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Chantiers de la Coupe du monde de football 2022 : le Qatar reconnaît la mort de 414 travailleurs
Des ouvriers sur le chantier d'un stade près de Doha, le 20 décembre 2019;
GIUSEPPE CACACE / AFP

Chantiers de la Coupe du monde de football 2022 : le Qatar reconnaît la mort de 414 travailleurs

Drame humain

Par , avec AFP

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Les organisateurs du Mondial 2022 ont indiqué ce mercredi 30 novembre que 414 personnes avaient perdu la vie sur les chantiers de la Coupe du monde entre 2014 et 2020. Un bilan bien loin de celui avancé par le quotidien britannique « Guardian » en 2021, qui établissait à près de 6 500 le nombre de décès parmi les ouvriers, un chiffre lui aussi sujet à caution.

Bataille de chiffres au sommet du plus gros scandale de cette Coupe du monde 2022 made in Qatar : les très nombreux décès de travailleurs sur les chantiers de la compétition. Selon les organisateurs du Mondial, 414 personnes ont trouvé la mort dans des « accidents liés au travail au Qatar, tous secteurs et nationalités confondus », précisant des propos du secrétaire général du comité d'organisation qatari.

Interrogé dans une émission de télévision britannique sur le nombre de morts parmi les travailleurs migrants travaillant « pour le Mondial », Hassan al-Thawadi avait évoqué mardi 29 novembre une estimation allant de « 400 à 500 » personnes, ajoutant qu'« un décès est déjà trop ». Ces chiffres « font référence aux statistiques nationales couvrant la période 2014-2020 pour tous les décès liés au travail (414) à l'échelle nationale au Qatar, tous secteurs et nationalités confondus », a précisé le comité d'organisation dans un communiqué.

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Pour sa défense, le Qatar fait également valoir les réformes mises en œuvre ces dernières années, notamment le démantèlement de la « kafala », un système de parrainage qui faisait des salariés des quasi-propriétés de leurs employeurs. L'émirat a également instauré un salaire mensuel minimum de 1 000 riyals (environ 270 euros) et limité les heures de travail pendant les périodes les plus chaudes de l'année.

Bilan difficile à estimer

Doha a toujours réfuté la mort de milliers d'ouvriers immigrés employés sur les chantiers liés à la Coupe du monde, pourtant relayés par plusieurs médias occidentaux et ONG. Le 23 février 2021, le quotidien britannique The Guardian avançait que 6 751 travailleurs venus d’Asie du Sud avaient perdu la vie au Qatar, « depuis que le pays s’était vu attribuer l’organisation de la Coupe du monde, en 2010 ». Un chiffre rapidement interprété comme le total vertigineux de travailleurs morts sur les chantiers des stades alors qu’il correspond à l’ensemble des morts recensés dans la population venue d'Asie du Sud entre 2010 et 2020, toutes causes confondues.

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Mais alors quel est le vrai bilan humain de cet événement qui se tient dans ce petit émirat depuis le 20 novembre ? Difficile de le savoir précisément à en croire l’organisation internationale du travail (OIT). Dans son rapport publié en novembre 2021, elle affirme qu'il n'est « toujours pas possible de présenter un chiffre catégorique sur le nombre d'accidents du travail mortels dans le pays ». Même son de cloche du côté d’Amnesty International. Si dans un rapport publié en août 2022, l'ONG affirmait « que plus de 15 021 personnes non qataries – de tous âges et de toutes professions – sont mortes entre 2010 et 2019 » dans le pays, elle concède que « sans enquête, les données sur les causes des décès ne sont pas fiables ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne