100 euros. C'est le prix que va donner la SNCF à la tonne de carbone dans ses prochains appels d'offres. L'entreprise publique va demander à ses fournisseurs de lui fournir un bilan carbone et d'expliquer leur trajectoire d'amélioration de leurs émissions. Elle veut privilégier des investissements plus verts et pousser son écosystème industriel de fournisseurs à se transformer.

C’est une mesure forte. La SNCF va donner un prix au carbone dans ses prochains appels d’offres. Pour commencer, chaque tonne vaudra 100 euros, faisant baisser la note donnée aux fournisseurs les plus carbonés, et apportant un avantage compétitif à ceux qui auront un meilleur bilan carbone. Cette somme ne fera pas l’objet de transaction, mais est décisive dans la sélection des projets.
"Il faut donner une valeur aux émissions évitées", explique Mikaël Lemarchand, directeur de l’engagement social, territorial et environnemental de la SNCF. Cette initiative déjà expérimentée en interne "éclaire les décisions d’investissement" et est cohérente avec "la stratégie globale de l’entreprise", poursuit-il.

Encourager l’écosystème à se transformer


Le but est d’encourager tout l’écosystème à se transformer. Dès la rentrée 2023, le secteur des travaux, concentrant la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la SNCF, sera le premier concerné. "Nous valorisons financièrement les efforts de nos fournisseurs", affirme Mikaël Lemarchand.
La SNCF demandera systématiquement le bilan carbone global des fournisseurs et leur trajectoire de décarbonation. "Ces éléments seront pris en compte deux fois : d’abord dans la partie RSE des appels d’offres, qui compte pour au moins 20% de la note globale, et ensuite dans la note financière, celle qui compte le plus", détaille ce membre du comité exécutif qui a poussé pour la mise en place de ce système.
Mikaël Lemarchand défend une vision "exigeante et bienveillante" de la démarche, privilégiant le dialogue avec les fournisseurs et l’accompagnement aux PME, pour qui il peut être difficile de se conformer aux exigences pour devenir un fournisseur référencé.

"Le coût de l’inaction est considérable"


La valeur fixée à 100 euros correspond aux préconisations des spécialistes. "Nous nous sommes appuyés sur les travaux d’Alain Quinet, un des grands spécialistes de la valeur tutélaire du carbone", explique Mikaël Lemarchand. Ce chiffre correspond aussi aux recommandations de la commission Stiglitz-Stern, qui prévoit un prix entre 50 et 100€ pour atteindre l’objectif d’une augmentation de la température limitée à 2°C maximum. "Comme préconisé, la valeur donnée à la tonne de carbone augmentera progressivement, nous commençons ainsi par les projets les moins chers à décarboner", poursuit-il.
"C’est une approche pragmatique pour prendre des décisions en cohérence avec les enjeux climatiques", explique Mikaël Lemarchand pour qui le coût de l’inaction est considérable. "C’est un premier pas, et nous appelons toutes les entreprises à rejoindre le mouvement" conclut-il.
Fanny Breuneval

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