Le 26 septembre, le site 24.hu révélait que le mouvement MMM (Mindenki Magyarorszaga Mozgalom) de Peter Marki-Zay, candidat de l’opposition unie lors des législatives du 3 avril en Hongrie, avait perçu 1,86 milliard de forints (4,4 millions d’euros) de dons réunis par l’ONG américaine Action for Democracy. Fondée en février, cette organisation établie à Chicago est dirigée par David Koranyi, conseiller diplomatique du maire de Budapest, Gergely Karacsony.

Sur son site Internet, Action for Democracy déclare “encourager ceux qui se battent pour la liberté et la démocratie” afin de “repousser la menace montante de l’autocratie à l’échelle mondiale”. Critique de la “rhétorique nazie” du leader magyar, Viktor Orban, l’ONG s’est impliquée dans le soutien d’associations en marge des récentes élections en Italie et au Brésil, et s’engagera bientôt en Pologne et en Turquie, où des scrutins auront lieu l’an prochain.

Le mercredi 23 novembre, un rapport des services secrets repris par Index remettait le dossier Marki-Zay sur la table. Selon le document, l’ONG Action for Democracy aurait transmis non seulement 1,86 milliard de forints au mouvement de Peter Marki-Zay, mais aussi 1 milliard de forints (2,4 millions d’euros) à l’entreprise Oraculum 2020 gérant le site militant de gauche Ezalenyeg.hu, 148 millions de forints (360 000 euros) à la société DatAdat chargée d’établir des bases de données pour aider la campagne de l’opposition, ainsi que 3,5 millions de forints (8 516 euros) à une entreprise de conseil et de marketing publicitaire nommée Gemius.

La veille, lors d’une conférence de presse, Peter Marki-Zay assurait que l’argent d’Action for Democracy était arrivé “en toute légalité” puisque celui-ci “alimentait son mouvement civique” et non “les cinq partis qui le soutenaient”, en accord avec la loi hongroise “qui interdit le financement étranger des partis”, rapporte le magazine Magyar Hang.

“Gauche dollar”

Les médias proches du gouvernement de Viktor Orban, largement réélu en avril contre Peter Marki-Zay, étrillent la “gauche dollar”. Le 16 novembre, le chef du cabinet du Premier ministre dénonçait le “plus grave scandale de financement politique depuis la transition démocratique” et une “brutale volonté d’ingérence étrangère”, relate le site Promenad24.

Le site Origo accuse Marki-Zay d’avoir “menti tous azimuts sur les dollars venus des États-Unis”, car le candidat de centre droit “assurait précédemment que cet argent ne recouvrait aucune contrepartie”, alors que des promesses auraient été effectuées, comme “le soutien des sanctions contre la Russie et l’achat de pétrole brut occidental” en cas de victoire.

David Koranyi clame auprès du site Telex que les fonds collectés par son ONG “n’avaient pas pour but d’influencer l’élection”, mais de financer une “campagne informative, éducative et culturelle” afin de “défendre les valeurs euro-atlantiques, l’état de droit et la démocratie”. La police hongroise a ouvert une enquête pour “blanchiment d’argent” et “soupçons de détournement de fonds”, tandis que la Cour des comptes “examine le financement américain du mouvement de Peter Marki-Zay”, indique le site de la radiotélévision publique Hirado.hu.