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Esclavage moderne : ces pays qui pratiquent toujours l’esclavage

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La fondation Walk Free estime à 45 millions le nombre de victimes d'esclavage dans le monde © Pritam Mitra

Crime contre l’humanité, devoir de mémoire, l’esclavage rappelle une triste réalité de l’Histoire… mais une réalité qui perdure ! La pratique n’a pas complètement disparue de la surface du globe et, dans beaucoup de pays, hommes, femmes et enfants sont exploités sous les différentes formes que peut prendre « l’esclavage moderne ».

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Les moyens de pression pour exploiter les plus vulnérables

L'esclavage, pratiqué depuis les temps les plus reculés et dans toutes les régions du monde, semble aboli à la fin du XIXème siècle. En 1948, il est proscrit à l’échelle internationale avec l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Son article 4 stipule que : « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. » Derrière les apparences se cachent une réalité qui perdure, de manière insidieuse, ou non. C’est l’ « esclavage moderne ».

Selon une enquête menée par la Fondation australienne Walk Free en 2016, « l'esclavage moderne est présent dans l'ensemble des 167 pays ». Il peut s'agir de traite d'êtres humains, d'exploitation sexuelle, de travail forcé, de servitude pour dette ou de mariage forcé ou arrangé.

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Pour l’ONU, la traite des êtres humains désigne l’action de recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir une personne en ayant recours à la force, à la contrainte, à la tromperie, ou à d’autres moyens, en vue de l’exploiter. Les moyens de pression sont variés : intimidation, violence, menaces sur les proches, dette, rétention de papiers d’identités. L’esclavage touche les personnes les plus vulnérables : femmes, enfants, migrants.

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45 millions d’esclaves dans le monde

La fondation Walk Free estime à 45 millions le nombre de victimes d'esclavage dans le monde. Elle précise qu’environ 60 % des victimes d’esclavage moderne du monde sont en Asie : plus de 18 millions se trouvent en Inde, pays le plus touché devant la Chine (3,39 millions), le Pakistan (2,13 millions), le Bangladesh (1,53 million), l’Ouzbékistan (1,23 millions). Viennent ensuite la Corée du Nord et la Russie.

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En tête du classement, l’Inde, où existent toutes les formes d’esclavage moderne, du travail des enfants au commerce du sexe en passant par le mariage forcé. Plus de la moitié des Indiennes se marie avant d’atteindre la majorité. Toutes les 8 minutes en moyenne, un enfant disparaît dans le pays, généralement kidnappé pour être réduit en esclavage.

Une pratique tenace en Mauritanie

En Mauritanie, l’esclavage est aboli depuis 1981, et criminalisé depuis 2007. Pourtant ce pays concentre la plus forte proportion de victimes d’esclavage moderne. Walk Free estime à 4% le nombre de ses habitants réduits en esclavage et décrit une pratique « héréditaire », « enraciné dans la société mauritanienne ».

Les défenseurs des droits humains luttent avec acharnement contre cette injustice, mais ils sont sévèrement réprimés par le gouvernement. Depuis 2014, 168 d’entre eux ont été arrêtés, selon Amnesty International, et 17 d’entre eux ont été torturés.

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Amadou Tijane Diop, militant antiesclavagiste arrêté en 2016, a raconté à l’ONG : « Ils m’ont attaché les mains et bandé les yeux. Je ne voyais pas où ils m’emmenaient. Quand nous sommes arrivés, un officier a dit : “Bienvenue à Guantánamo.’’ Avant l’interrogatoire, un garde m’a dit : “Dis-leur ce qu’ils veulent entendre. Tu sais que nous avons les moyens de te faire parler.’’ »

Pourquoi Napoléon a-t-il rétabli l’esclavage en 1802 ?

Travail des enfants et réseaux de prostitution

Selon le Bureau international du travail (BIT), 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans travaillent dans le monde au début du XXIème siècle, dont 50 à 60 millions dans des conditions dangereuses. Concernés par le travail forcé, les mineurs le sont aussi par les réseaux de prostitution. Le BIT distingue cinq grands courants internationaux d'enfants destinés à la prostitution : de l'Amérique Latine vers l'Europe et le Moyen-Orient ; d'Asie du Sud et du Sud-Est vers l'Europe du Nord et le Moyen-Orient ; de l'Europe vers le monde arabe ; d'Afrique noire vers l'Europe, le Canada et le Moyen-Orient ; et enfin le trafic transfrontalier à l'intérieur de l’Europe.

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La traite d’êtres humains permet d’alimenter les réseaux de prostitution. Beaucoup de personnes réduites en esclavage sont victimes d’exploitation sexuelle. En Thaïlande, environ 2 millions d’esclaves prostitués répondraient au besoin du tourisme sexuel.

Le retour des marchés d’esclaves ?

Des marchés aux esclaves organisés dans des parkings. Ce sont les scènes choquantes que l’on peut voir sur une vidéo, filmée par CNN en 2017, et qui a fait le tour du monde. Chaque jour, le long des routes migratoires menant à la Libye, femmes, hommes et enfants venus de toute l’Afrique sont vendus comme des marchandises pour quelques centaines de dollars. La plupart sont des migrants sénégalais et ghanéens, capturés pendant leur périple pour être revendus.

À Paris, une visite-guidée inédite sur les traces de l'esclavage

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L’esclavage en France

S’ils sont les plus touchés par le retour de l’esclavage (qui n’a, en fait, jamais vraiment disparu), les pays émergents ne sont pas les seuls. En France, après la Révolution, la pratique est interdite le 4 février 1794. Napoléon la rétablit en 1802, puis, en 1848, Victor Schoelcher signe le décret abolissant l’esclavage en France. Pourtant, plus d’un siècle et demi après, l’esclavage perdure sous des formes plus discrètes : travail domestique ou industriel forcé, délinquance forcée, exploitation sexuelle.

En 1994, pour lutter contre ce phénomène, la France met en place un Comité Contre l’Esclavage Moderne (CCEM). Cette même année, un couple de Parisiens aisés prend à son service Siwa-Akofa Siliadin. Surnommée « Henriette », cette jeune togolaise de quinze ans va passer quatre années à s’occuper des quatre enfants de la famille ainsi que de toutes les tâches ménagères. De 7h30 à 22h30, elle cravache sans relâche… et sans aucune rémunération !

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Une amie à qui elle se confie saisie le CCEM qui entame un procès. Au bout du compte, les « employeurs » de la jeune femme sont relaxés, condamnés seulement au civil à verser 15.245 euros de dommages et intérêts à leur ancienne employée. Une sanction jugée insuffisante. Pour ne pas avoir justement réprimé ce cas d’esclavage domestique, la France est condamnée en 2005 par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

Le combat n’est pas terminé

Depuis, les lois françaises évoluent doucement. En 2013, le travail forcé, la réduction en servitude et la réduction en esclavage sont introduits dans le Code pénal. En mars 2016, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) estime néanmoins que la France ne consacre pas assez de moyens à la lutte contre l’esclavage moderne. «  Dans notre pays, des mineurs, des femmes et des hommes sont contraints de se prostituer, des jeunes filles sont réduites en esclavage domestique, des personnes vulnérables souvent en raison d’un handicap se trouvent en situation de travail forcé, des enfants sont contraints à la mendicité et à la délinquance  », indique le rapport.

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Finalement, l’esclavage moderne, sous toutes ses formes, concerne tous les pays du globe. En bas du classement de la fondation Walk Free, l'Islande et le Luxembourg sont les deux pays les moins touchés, avec « seulement » 100 victimes chacun.

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