L'invasion de l'Ukraine par la Russie a accru la menace d'utilisation d'armes de destruction massive, y compris les munitions chimiques, a déclaré lundi le chef de l'organisme mondial de surveillance des armes toxiques.
L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) continue de suivre de près la situation en Ukraine, a déclaré son chef Fernando Arias lors de la réunion annuelle du régulateur.
"La situation en Ukraine a de nouveau accru la menace réelle posée par les armes de destruction massive, y compris les armes chimiques", a déclaré M. Arias lors de la réunion au siège de l'organisation à La Haye, aux Pays-Bas.
"Cela a exacerbé les tensions existantes à un point où l'unité de la communauté internationale sur les défis mondiaux communs liés à la sécurité et à la paix internationales ne peut être présumée", a-t-il ajouté.
Les organismes internationaux de désarmement comme l'OIAC, prix Nobel de la paix en 2013, "sont désormais devenus des lieux de confrontation et de désaccord", a déploré M. Arias.
Des engagements pris
Des menaces et des allégations concernant l'utilisation possible d'armes nucléaires, chimiques et biologiques ont été échangées depuis le début de la guerre en Ukraine en février, mais sans aucune preuve qu'elles aient été déployées.
M. Arias a rappelé à la Russie et à l'Ukraine qu'elles faisaient partie des 193 pays qui se sont "solennellement et volontairement engagés à ne jamais, en aucune circonstance, développer, produire, acquérir, stocker, transférer ou utiliser des armes chimiques".
Il a déclaré que l'OIAC "continue de suivre de près cette situation grave et reste en contact avec les représentations permanentes de la Fédération de Russie et de l'Ukraine".
L'OIAC a fourni à l'Ukraine, à sa demande, une formation pour les premiers intervenants pour les attaques chimiques et pour la détection des fuites chimiques, a déclaré M. Arias.
Syrie et Russie critiquées
De son côté, le régime de Damas, allié de la Russie, fait preuve de "graves manquements à se conformer" aux demandes de l'OIAC, a souligné M. Arias.
La Syrie a refusé d'accorder un visa à un inspecteur de l'OIAC et n'a pas pris les mesures demandées par l'organisme de contrôle des armes chimiques.
La Syrie dément avoir utilisé des armes chimiques et affirme avoir remis ses stocks conformément à un accord de 2013, conclu après une attaque présumée au gaz sarin qui a tué 1.400 personnes à Ghouta, dans la banlieue de Damas.
Elle a été privée de ses droits de vote à l'OIAC en 2021 après qu'une enquête lui eut attribué la responsabilité d'autres attaques aux gaz toxiques.