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Espagne : à l’Université de Barcelone, un cours obligatoire sur la crise climatique

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Par Henry de Laguérie

C’est une première dans le monde qui fera sans doute boule de neige : à l’Université de Barcelone, étudier la crise climatique et ses conséquences seront désormais un passage obligé pour obtenir son diplôme.

Dès la rentrée 2024, les 15.000 étudiants de la meilleure université d’Espagne, selon le classement de Shanghai, devront suivre 25 heures de cours dans l’année sur la "crise éco sociale", une matière qui vaudra 5 crédits. Un module de formation sur le même thème sera réservé aux 6000 chercheurs enseignants. "C’est assez révolutionnaire d’imposer un cours obligatoire pour tous les niveaux et les masters surtout quand on sait qu’il n’existe aucune matière commune et obligatoire à tous les élèves" se félicite Federico Demaria, professeur d’économie à la UB (Universitat de Barcelona).

Les temps changent

La décision a été prise par la direction de la UB après une mobilisation du collectif écologiste "End Fossil" qui a occupé pendant une semaine un bâtiment de la faculté le mois dernier. Ce cours faisait partie des revendications des étudiants et des militants. "Le mérite revient aux étudiants qui se sont mobilisés : ils sont préoccupés par cette crise qu’ils appellent crise éco sociale et aujourd’hui, l’équipe de direction sait qu’ils ont raison car il y a un consensus scientifique sur cette question." Pour ce professeur, qui réclamait la mise en place de ce cours, c’est le signe que les temps changent. "En 2009 quand j’étais étudiant, j’ai manifesté ici contre la crise climatique et sociale. A l’époque, la direction nous avait envoyé la police, là ils donnent raison aux étudiants : c’est une très bonne nouvelle et un changement d’époque !"

C’est une très bonne nouvelle

Dans le cloître de l’Université, en plein centre de Barcelone, la mise en place de ces cours fait l’unanimité. "C’est une très bonne nouvelle" réagit Lucas, 19 ans, en faculté de mathématiques " Les jeunes doivent en savoir beaucoup plus sur le sujet ". "C’est très positif : on est sensible à ces questions-là. J’espère que les cours seront à la hauteur de nos attentes car aujourd’hui on sait tous qu’on court à la catastrophe" explique Josep, étudiant en physique chimie. Dubitatif au départ, Joan 18 ans admet qu’il n’est pas très au fait de ces questions-là. "C’est un peu bizarre de parler d’environnement dans un cours de maths, mais pourquoi pas ? C’est peut-être pas si mal pour des gens comme moi qui n’y connaissent pas grand-chose."

Mais cette annonce représente un immense défi pour l’Université. "Ce n’est pas une mince affaire : il faudra recruter une cinquantaine de professeurs. Et puis former 6000 enseignants ça va aussi prendre du temps" explique Federico Demaria.

D’autres universités pourraient suivre

Si l’Université de Barcelone est pionnière, elle sera peut-être bientôt rejointe par d’autres. A Paris, Sciences Po envisage également d’instaurer des cours sur l’urgence climatique. "C’est une grande victoire" conclut Federico "Mais c’est un tout petit pas par rapport à ce qu’il reste à faire".

A Barcelone, les étudiants n’ont cependant obtenu qu’en partie gain de cause : l’Université a refusé de rompre, comme lui demandait les écologistes, ses partenariats avec des entreprises polluantes, comme le groupe pétrolier Repsol.

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JT du 18/11/2022

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