Les mêmes critères d’admissibilité sont dorénavant appliqués à tous les donneurs de sang chez Héma-Québec. Un homme homosexuel ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme n’aura donc plus à s’abstenir durant trois mois pour le faire. La nouvelle est saluée par le Conseil québécois LGBT.

Un questionnaire « non genré » sera soumis à tous les candidats.

« On va évaluer le risque sur le plan sexuel, sur le plan des comportements individuels plutôt qu’à partir de l’appartenance à un groupe », a indiqué dimanche un porte-parole d’Héma-Québec, Laurent Paul Ménard, qualifiant cette avancée de « majeure ».

Toute personne ayant eu un seul partenaire sexuel durant les trois derniers mois pourra ainsi se qualifier, a priori, pour un don de sang, peu importe son orientation sexuelle.

Ceux ayant eu deux partenaires ou plus pourront aussi se qualifier, à moins qu’ils aient eu des relations sexuelles anales avec l’une de ces personnes, peu importe leur orientation sexuelle. « Là, c’est un facteur d’exclusion pour une période de trois mois, à partir de la date de la dernière relation sexuelle anale », indique Laurent Paul Ménard.

Une façon de faire décriée

Auparavant, les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes étaient automatiquement disqualifiés, à moins d’attendre trois mois avant de donner du sang, une façon de faire longtemps décriée.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Maintenant, on va évaluer le risque sur une base individuelle. Donc, c’est les comportements d’une personne si elle peut se qualifier ou pas, peu importe qu’elle soit hétérosexuelle, homosexuelle ou pansexuelle.

Laurent Paul Ménard, porte-parole d’Héma-Québec

Cette mesure avait déjà été implantée au Québec le 6 octobre dernier pour les dons de plasma. Héma-Québec l’élargit donc à compter de dimanche pour les dons de sang.

Combien de personnes pourront dorénavant donner du sang grâce à ce changement ? « Peu importe ce qu’il en sera, qu’il y ait cette avancée-là, ne serait-ce que sur le plan sociétal […], c’est une nouvelle qui est importante », explique Laurent Paul Ménard.

Une abstinence de plus en plus courte

Avant 2013, il était tout simplement interdit pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes de donner du sang chez Héma-Québec. D’autres assouplissements ont ensuite été apportés, dont la possibilité pour ceux ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme d’attendre cinq ans pour pouvoir donner du sang.

La durée de cette abstinence était ensuite passée à 12 mois en 2016, puis à 3 mois d’abstinence en 2019.

Afin d’éliminer tout critère aux dons de sang, Laurent Paul Ménard explique qu’il devra y avoir des avancées technologiques dans « l’inactivation des pathogènes », méthode utilisée pour éliminer tout virus ou maladie des échantillons collectés.

Le prochain assouplissement qui pourrait être effectué dans les critères d’Héma-Québec concerne l’interdiction à vie de donner du sang pour les personnes ayant séjourné pendant plus de trois mois en Angleterre ou six mois en France entre les années 1980 et 1996, en raison de la prédominance de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, indique Laurent Paul Ménard.

« Pour ce qui est des risques sexuels, on est pas mal à l’avant-scène du Québec, du Canada et du Royaume-Uni », ajoute-t-il.

Plus « juste »

L’annonce de l’entrée en vigueur de cette nouvelle directive a été soulignée dimanche par le Conseil québécois LGBT.

« Ça fait depuis plusieurs années qu’on en parle. Les représentations ont été faites à plusieurs reprises, et ça n’avait pas vraiment bougé jusqu’à l’entrée en place du nouveau gouvernement fédéral », indique le directeur général d’Interligne et coprésident du conseil d’administration du Conseil québécois LGBT, Pascal Vaillancourt.

« C’est important d’encadrer les gens selon les pratiques sexuelles à risque plutôt qu’en fonction de leur orientation sexuelle. Il y a des personnes gaies qui ont des relations stables depuis 10 ans. Est-ce que c’était juste qu’elles ne puissent pas donner de sang ? », conclut-il.