Syrie : des milliers de Kurdes manifestent contre les frappes turques

Manifestation de Kurdes à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, dimanche 27 novembre 2022
Manifestation de Kurdes à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, dimanche 27 novembre 2022 Tous droits réservés DELIL SOULEIMAN/AFP or licensors
Par Stephane HamalianAFP
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"Erdogan est un terroriste", ont scandé ce dimanche les Kurdes qui manifestaient à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie.

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Des milliers de Kurdes syriens ont manifesté dimanche à Qamichli, dans le nord-est de la Syrie, pour protester contre les récentes frappes aériennes turques visant cette région contrôlée par l'administration semi-autonome kurde, a rapporté un photographe de l'AFP.

Ankara mène depuis une semaine une opération aérienne baptisée "Griffe-Epée" contre les forces kurdes en Syrie et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak, accusés par les autorités turques d'avoir perpétré l'attentat du 13 novembre à Istanbul, qui avait fait six morts. Les forces kurdes ont nié toute implication.

"Ils disent que nous sommes des terroristes. où est le terrorisme ? C'est nous les terroristes ou c'est Erdogan qui nous combat d'al-Malkiya à Alep et qui occupe nos terres ?" a dénoncé Salah Hamo, manifestant kurde à Qamichli.

À Kobané, l'inquiétude est de rigueur

Depuis le 20 novembre, environ 65 personnes ont été tuées dans les frappes turques qui se sont principalement concentrées dans le nord-est de la Syrie : 35 combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées les Kurdes) et leurs alliés, 28 membres des forces du régime syrien, ainsi qu'un journaliste travaillant pour une agence de presse kurde, selon l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'homme). La plupart d'entre eux sont tombés le premier jour des raids.

Kobané, ville symbole où les Kurdes ont vaincu l'Etat islamique en 2015, a également été ciblée par ces frappes.

"Que veut la Turquie ? Elle veut nos propriétés et nos terres ? Nous vivons dans la pauvreté. Nous n'avons aucun pouvoir, rien" s'est indigné Amina Youssef, habitante de Kobané interrogée par l'AFP.

"Les gens économisent de l'argent en achetant au jour le jour", a indiqué pour sa part Darwish Mohammed, épicier à Kobané. "Ils se préparent tous à partir à cause d'une attaque prochaine du président turc".

À une centaine de kilomètres plus à l'ouest, les forces kurdes positionnés à Tal Rifaat font face à des groupes armés soutenus par Ankara. Ce dimanche, cinq soldats syriens ont été tués par une frappe de drone turque dans un village près de cette localité, située au nord d'Alep, selon l'OSDH qui a fait état d'un échange de tirs d'artillerie entre les forces kurdes d'une part, et les forces turques et les factions syriennes qui leur sont fidèles dans la région.

Ces groupes armés se disent opposés au Kurdes, et au régime de Bachar el-Assad.

Erdogan n'exclut pas une rencontre avec Assad, à l'avenir

"Nous exigeons la libération de tous les territoires saisis par les groupes terroristes qui ont versé du sang sur cette terre consacrée" a lancé vendredi Mustafa al-Yousef lors d'une manifestation à Bab al-Salama, à la frontière turco-syrienne, pour exiger l'intervention d'Ankara.

Ce déplacé syrien estime que "le régime est également terroriste".

"Il ne suffit pas de libérer les zones sous le contrôle des Forces Démocratiques Syrienne et du PKK. Les territoires sous le contrôle du régime doivent également être libérés. Nous disons au peuple turc : pas de réconciliation avec les organisations terroristes, et avec ce régime syrien terroriste."

Ce mercredi, le président turc a toutefois laissé entendre qu'une rencontre avec Bachar el-Assad n'était pas impossible à l'avenir, une fois les conditions "réunies" a-t-il précisé. S'il est opposé au régime syrien depuis le début du conflit en 2011, le qualifiant encore de "meurtrier" en mai dernier, le président Erdogan a toutefois infléchi ces derniers mois sa position à l'égard de Damas.

Ankara se donne pour objectif principal de créer une "zone de sécurité" de 30 kilomètres de large le long de sa frontière sud, correspondant à ce que les Kurdes appellent le Rojava, ou Kurdistan occidental.

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