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Sur TikTok, des vidéos de propagande pour le groupe paramilitaire Wagner

Un rapport publié jeudi pointe la présence sur le réseau social chinois de nombreuses publications glorifiant l’action des mercenaires russes et de leurs méthodes brutales.

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Publié le 01 décembre 2022 à 06h00, modifié le 01 décembre 2022 à 06h01

Temps de Lecture 2 min.

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Des paroles menaçantes en langue russe et l’image d’une grosse masse métallique tenue par un bourreau : sur TikTok, des dizaines de vidéos haineuses de ce type circulent largement, faisant l’apologie du Groupe Wagner, une milice russe présente sur le front ukrainien et contrôlée par Evgueni Prigojine, un proche de Vladimir Poutine. Ces contenus ont été détectés par NewsGuard, une entreprise américaine surveillant la propagation de la désinformation sur Internet, qui raconte comment elle a procédé dans un rapport publié jeudi 1er décembre.

Parmi les séquences mises à jour par la société, plusieurs vidéos recyclent les images de deux exécutions sommaires attribuées aux miliciens russes, probablement perpétrées en Ukraine et en Syrie. Ces séquences, extrêmement violentes, sont visibles en intégralité sur le réseau social Telegram, dont la modération des contenus haineux est très défaillante, et sur VKontakte, le « Facebook russe ». Si, sur TikTok, circulent uniquement des extraits de ces scènes, expurgés des moments choquants, les vidéos restent suffisamment explicites. Les images sont souvent précédées d’un commentaire tel que « Mes amis me demandent ce que je ferais si l’armée ukrainienne avance d’un mètre en Russie ».

Mèmes macabres

Selon Newsguard, on trouve également sur TikTok des centaines de vidéos faisant écho à des éléments-clés des deux exécutions, parmi lesquels la masse métallique. Cette arme a servi depuis 2017 à différents assassinats perpétrés par les mercenaires et est devenue un mème revenant fréquemment dans les productions des sympathisants du Groupe Wagner. Au total, les vidéos reprenant la symbolique ou les mots-clés de la milice russe totalisent plus d’un milliard de vues, selon le rapport, et plusieurs dizaines de nouveaux contenus de ce type sont publiés chaque jour. Certains renvoient vers des pages de recrutement pour le groupe paramilitaire.

Au Monde, TikTok a assuré retirer tous « les contenus qui enfreignent [s]es règles communautaires », lesquelles proscrivent la publication de scènes de violence physique ainsi que leur éloge. NewsGuard a bien constaté qu’une majorité des vidéos avaient disparu pendant la durée de son étude, mais une minorité de ces séquences circulait encore – et pas les moins haineuses ni les moins violentes.

Comment expliquer que ces contenus soient passés entre les mailles du filet ? « Impossible de répondre à cette question », répondent au Monde les deux autrices du rapport de NewsGuard, l’ex-journaliste Madeline Roache et l’ex-analyste en risque numérique Eva Maitland, qui n’ont pas eu l’occasion d’étudier la modération liée à d’autres groupes haineux sur TikTok pour établir une comparaison. En revanche, elles précisent que, sur Facebook, les contenus les plus explicitement haineux du groupe paramilitaire sont « beaucoup plus difficiles à trouver ».

Sous surveillance

Ce n’est pas la première fois que la politique de modération de TikTok est décriée. En mars, un premier rapport de NewsGuard soulignait la très large circulation sur le réseau social chinois de fausses informations sur la guerre en Ukraine. En novembre, c’était l’incapacité du réseau social à détecter les vidéos mensongères durant la campagne électorale américaine des midterms qui était dénoncée par l’ONG Global Witness.

En France, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) déplorait, dans le cadre de son troisième bilan de l’application par les réseaux sociaux de la loi sur la manipulation de l’information, publié à la fin du mois de novembre, le manque de transparence de TikTok concernant les problématiques de modération. L’organisation critiquait le réseau social, plus que ses concurrents, pour ses réponses à son questionnaire, jugées « particulièrement imprécises » et « en décalage avec la place très importante prise par la plate-forme, notamment chez les jeunes ».

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