Un accord entre le gouvernement et les fabricants de jouets proscrit tous les messages qui peuvent induire des discriminations fondées sur le sexe.
Les filles à la dînette et les garçons à la conquête du monde, c’est fini dans la communication des marques de jouets en Espagne ! Le gouvernement et l’association des fabricants de jouets ont signé en avril 2022, avec l’agence d’auto-contrôle de la publicité, un protocole contre les stéréotypes de genre afin de renforcer l’égalité entre filles et garçons dès le plus jeune âge. Le nouveau code d’autorégulation, qui est entré en vigueur ce 1er décembre 2022, comprend un total de 64 règles éthiques.
Les fabricants de jouets « s’engagent à éviter les préjugés et les rôles sexistes ainsi que la représentation sexualisée des filles dans leur nouveau code d’autorégulation » indique le communiqué du ministère de la Consommation espagnol.
Pour le ministre de la consommation, Alberto Garzón, il s’agit de réaliser des publicités « plus égalitaires, véridiques et constructives, aspects fondamentaux pour la protection et le développement des enfants ». Il souhaite aussi que ce code d’autorégulation devienne une référence au niveau européen.
Le communiqué précise que « la caractérisation des filles avec des connotations sexuelles sera interdite. » L’accord prévoit de proscrire tout ce qui peut conduire à des discriminations professionnelles : « l’association exclusive des filles avec des jouets qui reproduisent des rôles, par exemple, de soins, de travail domestique ou de beauté » ou encore « l’association exclusive des rôles d’action, d’activité physique ou de technologie avec les garçons. »
Proscrite aussi la présentation de jouets avec une indication explicite ou implicite suggérant qu’ils sont destinés à l’un ou l’autre sexe, que ce soit avec des mots ou avec des associations de couleurs comme le rose pour les filles et le bleu pour les garçons. Les publicités tenteront également d’utiliser un langage inclusif et de présenter des modèles positifs afin d’encourager une consommation saine, responsable et durable.
Les communications commerciales devront décrire le produit d’une manière compréhensible et claire pour les mineur·e·s. Elles devront présenter également les compétences que les produits sont capables de favoriser chez les enfants et qui sont essentielles à leur croissance, telles que la créativité, le développement physique et intellectuel, la sociabilité et l’empathie.
Un contrôle de ces publicités sera effectué par un organisme indépendant d’autorégulation publicitaire (Autocontrol) qui devra appliquer le nouveau code et rendre un avis positif ou négatif quant à l’émission ou non de la publicité. Des modifications pourront être demandées afin que cette dernière respecte les règles en vigueur.
La publicité subira ensuite un deuxième contrôle. Cette fois, il sera effectué par la Commission de suivi de la publicité infantile des jouets. Maite Francés, directrice marketing de l’Association Espagnole des Fabricants de Jouets (AEFJ), explique pour El País que cette commission « pourra demander la rectification ou le retrait total a posteriori de la campagne, même en pleine période de Noël, comme cela a déjà pu se faire.»
Les particuliers qui considèreraient une publicité sexiste ont également la possibilité de solliciter l’examen ce celle-ci auprès de l’organisme Autocontrol.
En France, des chartes sont régulièrement signées par les fabricants et distributeurs de jouets mais, par définition, elles ne sont pas contraignantes.
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