la difficulté d’accès aux établissements de soins et aux professionnels de santé".

Le sondage OpinionWay reflète également cette inquiétude. 89% des personnes interrogées se disent ainsi inquiètes "pour eux et pour leurs proches à l’idée que l’offre de soins se dégrade à l’avenir", et 87% pensent "que les difficultés d’accès aux professionnels de santé peuvent mettre en danger leur santé ou celle de leurs proches".

Pour pallier ce manque de professionnels de santé par endroits, les Français interrogés se prononcent majoritairement en faveur de l'extension des missions de cette profession: ils préconisent de laisser les infimiers prescrire des antidouleurs (84%) ou encore de renouveller des ordonnances pour des affections de longue durée (81%).

L'ONI appelle donc le gouvernement à aboutir la réforme du décret encadrant les compétences infirmières, une promesse d'Olivier Véran.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV